Chapitre 5

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« Éclaire moi ce mur, Victor.»


Victor s’exécuta et à l’aide sa lampe, il aida la professeure Lara Jones à inspecter un peu mieux le mur des ruines de Thorgard. Cela faisait maintenant quelques jours que le jeune homme travaillait pour la professeure. Depuis, il en avait fait des allers retours entre les ruines en dehors de la ville et le musée. Il avait ramené différentes reliques et participer à l’excavation de certaines pièces encore caché. Bien que le travail était éreintant, il n’en demeurait pas moins intéressant, et Victor l’accomplissait avec plaisir. Ses journées se ressemblaient. Il se levait tôt le matin, participait aux fouilles avec le professeur, ramenait ce qu’il fallait au mussée. Ensuite il allait parfois boire un verre avec ses collègues avant de rentrer à son hôtel et d’appeler Louise. Tous les soirs, il lui racontait ce qu’il avait fait, s’il s’était souvenu de quelques choses. Tous les soirs, elle lui racontait sa routine, les répétitions et les concerts. Ce rituel lui apportait un peu de stabilité et de réconfort au milieu de son amnésie.


« Victor, tu m’écoutes?»


Il sortit de ses pensées et remarqua alors le regard sévère du professeure Jones. Malgré son regard, Victor avait du mal à la prendre au sérieux. Elle n’était pas très académique dans ses méthodes. Son franc parler et son humour était à mille lieux de la personnalité du professeur Wright. A se demander comment ils pouvaient être amis. En dépit de son âge, qui était très proche de celui de James Wright, elle était pétillante et débordante d’énergie, toujours prête pour une fouille. Et surtout, toujours prête à enseigner :


« Je répète, reprit la professeure, dans quelle conditions se créer l’éther.»


Depuis quelques jours, elle prenait grand plaisir à enseigner à Victor ce qu’elle savait. Elle prenait encore plus plaisir à l’interroger pour savoir s’il avait retenu ce qu’elle disait. Mais il appréciait grandement ses enseignements, et écoutait toujours, ou du moins, il essayait.


« Hum, alors euh, balbutia le jeune homme, l’éther se forme au milieu des couches de sédiments. La pression des différents couches de roches sur les restes organiques inconnus crée ce liquide qui euh… Je ne me souviens plus du reste…

— Il lui faut aussi une certaine température, ajouta la professeure. Et qu’est ce qu’on fait si on en trouve?

— On évacue! L’éther non modifié peut être dangereux si on le touche, ou si on le respire.

— Tu vois que tu retiens, sourit la professeure. Enfin, je ne pense pas qu’on en trouvera dans ces ruines, mais sait on jamais. Tu vois ces gravures?»


Victor s’approcha pour voir les gravures sur le mur d’un peu plus près. Il parvenait à distinguer quelques silhouettes qui semblaient se prosterner devant une immense machines de rouages que Victor ne parvenait pas réellement à identifier. Elle n’était qu’un amas de pièces mécaniques sans vraiment de forme particulière. Grande, et immense mais aussi abstraite.


«Qu’est ce que c’est? demanda-t-il.

— J’aimerai bien le savoir, ce n’est pas la première fois que je le vois. On dirait une sorte de divinité.

— Ils vénéraient les machines ici?

— L’ancienne civilisation était bien plus avancée que nous. Nous avons trouvé tellement d’artefacts qui nous sont incompréhensible. Peut être qu’en effet, ils vénéraient les machines. Que pour eux, c’étaient leurs dieux. C’est sûr que c’est bien loin de nos religions à nous. Enfin surtout celle de l’Empire.»


Elle poussa un long soupire alors qu’elle reproduisait sur son carnet les gravures. Elle prenait son temps pour reproduire fidèlement ce qu’elle voyait devant elle, même avec une faible luminosité:


« Avant, ils vénéraient le progrès, et nous, nous le craignons.

— Les Cités libres me semblent pourtant bien avancé, remarqua Victor.

— Mais pour combien de temps encore? Combien de temps avant que l’Empire d’Eos ne décide à nouveau de nous attaquer pour nous imposer leur culte de la Préservation et leur foutu lumière. Ils haïssent les machines, ils pensent qu’elles nous mèneront à notre perte, comme l’Ancienne Civilisation.

— Et ils se trompent?

— Les machines ne sont pas à blâmer Victor. Les seuls responsables de la violence dans ce monde, se sont les hommes. Nous trouverons toujours une raison pour nous haïr et combattre. Avec, ou sans les machines.»


Elle rangea son carnet dans son sac en bandoulière un fois la reproduction terminée. Puis elle jeta un rapide coup de d’oeil à sa montre.


«Hum, il commence à se faire tard. Charge ce que tu peux dans ton mécha, nous rentrons.»


