Chapitre 7 /!\ trigger violence.

28 minutes de lecture

Une corneille blanche s’envola en poussant un cri de protestation. Voler par un temps pareil quel enfer ! Mais il fallait pourtant bien qu’elle accomplisse sa mission. Une silhouette la regarda disparaître derrière les nuages avant de se faufiler pour rejoindre bien vite sa demeure où l’attendait un feu bien chaud. L’oiseau aussi blanc que les flocons qui tourbillonnait autour de lui vola un long moment avant d’atteindre sa destination. Il tapa du bec, trois fois comme à son habitude contre le carreau. Un homme leva la tête du livre qui lisait. En voyant l’oiseau, son regard se mit à briller. Il referma et posa rapidement l’ouvrage sur la desserte à côté de lui et fit entrer l’animal frigorifié à l’intérieur. Le laissant se poser sur le perchoir non loin du feu. Il attendit que ce dernier lui laisse accès à sa patte, qui renfermait, il l’espérait des nouvelles encourageantes. Après avoir laissé le volatile s’ébrouer, lui avoir donné à boire et laisser lisser ses plumes, il récupéra enfin l’objet de sa convoitise. Il sortit le papier de son écrin et lut enfin les quelques mots d’inscrits. Un sourire bien large étira ses traits.

 La petite Colombe grandit et prends des forces pour son long voyage à venir. Le vieux Loup la couve, mais les intrusions des souriceaux l’occupent beaucoup. Petite Colombe sera accompagnée lors de son long voyage, par deux membres des Loups lorsque la nouvelle année sera passée.

 L’homme observa le papier qu’il venait de jeter dans les flammes de la cheminée disparaître. Tout se déroulait pour l’instant à leur avantage. Il espérait que cela continuerait et que la suite de son plan se déroulerait sans anicroche. La seule inconnue résidait dans ce voyage qui tombait certes à point nommé, mais sur lequel il n’aurait aucun contrôle. Il n’aurait aucun moyen de savoir comment cela se déroulait… Le chef laissa son regard se perdre dans les flammes, caressant distraitement l’oiseau qui somnolait à présent. Il espérait qu’aucun retard ne soit pris durant ce voyage et que les participants arriveraient bien là où il le désirait.

***

Les mois avaient passé sans qu’Elena ne s’en rende vraiment compte et l’heure du départ avait sonné pour les trois amis. Bien emmitouflés dans leurs vêtements d’hiver, sac à dos bien rempli sur le dos et armes cachées, ils saluaient les autres membres venus leur souhaiter un bon voyage. Magnus s’approcha d’Elena et posa ses deux mains sur ses épaules.

— J’espère que tu trouveras les réponses à tes questions, quoi qu’il advienne, sache que tu auras toujours une place au sein de notre clan Elena Caerfyrddin.

Elena hocha la tête,

— Merci, quoiqu’il advienne je reviendrais, je me sens chez moi ici… Même si je retrouve les miens, ma famille est ici, dit-elle d’une voix douce et claire comme le cristal.

L’homme à la haute carrure hocha la tête et s’éloigna laissant la place à Olivia et Nathanaël, allant parler à Sephiro et Lara.

— Fais bon voyage, dit Olivia, en prenant la jeune femme dans ses bras.

Elena lui rendit son étreinte la remerciant. Elle se recula soudain, le regard brillant et posa une main sur le ventre de son amie. Celle-ci la regarda un sourire timide aux lèvres.

— C’est prévu pour quand, lui demanda l’argentée, sentant parfaitement la vie grandir dans le corps de la guérisseuse.

— Fin de l’été… souffla-t-elle, personne ne l’avait encore remarqué tu es la première.

— Je l’ai senti, cet enfant est déjà bien vigoureux, murmura la jeune femme en la serrant dans ses bras.

Elle fit une prière aux déesses de la fertilité Epona et Nantosuelte pour que cet enfant à naître soit aussi vigoureux que ce qu’elle pressentait et vive. Le couple avait suffisamment souffert jusqu’ici.

— Nathanaël est déjà au courant ?

— Pas encore… j’attendais d’être sûre…, répondit la rouquine.

— Ne tarde pas, sinon cela se verra avant que tu n’aies quoique ce soit à annoncer, rit Elena.

Nathanaël vint la saluer à son tour, leur souhaitant bon voyage et prudence et les trois compagnons partirent. Le début du voyage se déroula sans encombre, les chemins aux alentours du village étant régulièrement dégagés de la neige qui les recouvrait pour permettre les allées et venues de ses habitants. Passer le cercle de passages réguliers, le chemin se fit plus difficile. Lara leur avait expliqué comment procéder pour s’économiser au maximum. Pour l’instant, ils étaient chanceux, leur territoire étant principalement boisé, les arbres retenaient une bonne partie de la neige, mais lorsque les plaines ou régions montagneuses arriveraient cela serait une autre paire de manches, il fallait tout de suite prendre le pli pour ne pas s’épuiser avant. Chacun devait utiliser un peu de sa magie pour soulager son poids, c’était un enchantement mineur que tous les enfants apprenaient dès le début de leur formation, mais que les clans n’étant pas soumis à la nécessité de sortir lorsque la neige recouvrait tout, laissaient souvent cet enchantement de côté une fois l’enfance passée. Lara ayant grandi jusque sa quasi-majorité dans un clan des montagnes, n’avait jamais arrêté de pratiquer ce dernier et avait encourager le clan à continuer de l’apprendre à ses novices. Ainsi Sephiro tout comme Elena le connaissait, et cela avait permis à la jeune amnésique de le travailler. Sa magie semblait d’ailleurs se souvenir de ce sort puisqu’il ne lui demandait quasiment aucun effort. Lara, Sephiro et elle, à la vue de ses souvenirs corporels et magiques, avaient décidé de commencer leur recherche parmi les Clans vivant dans les montagnes. Il n’était pas nombreux, le plus grand vivait à une semaine de trajet de chez eux… à la belle saison. Mais Magnus avait envoyé un message au chef de dernier, et des guerriers devaient les attendre à mi-chemin pour les aider à accéder à leur village niché au cœur de la montagne, à demi dans celle-ci.