Victor s’exécuta et chargea ce qu’il pouvait dans l’immense plaque qu’il avait installé dans le dos de son mécha. C’était une des choses qu’il avait appris récemment. Les méchas étaient facilement modifiable, et ils pouvaient ainsi répondre à toutes les attentes des utilisateurs. On pouvait remplacer les deux jambes par des chenilles, des roues, ou encore multiplier le nombre de jambes. Remplacer un bras par une épée, attacher une plaque pour des lourdes charges, changer l’habitacle pour transporter plus de personne, transporter des blessés. C’était la raison du succès des méchanicus : la modularité qui permettait à chacun de se retrouver dans ce moyen de transport du manutentionnaire jusqu’au taxi en passant par l’ambulancier. Une fois la cargaison bien attachée, il entra avec la professeure au musée, et déchargea tout ce qu’il avait dans la réserve du musée, afin que l’équipe du professeure Jones puissent les analyser. Ce fut encore une journée bien épuisante pour lui, mais il n’était pas déçu. Une fois la dernière caisse posée, il commença à s’étirer le doucement le dos. L’inconvénient majeur de ce travail c’est qu’il était physique, même avec l’aide d’un méchanicus.


«Encore merci pour ton aide Victor.

— Je vous en prie professeure, ce n’est rien.

— Demain, nous resterons au musée à étudier les reliques. Ça te permettra de te reposer un peu.

— ça me va.»


Alors que Victor s’apprêtait à saluer la professeure, une violente explosion retentit à l’extérieure. La puissance était telle qu’elle fit trembler le musée de toute part causant la chute de quelques artefacts.


«Qu’est ce que c’était? demanda Victor un brin paniqué.

— ça vient de dehors, viens.»


Victor se précipita alors dehors avec la professeure Jones. Au loin, il s’aperçut qu’une fumée épaisse était en train de s’élever dans les cieux de Thorgard. Il n’eût même pas le temps de dire un mot, qu’une seconde explosion se produisit, plus proche d’eux. Le sol trembla sous leurs pieds, et très vite, un second panache de fumée noire s’éleva :


« Qu’est ce qu’il se passe?»


Victor avait marmonnait cette phrase alors qu’il continuait de regarder autour de lui. La panique avait pris place dans la ville. D’autres détonations moins importantes retentissaient aux quatre coins de la ville, et les cris des habitants venaient s’ajouter par dessus. C’était le chaos, et comme pour ne rien arranger, une alarme s’éleva par dessus tout ce bruit.


« On est attaqué, lâcha Jones. C’est l’alarme de la ville. Rentres chez toi, maintenant.»


La ville était attaquée, mais pour quoi? Par qui? Victor n’avait aucune information mais il voyait autour de lui les habitants de Thorgard se rendre dans des lieux sûrs. Ou moins, essayer. Il devait les imiter. Mais alors qu’il commençait à se diriger vers son méchanicus, il se rendit compte de quelque chose, il ne paniquait pas, lui. Son rythme cardiaque était encore normal et il ne ressentait pas encore le besoin de courir partout et de crier sous l’effet de sa peur. Était il à ce point déconnecté de la réalité depuis son accident? Non c’était autre chose. Il avait une curieuse impression. Une impression de déjà vu. Les cris de peur et d’effroi. Les détonations. Les panaches de fumées. L’odeur du sang et de la poudre. Il avait déjà vécu ça, et plus d’une fois. Il se revoyait avec l’uniforme de l’Empire d’Eos sur son dos, avec le blason de la famille impériale. Il se voyait tenir un fusil et tirait, ôtant ainsi la vie à des opposants de l’Empire. Il avait participé aux exactions de l’Empire avant de partir. De déserter. Il ne souvenait plus exactement pourquoi,mais il l’avait fait.

Le redoublement des cris l’avaient tiré de ses anciens souvenirs.


Plus tard les états d’âme, Victor. Il faut agir. Toi, tu sais te battre.


Il grimpa dans son méchanicus et le mit en marche. Il agrippa fermement les commandes et les serra. Son regard avait changé. Pour la première fois depuis son amnésie, il savait ce qu’il devait faire. Il savait de quoi il était capable.


Allez mon beau, montre moi ce que tu as dans le ventre.


Les lourdes jambes du méchanicus se mirent en route, et Victor dirigea sa machine vers le panache de fumée le plus proche situé à quelques pâtés de maisons de sa position. En arrivant, il fut surpris, quoi que soulagé, de voir qu’il n’était pas le seul à vouloir en découdre avec les assaillants. Une demi douzaine de méchanicus, tous uniformisés de couleur bleu marine, étaient déjà présent. Sur le coffre avant des méchas, l’emblème flamboyant de la ville de Thorgard avait été peint. C’était la milice de la ville chargée de protéger les citoyens. Les miliciens étaient aux prises avec des méchanicus dont les couleurs étaient varié, et qui ne comportaient aucun signes distinctifs qui auraient pu faciliter leurs identifications. Les miliciens et les assaillants étaient en plein combat. Les bras des méchanicus s’entrechoquaient, les balles fusaient et les méchanicus crachaient de la fumée verte résultant de la combustion de grande quantité d’éther. Victor n’avait encore jamais vraiment combattu avec des méchanicus. L’armée de l’Empire d’Eos n’en possèdent pas. Il n’avait aucun problème à utiliser un fusil ou bien se battre à mains nues, mais avec un méchanicus… C’était une toute autre histoire. Néanmoins ce détail ne l’effrayait pas, loin de là. Il poussa les manettes de son méchanicus et l’envoya au coeur de la bataille.