***

  Le voyage avait bien commencé, et très rapidement le groupe prit une petite routine pour monter leur campement. L’un s’occupait de dégager un espace pour le feu et récupérer du bois, tandis que les deux autres montaient les tentes et lançaient des enchantements de protections. Elena avait d’ailleurs posé la question sur ces enchantements, pourquoi des sorts de protections et non pas simplement de dissimulations et d’alerte.

— Tous les êtres magiques ne vivent pas en Clan comme tu le sais, certains par choix et d’eux nous n’avons rien à craindre en théorie, mais d’autres ont été bannis de leur Clan et un bannissement ne permet en aucun cas de retrouver une place au sein d’un autre Clan, ou d’une tribu. C’est d’eux qu’il nous faut nous protéger, et des non magiques réfractaires à notre existence. Ils ont réussi à avoir des artefacts qui leur permettent de voir au-delà de nos sorts de dissimulations, mais pas encore de briser nos sorts de protections. Ainsi même si nous devons malgré tout monter la garde, nous pouvons tout de même nous reposer durant la nuit, expliqua Lara.

Elena avait du mal à croire que des non magiques ou même d’autres membres magiques puissent s’attaquer les uns les autres sans raison apparente. Pourtant, elle l’avait vu de ses propres yeux lors du conseil. Sur simple motif de haine, les siens avaient été battus et un enfant à naître tué. À ce souvenir, une vague de colère, de dégout et de tristesse l’envahit. Elle n’avait pas été élevée dans la haine d’autrui, de cela elle en était certaine : c’était l’amour et l’altruisme qui avaient guidé son éducation et voir ses vagues de violence la révulsait presque qu’autant que cela m’énervait. Elle avait le sentiment lorsque cela lui arrivait que deux parties d’elle-même entraient en conflit et de se déchiraient de l’intérieur.

— Tu vas bien ? lui demanda Lara en voyant une expression étrange sur le visage de son amie.

— Oui oui, c’est juste beaucoup d’informations, excuse-moi, dit Elena masquant son trouble sous un sourire rassurant avant de reprendre le montage des tentes maintenant que l’espace enneigé était dégagé.

Lara hocha la tête, malgré tout perplexe, elle avait parfois l’impression qu’Elena cachait des choses, mais peut-être est-ce simplement parce que des parties de sa mémoire lui revenait et qu’elle ne savait pas comment trier souvenirs et ce qu’elle réapprenait ? Elle laissa de côté ses doutes, et ils terminèrent de monter le camp. Sephiro avait allumé un feu et débusqué sur le chemin du retour un lièvre. Pour l’instant la chance leur souriait, ils trouvaient facilement de la nourriture et n’étaient pas obligés d’attaquer de trop leur réserve de nourriture séchée. Après un repas agréable, Sephiro prit le premier tour de garde laissant les femmes se reposer. Cependant, alors qu’il les croyait profondément endormis, il fut surpris lorsque la main fraiche d’Elena se posa sur son épaule.

— Tiens, la nuit est froide, dit-elle en lui tendant une tasse en étain fumante.

— Merci, dit-il en prenant le breuvage et buvant une gorgée. Le thé brûlant le réchauffa et ce fut plus que bienvenue, tu ne dors pas ?

— Non, je n’arrêtais pas de me retourner, dit-elle en s’asseyant près de lui et levant la tête vers le ciel, demain il fera froid, mais beau.

— Ah ?

— Oui, regarde, les étoiles sont très brillantes et il n’y a aucun voile sur le ciel, explique-t-elle, l’air est sec, presque brûlant de froid. La journée de demain sera donc très froide, mais il fera beau, la neige devrait avoir gelé suffisamment en surface pour ne pas être obligée d’utiliser les enchantements demain.

Sephiro sourit, il ne s’attendait pas à ce qu’avec une simple observation du ciel et un ressenti de l’air ambiant elle puisse lui donner la météo.

— Tu sais qui t’a appris cela ?

— Je suppose mes parents ? Je me suis juste rendu compte qu’en observant le ciel et autour de moi j’arrivais à dire le temps qu’il ferait… de même je ressens les changements dans l’atmosphère, je suis capable de dire si une tempête, un orage, la pluie ou neige arrivera prochainement…

— Cela nous sera très utile durant ce voyage, dit Sephiro en souriant doucement. Essaie de te reposer, ton quart n’est pas avant un bon moment.

Elena hocha la tête sans pour autant bouger, respirant lentement, entrant dans une phase de semi-veille qu’elle récupérait sans pour autant être endormie. Sephiro afficha un air surpris, seul certain guerrier arrivait à atteindre cette veille, et il était certain que ni lui ni ses frères et sœurs d’armes le lui avait appris. Encore une surprise chez Elena qui fit battre plus fort le cœur du jeune homme.

 Les premiers jours de voyage se déroulaient sans encombre et le temps avait été clément à croire que même ce dernier souhaitait que les voyageurs puissent arriver à leur première étape sans encombre. En arrivant au point de rendez-vous que le clan de la montagne avait donné à ceux de Magnus, Sephiro, Lara et Elena découvrir trois membres assis autour d’un feu. Ils se saluèrent et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, tous se mirent en marche.

— Vous avez l’habitude des terrains escarpés ? demanda l’un de leurs guides.

— Pas vraiment, pour Elena et moi-même, mais nous allons-nous adaptés, dit Sephiro.

— Bien, avez-vous déjà pratiqué l’escalade ?

— En entrainement, jamais en situation réelle, répondit Elena.

Le guide se tourna vers Lara et la regarda

— J’ai grandi dans une tribu du Grand Nord, j’ai l’habitude, répondit-elle avec un sourire encourageant.

Les guides s’encordèrent ainsi que leur hôte, leur recommandant de bien tester leur prise, ils allaient avoir un bon kilomètre à faire à flanc de montagne et le moindre faux-pas les ferait tous tomber dans le vide avant d’atteindre une falaise de soixante-quinze mètres à escalader. Les trois amis écoutèrent attentivement leurs conseils puis se mirent en marche. Chacun d’eux évoluait par groupe de deux ou trois et était les seuls de clan parmi ce groupe. Elena supposa que cela leur permettrait de compenser leur inexpérience en matière de déplacement montagnard. Pourtant, la jeune femme en commençant à avancer se rendit rapidement compte qu’elle savait instinctivement où poser des pieds, elle savait voir les congères, les neiges qui recouvraient un trou… Elle n’en dit cependant rien. Elle ne voulait pas se faire de faux-espoir. Elle avait peut-être grandi dans un clan de montagne, comme elle avait pu être un groupe nomade avec ces parents et donc venir commercer avec des clans de montagnes… tellement de possibilités existaient, elle ne souhaitait pas avoir de déconvenue. Même si, secrètement elle espérait retrouver les siens, elle n’osait pas le montrer de peur d’être déçue. Elle avait parfois des impressions de déjà-vus, des sentiments de reconnaître des lieux et des endroits, sans pour autant totalement réussir à savoir d’où elle les connaissait. La seule et unique personne qu’elle avait eu l’impression de connaître depuis son réveil était Sephiro. Mais cela lui semblait absurde comment pourrait-elle ne connaître ou reconnaître que Sephiro et aucune autre personne du clan ? Et si elle était déjà venue dans le Clan de Magnus, elle aurait forcément dû être reconnue par ces membres ou du moins certains non ? Pourtant personne ne semblait l’avoir remise ou déjà aperçue avant qu’elle ne sorte de son coma et elle se gardait donc bien de dire qu’elle avait l’impression de connaître Sephiro à d’autres que lui. Elle sortit de ses pensées lorsqu’ils arrivèrent devant une falaise dont le haut, que tous savaient n’être qu’à soixante-quinze mètres plus haut était invisible perdu dans la masse de nuages accrochée au flan de la montagne. Leurs guides leur donnèrent leurs dernières recommandations avant que chaque petit groupe ne se mettent à grimper. Très vite, Sephiro et Elena sentirent leurs muscles chauffer et rapidement à tirer. Sephiro réussit à atteindre le sommet, suivant la cadence plutôt soutenue de ses guides. Arrivé au sommet, il regarda vers le bas et sentit son cœur rater un battement, Elena n’était plus visible. Ses muscles le brûlaient, tout comme sa gorge qui réclamait à boire, mais il ne se préoccupa en aucun cas de ses sensations. Où était passé le groupe de la jeune femme à la chevelure de lune ? Ils attendirent tous en haut, le groupe de Lara les avait rejoints, et regardait vers le bas les sourcils froncés. Leurs guides commencèrent à s’agiter, chuchotant entre eux. Alors que deux d’entre eux allaient redescendre pour voir ce qu’il en était, Elena et la jeune femme qui l’accompagnait sortirent des nuages. Sephiro s’allongea dans la neige, dans un même mouvement que l’homme à côté de lui, et ils aidèrent les deux femmes à monter les derniers centimètres en les tirant vers le haut.

— Que s’est-il passé ? demanda le plus âgé des montagnards.

— Mon piolet s’est planté trop profondément et une partie de la roche n’était plus stable. On a dû s’y mettre à deux pour le décoincer et faire un assez large détour pour pouvoir vous rejoindre… souffla la jeune montagnarde, le souffle court.

Elena ne disait rien, mais frictionnait vigoureusement ses bras, pas par froid, mais par douleurs, elle avait l’impression que ces derniers tremblaient. Un jeune homme s’approcha d’elle et lui tendit sa gourde.

— Tiens, bois ça, cela soulagera les douleurs et te redonnera un coup de fouet.

— Merci, qu’est-ce que c’est ? demanda Elena en humant le breuvage.

L’odeur du clou de girofle et du gingembre envahit ses narines.