Sa machine ne disposait pas réellement de module de combat. Pas de lame ni de fusil intégré. Non, juste des bras puissants capables de toute soulever. Alors il tenta de se servir des mains du méchanicus comme si c’étaient les siennes. Les poings en métal dur du mécha venaient de s’écraser contre l’armure de l’un des assaillants. Le méchanicus de Victor vibra de tout son être au moment du choc. Le jeune homme serra les dent tant la sensation de vibration était désagréable. Il enchaîna les coups dans l’espoir de faire le vaciller mais l’assaillant recula simplement de quelques pas. Contrairement à Victor, il était munis d’une lame sur son bras droit, et il répliqua en l’utilisant sur lui.


Si tu veux esquiver d’un coup, braque les manettes d’un coup, et appuie à fond sur l’accélérateur. Ça va cramer une bonne partie de ta réserve, mais tu ira plus vite.


La voix d’Elanor Colombus, le capitaine du Condor, résonnait soudainement dans sa tête, et instinctivement, il braqua les manettes à droite. Malgré son poids, le méchanicus se déporta avec rapidité à droite esquivant ainsi la lame qui lui était destiné. Il remercia intérieurement Elanor de l’avoir appris à contrôler cet engin, mais il ne se laissa pas distraire d’avantage. Il avait réussi à esquiver mais il ne pourrait pas utiliser tout son éther comme ça, il devait répliquer.


Mon méchanicus n’est pas prévu pour le combat. Seulement pour la maintenance. Comment je pourrais… Oh.


Il eût soudain une épiphanie. Il profita de son esquive pour saisir un des bras du méchanicus. Le puissant bras prévu pour la manutention se replia dans un grincement. La force du bras était tel que le méchanicus adverse commença à décoller du sol. Le deuxième bras du mécha de Victor en profita pour avoir une seconde prise. Victor utilisa alors toute la force que lui procurait sa machine pour envoyer le méchanicus adverse sur un autre dans un fracas assourdissant. Il ignorait s’il créait vraiment de puissants dommages, mais ce qui était sur c’est que sa manoeuvre avait permis au milice de pouvoir utiliser plus facilement leurs armes contre les méchanicus à terre. Il n’allait pas s’arrêter là. Il lança les méchanicus les un contre les eux, et lorsqu’il ne pouvait pas, il se contentait d’envoyer le mobilier urbain sur eux.

Le combat dura longtemps, quasiment une heure, avant que les assaillants acculés par la milice ne se décide à battre en retraite. La milice ne se décida pas à les suivre, les pertes et les dégâts dans la ville était bien trop importants. Victor poussa un long soupir de soulagement et désactiva son méchanicus. Il sortit dehors afin d’inspecter les dégâts sur sa machine. Elle n’avait pas subit de gros dommages. Quelques égratignures et quelques protections arrachées à divers endroits. Il regarda alors autour de lui, certains méchanicus avaient subits de très gros dégâts, parfois un bras ou une jambe arrachés. Mais il avait l’impression qu’aucune victime n’était à déploré dans le camp de la milice. Du moins dans cette partie de la ville. Un étrange calme s’abattit soudainement après le combat. Plus de détonation, ni de cris, tout était redevenu calme. Victor regardait ses mains qui étaient rougis à force de tenir le cuir des manettes. Le combat avait été éprouvant et il tremblait encore sous de tous ses membres. Non pas de peur, mais d’excitation. Il ne pouvait cacher qu’il avait adorer ce combat. La tension et la rapidité d’exécution qu’exiger les combats de méchanicus, la sensation de puissance d’être aux manettes d’un engin aussi immense et imposant. Oui, il pouvait vraiment se le dire, il avait adoré ça:


«Merci du coup de main.»


Il se retourna, et vit un milicien portant l’uniforme de Thorgard le saluer brièvement.


«Je suis le capitaine Anthonin Prudhomme, de la milice de Thorgard. Pas mal pour un civil, surtout avec ce mécha.»


Il s’approcha du méchanicus de Victor et commença à le regarder sous différents angles:


«On peut vous le réparer si vous voulez, en remerciement.»


Victor fut surpris par la proposition de la milice, mais il n’allait pas la laisser passer. Il avait suer pour améliorer un peu l’épave qui lui servait de mécha. Il avait engloutit une bonne partie de son salaire dedans, donc bénéficier de réparation gratuites était une aubaine. Il accepta sans sourcilier son offre. Alors, l’officier l’invita à le suivre pour s’occuper de son méchanicus :


«Dites, vous avez penser à faire des combats de méchanicus?»

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