— Un remède qu’on boit à longueur de temps l’hiver, cela réchauffe et permet de se requinquer rapidement.

Elena prit une gorgée et le remercia lui rendant sa gourde, mais le jeune homme secoua la tête, l’invitant à prendre au moins la moitié du liquide. Sephiro s’approcha d’Elena après avoir écouté le récit de la jeune femme qui l’accompagnait.

— Tu n’as rien ? lui demanda-t-il inquiet.

— Non, je vais bien, rien que de vilaines courbatures à venir, dit-elle reprenant à nouveau du breuvage sous l’œil inquisiteur du montagnard.

— Comment vous appelez-vous ? lui demanda-t-elle, lui rendant son outre que cette fois-ci il accepta.

— Alexeï, répondit-il en rangeant l’outre dans son sac d’un geste montrant l’habitude.

— Enchantée, et merci beaucoup, dit-elle, je me sens déjà mieux.

— Je te l’avais dit, dit-il avec un sourire, reprenez des forces tous les deux, on a encore trois bonnes heures de marches avant d’arriver au village.

— On va se reposer et manger un peu avant de repartir, ajouta-t-il avant de s’éloigner.

Sephiro hocha la tête et regarda Elena, il avait eu si peur pour elle. Il toucha sa main et la serra. Elena le regarda et lui fit un sourire rassurant. Elle ne s’était pas sentie très sereine de voir que sa guide, nommée Célestia, avait paniqué en voyant que son piolet était coincé et la roche trop friable sur le chemin qu’elle leur avait choisi. Elena avait réussi à la rejoindre et l’avait aidé à déloger l’outil avant qu’elles ne redescendent de plusieurs mètres pour se dégager de leur guêpier. Elles s’en étaient bien tiré et il y avait eu plus de peur que de mal. Après une pause pour se restaurer et récupérer le groupe se remit en marche et au bout d’un peu plus de trois heures arrivèrent enfin au village.

 Elena resta bouche bée en voyant l’entrée du village. D’immenses stalactites descendaient vers le sol, certaines laissées en pointes, d’autres coupées pour ne pas se blesser. Ces dernières formaient par ailleurs une protection naturelle, comme le laissaient supposer les deux tours de guet de part et d’autre de la porte. Ils devaient certainement pouvoir les briser et ainsi bloquer l’entrée de leur village si les portes ne pouvaient être fermées. Elle trouva le système très ingénieux même si sûrement très dangereux, se retrouver sous ses pointes devait être mortel. En passant les portes, la jeune femme se rendit compte que ce n’était pas seulement défensif, mais aussi très décoratif. Les rayons du soleil qui passaient au travers formaient de beaux rayons de lumières. Les enfants jouaient en travers de ses rayons, à un jeu auxquels aucun des adultes du clan de Magnus ne semblait être familier. Elena eut un large sourire en entendant les enfants rire. Malgré la fatigue du voyage, les trois visiteurs furent immédiatement conduits aux chefs du clan de la montagne. Elena garda sa surprise pour elle en voyant que c’était deux femmes qui les attendaient assises sur les sièges des chefs de Clan.

— Mes dames, dit l’un de leur guide, voici les visiteurs du Clan de Magnus. Ils sont ici pour vous présenter une requête.

La plus jeune des femmes se leva, et chacun vit sur ses traits à quel point elle était jeune.

— Bienvenue ici, cher visiteur, je suis Neige, cheffe du clan de la Montagne.

La lumière se fit dans l’esprit de Sephiro, Neige était la fille du chef actuel, son unique enfant. Le chef Bryan semblait pourtant être en bonne santé lors de la dernière réunion…

— Merci pour votre accueil, dit Sephiro, il salua d’un point fermé sur le cœur, la dernière fois que j’étais en présence du chef des montagnards, je ne me tenais pas à vos côtés, je vous souhaite un règne long et sage comme votre père avant vous, dit-il usant des formules d’usages.

Neige le salua,

— Je vous remercie, mon père est malheureusement retourné à la terre, la montagne l’ayant rappelé à lui lors d’une escapade. Je fais de mon mieux, aidé de ma mère et des plus proches conseillers de mon père. Quelle est votre requête ? demande-t-elle.

— Que son esprit se repose et trouve le chemin d’Avalon où il vivra éternellement, dirent les trois visiteurs.

— Nous sommes ici pour moi, enchaîna Elena s’avançant à son tour, je recherche les miens. Je m’appelle Elena Caerfyrddin.

— Mhm, vous êtes la femme qui s’est réveillée sans souvenir, dit la veuve de Bryan.

Lorsqu’Elena opina celle-ci reprit,

— Mon défunt mari avait fait envoyer des corbeaux dans les tribus dépendant de nous, certains ne nous sont pas encore revenus, mais pour le moment, personne n’a déclaré avoir eu un proche disparu…

Neige s’était rassise entre temps, reprit,

— Vous pouvez rester ici le temps que les corbeaux reviennent, ce qui ne devrait point tarder, vous êtes nos hôtes durant ce temps. Allez-vous reposer, le voyage aura été éprouvant.

— Merci, les remercièrent Lara, Sephiro et Elena.

Alexeï les conduit dans une grotte-maison où ils accueillaient leur visiteur habituellement.

— Prenez vos aises et faites comme chez vous, nous mangeons collectivement avec nos invités à la tombée du jour, je viendrais vous chercher. Il y a des sources chaudes dans le fond, vous pourrez vous délasser avant le repas.

Sephiro remercia Alexeï alors que les femmes se regardaient les yeux brillants : des sources chaudes, ! Être propre après plusieurs jours de voyage voilà qui leur semblait être une excellente nouvelle. Chacune d’elle déposa ses affaires dans une alcôve, puis elles se dirigèrent vers le fond de la grotte discutant de tout et rien. Sephiro les laissa faire, déballant ses affaires, s’occupant de ses armes qu’il avait quelque peu négligé ses derniers jours.

***

  Lara et Elena profitaient après s’être débarrassés de la crasse du voyage, d’un bon moment de détente dans les sources chaudes, mais aussi de confidence.

— Mais dis-moi, dit la jeune femme aux cheveux bleu vif, Sephiro et toi y’a quelque chose non ?

Elena la regarda un peu perplexe alors que son cœur battait un peu plus fort dans sa poitrine.

— Comment ça ?

— Ne fait pas semblant, je vois bien que vous passez du temps ensemble et pas seulement parce que vous vous appréciez en tant qu’amis.

— Mais non, répondit Elena, c’est mon mentor et mon ami…

— Il te plait ? demanda Lara, cash comme à son habitude.

— Il est beau garçon et j’aime beaucoup la personne qu’il est, mais…

— Il te plait, affirma son amie en éclatant de rire, face à la mine déconfite d’Elena elle ajouta, y’a rien de mal à ça, c’est même plutôt sain que tu trouves des personnes à ton goût !

— Oui, mais… tu imagines si j’ai déjà quelqu’un dans ma vie… ? dit l’argenté d’une voix timide.

— Si tu avais quelqu’un, je pense que tu finirais par t’en souvenir, et si sa compagne était portée disparue, tous les clans seraient sur le pied de guerre. Et… tu le saurais.

— Comment ça ?

— En général, les couples qui se forment parmi les clans sont pour la vie. Tu es familière au concept d’âme-sœur ?

— Pas vraiment, j’ai lu le terme dans les livres d’Olivia et ceux que vous m’avez offerts, mais je ne me suis pas attardée sur le sujet.

— Bien… je vais essayer de t’expliquer ça alors, dit Lara en se calant un peu plus confortablement dans l’eau chaude.

Après un moment de silence, elle reprit,

— Les âmes sœurs sont aussi vieilles que notre monde. Ils ont toujours existé, et trouver son âme-sœur… C’est être béni des dieux. Lorsque tu le trouves, tu le sais. Tu n’as plus la sensation d’être seule et si vous vous imprégniez, vous n’êtes réellement plus seuls. C’est comme-ci, vos deux corps et esprits ne faisaient qu’un. Tu ressens l’autre, mais aussi tout ce que ressent l’autre. C’est une osmose parfaite.

— Mais on a tous une âme sœur ? demanda Elena perplexe.

— Oui, à notre naissance, nous avons déjà une âme sœur, ma mère me racontait que le premier cri que les nourrissons poussent c’est parce que nous sommes séparés de notre âme sœur.

— Mais une âme sœur est forcément né la même année que l’autre ?

— Non du tout, certains ont plusieurs années d’écart, voir siècle si l’on compte les vampires, loups-garous et wicca.

Elena resta quelque peu perplexe

— Mais du coup en quoi cela veut dire que je n’avais personne dans ma vie ?

— Même si tu avais quelqu’un, ce quelqu’un n’était pas ton âme-sœur, sinon tu l’aurais su et un besoin irrépressible de vous retrouver vous aurait fait remuer ciel et terre. Donc, si tu avais quelqu’un c’était sans importance, aussi bien, cette personne a rencontré son âme-sœur, et dans ce cas-là peu importe la relation que vous entreteniez, le compagnon n’est plus rien face à son âme-sœur.

Elena trouva cela à la fois beau et cruel pour l’autre. Si les sentiments étaient sincères, cela devait briser le cœur de celui qui était laissé pour son âme-sœur.

— Tout ça pour dire que… profite, une fois que tu auras rencontré ton âme sœur plus personne d’autre ne t’intéressera… ou te fera de l’effet, rit Lara.

Elena éclaboussa son amie, riant alors qu’une rougeur envahissait ses joues. Elles jouèrent telles des enfants dans l’eau chaude avant de retrouver leur calme.

— Est-il déjà arrivé que des âmes sœurs se détestent ? demanda Elena, cette question lui serrant étrangement le cœur.

— Pas à ma connaissance, cela ne me paraît pas possible, mais qui c’est ? Les âmes sœurs sont toujours le parfait complément de l’autre… cela est peut-être arrivé, mais de l’amour à la haine, la frontière est parfois très floue lorsque les sentiments sont intenses…, dit Lara pensive.

Elena hocha la tête, comprenant ce qu’elle voulait dire. Elle resta pensive, et n’entendit pas Lara sortir de l’eau avant que celle-ci ne lui dise qu’elle allait se reposer un peu avant le repas. Elena la salua, lui disant qu’elle allait profiter encore un peu de l’eau chaude. Elle s’étendit dans l’eau laissant ses pensées errer.

Âme-sœur.

Est-ce ce qu’étaient Olivia et Nathanaël ? Cela serait la raison pour laquelle, elle sentait leur âme rayonner lorsqu’ils étaient côte à côte ? Mais aussi pour ça que la guérisseuse semblait si sereine sur les longs voyages de son époux durant la belle saison ? Autant de questions qu’Elena se promit de poser plus tard à Lara. Elle rouvrit les yeux en sentant une présence familière approcher.

— Oh, cela t’ennuie si je me joins à toi ? demanda Sephiro.

— Du tout, le bassin est largement assez grand, répondit Elena, je ne vais pas tarder à sortir de toute manière, dit-elle.

— Je te fais fuir ? dit Sephiro amusé en entrant dans l’eau.

Elena observa le corps bien taillé du guerrier alors qu’il entrait dans l’eau et espéra qu’il mettrait ses soudaines rougeurs aux vapeurs chaudes qui se dégageaient de l’eau et non pas à sa présence.

— Tu as l’air d’avoir bien récupéré de l’escalade, dit-il en s’installa face à elle.

— Oui, le breuvage que m’a donné Alexeï y a bien aidé, je crois.

— Tant mieux, je m’en voudrais s’il t’arrivait quelque chose…

— Il ne m’arrivera rien, je ne suis pas sans défense ni ressources.

Un sourire étira les lèvres de Sephiro, il aimait que la jeune femme affirme ses capacités et ne soit pas une jeune femme sans défense. Elle avait un côté fragile, qu’il voulait protéger et chérir et en même temps une facette forte et sûre d’elle qu’il admirait. Elena se tortilla, un peu mal à l’aise sous le regard de Sephiro, mais pas seulement. Elle se redressa, un peu trop vivement pour que cela soit naturel.

— Il faut que j’y aille, j’ai mes affaires à faire sécher de notre voyage, dit-elle avant de partir un peu précipitamment.

Sephiro resta indécis devant la réaction d’Elena, avait-il fait quelque chose qui la mettait mal à l’aise ?

***

 Les jours étaient rapidement passés, finalement tous les corbeaux étaient revenus, mais aucun n’avait rapporté les nouvelles qu’attendaient les visiteurs. Elena s’y attendait, mais cela lui fit tout de même un peu mal au cœur. Après avoir remercié Neige pour ces nouvelles, elle prit congé, la jeune femme sortie du village et alla se percher face au paysage.

— Ça va ? demanda Sephiro la rejoignant sans bruit

— Oui, je suis juste…

— Déçue ? la compléta Sephiro.

— Oui, je savais que cela ne serait pas simple, mais j’espérai…

— Les retrouver aussi facilement ?

— Non, au moins avoir une piste… Les régions montagneuses semblaient être une bonne idée, mais maintenant où allons-nous chercher ?  dit-elle.

— Il existe d’autres endroits où tu aurais pu acquérir ses aptitudes. Nous allons trouver ou tout du moins découvrir d’où tu viens. Nous allons continuer vers le Nord, il existe un autre clan, Neige a pris la liberté de les a contacter, ils savent que nous arriverons dans les prochaines semaines.

Elena hocha la tête, regardant toujours vers l’horizon. Sephiro posa une main sur l’épaule de la jeune femme.

— On trouvera Elena.

— Je ne sais pas si le nord est vraiment une solution, des lieux dans notre région me paraissaient familiers.

— Ah oui ?

— Oui… J’ai le sentiment d’avoir vécu une partie de ma vie dans ces régions… mais peut-être est-ce parce que les miens étaient nomades ?

— Peut-être, la bonne chose de ce voyage c’est que tu reconnaîtras peut-être d’autres endroits et que cela réveillera des souvenirs ?

Elena hocha la tête. Oui, c’était une bonne chose en effet, cela ferait surement remonter des souvenirs et qui sait peut-être se souviendrait-elle d’où elle venait ? Elle posa une main sur celle de Sephiro, la pressant. Elle tourna la tête vers lui, croisant son regard. Elle eut l’impression que son cœur ratait un battement. Avant que la paix ne l’envahisse. Peu importe ce qu’elle découvrait ou non au cours de ce voyage, tant qu’ils étaient ensemble, pensa-t-elle. Sephiro regarda Elena, et pressa son épaule résistant à l’envie de la serrer contre lui.

— On ferait mieux de rentrer, la nuit va tomber et nous partons demain, un long voyage nous attend, il faut que nous prenions des forces.

Elena hocha la tête. Ils rentrèrent au village, leur main se frôlant de temps à autre. Arrivés au village, ils rejoignirent Lara qui les attendait pour diner.

— Neige a fait préparer une fête, comme nous partons demain, nous sommes attendus sur la place, dépêchez-vous ! les pressa Lara, je compte bien profiter de la civilisation avant que nous ne nous retrouvions dans des régions bien moins hospitalières !

Elena rit,

— Profiter de la civilisation ou des garçons ? dit-elle

— Les deux, et puis des femmes aussi, si elles le veulent ! répondit son amie aux cheveux électrique avec un clin d’œil avant de prendre les devants.

Elena secoua la tête, Lara était pleine de vie et d’entrain cela on ne pouvait pas le lui nier ! Elle se demandait parfois si son apparente gaité ne cachait pas quelque chose. Ils suivirent la jeune femme, rejoignant la place centrale, vivement éclairée de plusieurs feux. Des morceaux de glace colorés et ensorcelés pour l’occasion projetaient des points lumineux un peu partout, créant une ambiance à la fois festive et féérique avec la neige qui les entourait.

— C’est magnifique, souffla Elena.

Alexeï qui approchait pour les accueillir sourit de toutes ses dents,

— Merci, mais la plus belle invitée de cette soirée vient seulement d’arriver, m’accorderais-tu une danse ? dit-il en se baissant galamment en lui tendant une main, ses cheveux blonds attachés en catogan, tombant sur le côté.

Elena fut quelque peu surprise de l’initiative d’Alexeï et de sa tentative non dissimulée de la séduire. Cependant, l’idée de danser lui plaisait, elle accepta l’invitation du jeune homme. Sephiro regarda Elena s’éloigner sentant une pointe vicieuse de jalousie s’insinuer en lui. Il secoua la tête et tenta de profiter de la fête. Cependant dès qu’il vit qu’Elena n’avait plus Alexeï à ses côtés, il prit sa place.

— Me ferais-tu l’honneur de danser avec moi ?

— Seulement si tu es prêt à me subir comme danseuse, je ne suis pas très bonne.

— Je prends le risque, dit-il, mais tu sembles plutôt bien te débrouiller.

Sephiro l’entraina sur la piste, dansant au son des musiques propres au clan de Neige.

— Il a essayé de te séduire ?

— Oui, répondit Elena.

— Il te plait ? demanda Sephiro essayant d’avoir l’air indifférent.

— Non, j’ai très vite mis fin à ses tentatives, répondit la jeune femme, pourquoi ?

— Cela serait naturel, il semble être de ton âge…

— Il n’y a pas que l’âge qui compte, murmura Elena, et il faut plus qu’un joli minois pour me séduire.

Le jeune homme sentit son esprit s’apaiser aux dires Elena alors qu’il la faisait tournoyer.

— Je vois.

La soirée s’éternisa, mais les trois voyageurs ne veillèrent pas jusqu’au bout de la nuit, au lendemain ils partirent avec des vivres que leur avait donné Neige et les siens. Une longue route les attendait.

***

 Le voyage fut beaucoup moins aisé que la première fois, les chutes de neige, ainsi que le gèle ne les épargnaient pas cette fois. Ils avaient réussi à atteindre la vallée par un chemin que leur avait indiqué Alexeï. Ils commencèrent par chercher un coin où monter leur campement, la nuit tombait rapidement, et ils ne souhaitaient pas se faire surprendre. Après une bonne demi-heure de marche dans une neige leur arrivant jusque mi-mollet, ils trouvèrent enfin un coin suffisamment protéger pour monter leur camp. Une partie était contre un pan de falaise suffisamment haut pour ne pas être surpris, l’autre protéger du vent par un renfoncement dans celle-ci. Elena et Sephiro dégageaient la neige pour monter le temps tandis que Lara s’occupait de préparer le feu. Une fois le sol dégagé suffisamment pour installer les tentes sans trop de soucis, Elena et Sephiro s’apprêtaient à lancer les sorts de protections lorsqu’ils entendirent des hurlements. Ils terminèrent les sorts qu’ils étaient en train de jeter puis sans se consulter rejoignirent l’endroit d’où leur semblait provenir les cris.

— Lara ? appela Elena, inquiète.

La jeune femme sortit de l’ombre d’un buisson, mettant un doigt sur sa bouche, les incitant au silence avant de le pointer dans une autre direction. Sephiro hocha la tête et attrapa les dagues qui reposaient dans son dos, alors qu’Elena récupérait celles contre ses cuisses. Armés, les trois compagnons s’approchèrent sans bruit. Ils tombèrent alors sur une scène qu’ils ne s’attendaient certainement pas à trouver à cette heure-ci. Un groupe de vampire attaquait un groupe de non magique visiblement. Les créatures ne se cachaient pas quant à leur désir de sang. Sephiro s’interposa alors qu’un des vampires fondait sur une des jeunes humaines. Celle-ci poussa un cri croyant sa dernière heure arrivée, cri qui mourut dans sa gorge en voyant une silhouette s’interposer entre elle et son attaquant. Le vampire se mit à siffler en sentant la lame du guerrier reposer contre son cou.

— Vous feriez mieux de reculer…, dit Sephiro d’une voix menaçante.

— Où sinon quoi merlinois ? cracha une vampire, tu comptes nous tuer avec ton cure-dent ?

— Cela se pourrait bien, vous ne seriez pas les premiers que j’abats avec son aide.

Nullement impressionnée, elle montra les crocs.

— Laissez-nous nos proies et vous partirez en vie.

— Hors de questions, dit le gardien en repoussant au loin le vampire qu’il contenait.

Lara et Elena le rejoignirent alors, protégeant les sans-magies, les invitant à fuir. Le groupe de vampires poussa un hurlement à faire pâlir un loup-garou, avant de se lancer tous ensemble sur les fauteurs de troubles. Les filles firent de leur mieux pour parer les coups des vampires, rendus fous de rage. La soif de sang se lisait dans leur regard, et voir leurs proies s’enfuir, exacerbait leur force. Un combat violent s’en suivit, les Merlinois furent blessés, deux vampires tués. Ce qui n’arrangea en rien la colère des autres. Les non magiques s’étaient cachés comme ils le pouvaient dans un renfoncement offert par des arbres, mais ils se retrouvaient coincés : impossible pour eux d’aller plus loin, le chemin était bloqué par d’immenses arbres couchés à terre par les tempêtes, ni de rebrousser chemin, leurs assaillants étant trop proche. L’un des vampires réussit à passer sous les protections d’Elena profitant d’une faille alors qu’elle paraît une attaque. Il se jeta sur le plus jeune des non magiques qui se cramponnait certainement à sa mère. La jeune femme hurla,

— Non !

 Mais le vampire resta suspendu dans les airs, son geste arrêté en plein élan. Que se passa-t-il donc ? Le garçonnet fondit en larmes, alors que les adultes l’entouraient, mettant les plus jeunes au centre de leur groupe. Au-delà du vampire, figé, Elena semblait être habitée. Ses cheveux flottaient autour d’elle comme fouettés par un vent invisible. Tous les vampires présents étaient figés autour d’eux et les yeux de la jeune femme luisaient. Le mauve habituellement chaleureux de ses yeux brillait de magie la rendant presque effrayante. Ses traits semblaient bien plus durs qu’un instant plutôt. Sephiro et Lara la regardaient, interdits. Qu’arrivait-il à Elena ? Elle dégageait une puissance magique qu’ils n’auraient jamais soupçonnée chez elle, mais surtout la nature semblait lui donner directement sa force. Elena fit un léger mouvement de ses doigts. Les yeux des vampires commencèrent à sortir de leurs orbites, et ils les entendirent suffoquer. Leur pâleur s’accentua encore, leurs membres bleuirent sous l’effet du manque d’oxygène. Du sang se mit à couler lentement de leur orifice : yeux, oreilles, bouches, nez sans qu’ils ne puissent rien faire pour demander pitié. Horrifiée, Lara fut incapable de réagir pour tenter de calmer Elena. Très clairement, la jeune femme ne maîtrisait plus ses émotions et laissait la magie la guider. Sephiro tenta de lui parler, de la ramener au calme, mais il était déjà trop tard. Les vampires tombèrent un à un sur le sol. Morts. Elena s’écroula à son tour, vidée de toute énergie sombrant dans l’inconscience. Sephiro se précipita sur elle, inquiet. Il prit immédiatement son pouls, il battait. Désordonné, mais il battait. Lara se retourna vers les non magiques, blottis dans le renfoncement des arbres, ils les regardaient avec horreurs.

— Laissez-nous partir… souffla l’un des hommes, tremblant de terreur.

La voix d’Elena se fit entendre, faible et hésitante.

— Que…, que s’est-il passé… ? Le petit garçon… ?

— C’est terminé, dit Sephiro, les vampires sont morts.

Elena essaya de se redresser et vit les non magiques se reculer, effrayés en la voyant bouger. Elle vit enfin, les vampires morts, des flaques de sangs s’étendant autour d’eux, leur corps momifié. Elle porta la main à sa bouche, tout lui revenant alors par flashback.

— Monstre ! dit l’une des non magiques,

Démonia ! hurla-t-elle.

Elena n’arrivait pas à croire que c’était elle, l’auteure de ses assassinats. Sephiro la rassura.

— Tu ne maîtrisais plus ce qu’il se passait en toi, ce n’est rien, seuls les vampires ont été touchés, les non magiques vont bien.

— Laissez-nous partir, supplia la femme à laquelle les enfants s’accrochaient, s’il vous plait ne nous faites pas de mal.

— Nous ne vous voulons aucun mal, dit Lara en rangeant ses armes, vous êtes libres de partir, mais nous souhaitons vous aider. Êtes-vous blessés ?

Le groupe se resserra, l’homme reprenant la parole.

— Nous n’avons plus besoin de votre aide, laissez-nous partir, nous nous soignerons nous même si besoin est. La Démonia et vous ne nous toucherez pas, dit-il le regard dur et froid.

Lara s’écarta, laissant ses mains bien visibles, le petit groupe s’avança alors, effectuant un large détour pour n’approcher ni les vampires morts ni Elena qui se remettait doucement de son utilisation massive de magie. Une fois le groupe éloigné, ils les entendirent se mettre à courir dans la neige, se parlant dans une langue si rapide qu’aucun d’eux n’en comprit un mot. Elena était sous le choc.

— Pourquoi ont-ils eu peur ainsi ? Nous les avons sauvés…

— Tous les non magiques ne sont pas amicaux envers nous, dit Lara, certains ne nous tolèrent même pas, nous avons eu de la chance, ils n’ont pas essayé de nous tuer…

— Lara, la sermonna Sephiro.

— Je ne fais que dire la vérité, répliqua la femme avant de se retourner, je vais chercher de quoi brûler les corps et faire notre feu, je vous retrouve au camp.

Sephiro serra les dents et se contenta de hocher la tête.

— Tu te sens de marcher ? demanda-t-il à Elena une fois Lara partie.

— Je crois…, dit la jeune femme réussissant à se relever avec son aide et rejoindre le camp.

Une fois là-bas, Sephiro la força à se reposer le temps qu’il termine très vite rejoint par Lara. Elena récupéra tout en méditant, elle ne comprenait pas que les non magiques aient eu peur d’eux ainsi, alors qu’ils leur avaient sauvé la vie…

Annotations

Vous aimez lire Hikari_Atria ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0