Chapitre 11
Sephiro s’éveilla le premier, chatouillé par les rayons du soleil. En ouvrant les yeux, il vit Elena encore endormie, blotti contre lui. Il caressa du bout des doigts sa joue. Il avait encore du mal à croire ce qu’il lui arrivait. Elena était contre lui, dans ses bras et partageait ses sentiments. Le jeune homme avait du mal à croire à ce qu’il lui arrivait. Il observa le visage de la jeune femme contre lui. Elle semblait si apaisée ainsi, si sereine et douce. Alors qu’il savait la guerrière qu’elle était. Il aimait les différentes facettes qui constituaient la jeune femme et toutes celles qu’il découvrait chaque jour. Elle était à la fois semblable et différente de ses souvenirs. Il aimait ça autant que cela le perturbait. Où était-elle passée durant toutes années ? Il était malgré tout curieux de savoir ce qui lui était arrivé durant tout ce temps. Mais surtout comment s’était-elle retrouvée dans ce coma ?
Autant de questions qui tournaient en boucle dans sa tête, mais qui quittèrent instantanément son esprit lorsqu’il vit Elena ouvrir lentement les yeux alors qu’elle se réveillait.
— Bonjour toi, dit-il en lui caressant lentement la joue.
— Bonjour, murmura Elena la voix encore embrumée de sommeil, quelle heure est-il ?
— Encore tôt, mais le soleil est levé.
Elena se redressa d’un coup manquant de donner un coup de tête au jeune homme.
— Hey du calme ! dit Sephiro en retenant la jeune femme, on a le temps. Même si je sais que nous avons du chemin à faire, on peut prendre le temps de profiter un peu du confort avant de retrouver la tente.
Elena se mordilla la lèvre avant de hocher la tête. Flâner leur ferait du bien même s’ils prenaient du retard. Ils en avaient besoin. Sephiro caressa doucement la tête d’Elena avant de froncer les sourcils.
— Tu es brûlante… ! dit-il en la regardant plus attentivement.
Le regard d’Elena était fiévreux, et il la sentait frissonner dans ses bras.
— Reste allongée ! Tu es malade, dit-il en se levant d’un bond pour aller chercher un linge humide à mettre sur son front.
Elle protesta, mais en essayant de se lever, elle s’effondra sur le lit son corps ne la soutenant pas. Sephiro pesta, il savait qu’elle avait trop forcé ! Qu’ils n’auraient pas du aller autant dans leurs limites ces derniers jours. Il aurait dû prendre plus soin d’elle, et faire plus attention. Même si elle n’était pas en sucre, elle avait quand même passé un temps indéfini dans un sommeil magique. Il ne l’avait pas pris en compte dans leur partie du trajet. Il revint et épongea le front d’Elena, la rafraichissant.
Elena fut malade trois jours durant. Sephiro resta à son chevet durant ces trois jours. De sa convalescence Elena ne garda que peu de souvenirs, mais elle en récupéra des plus anciens. Des souvenirs de son enfance, cela lui avait été habituel lorsqu’elle était plus jeune. Elle savait qu’elle avait une santé fragile, tout du moins, elle s’en souvenait à présent. De même, elle savait que sa santé fragile était le prix à payer pour ce qu’elle était. Ce qu’elle était, elle ne le savait pas. Mais sa santé fragile était le prix de sa magie, de son existence. Elle inspira à fond l’air frais. Maintenant qu’elle se sentait mieux, ils reprendraient bientôt la route. Elena avait insisté pour cela. Ils avaient perdu assez de temps, reprendre la route restait une nécessité. Ils étaient donc repartis, mais Sephiro prit bien plus garde à ce qu’ils ne forcent pas comme lors de la première partie de leur périple. Ils venaient de monter le camp et Elena préparait leur repas pour ce soir.
— On arrivera à l’académie des druides demain dans la fin de journée, dit Sephiro en s’asseyant près d’elle après avoir terminé de jeter les sorts de protections autour de leur tente.
— D’accord, dit la jeune femme en remuant leur soupe, goûte-moi ça et dis-moi ce que tu en penses.
Sephiro s’exécuta, et sourit doucement,
— C’est meilleur qu’hier, mais ça manque toujours de consistance, dit-il.
Elena lui donna un coup de poing dans l’épaule,
— Mhm, on en reparlera quand j’aurai de quoi te faire une vraie soupe sous la main !
Le Gardien lui avait interdit d’utiliser ses pouvoirs pour faire pousser des plantes pour leur repas sauf s’ils n’avaient plus aucune réserve. Ce qui n’était évidemment pas le cas, la jeune femme préparait donc avec ce qu’elle avait sous la main. Sephiro rit de bon cœur,
— J’ai hâte, dit-il en souriant tendrement avant d’embrasser son front. On aura un véritable repas bientôt.
Il se releva et retourna dans la tente terminer d’installer leur couchage pour la nuit. La soirée passa à toute allure, tout comme la journée du lendemain. La neige se remettait à tomber lentement, alors que le soleil se couchait. Elena et Sephiro arrivèrent enfin devant l’immense et lourde porte en chêne de l’académie des druides. Le soulagement se peignit sur le visage des deux voyageurs. Ils avaient enfin atteint leurs destinations.
***
La porte s’ouvrit avant même que Sephiro ne fasse son offrande de magie en envoyant sa requête. Voilà qui était bien étrange songea le gardien. Son étonnement se fit plus vaste encore, lorsqu’il vit qu’on les attendait. Elena resta ébahie et bouche bée devant ce qu’il se dévoila sous ses yeux. Les jardins qui apparaissaient derrière la porte de l’académie. Elle ne s’aperçut de la présence de leur comité d’accueil que lorsque son regard se porta devant elle et non au loin. Elle cligna des yeux, les personnes qui se tenaient devant elle… la déstabilisaient. Sephiro s’inclina profondément devant les druides qui les attendaient.
— Bienvenue à l’Académie des Druides, dit une femme sans âge, je suis la druidesse Ceylane, nous vous attendions.
— Venez avec nous, ajouta-t-elle en se tournant, ses disciplines la suivirent d’un même mouvement.
Sephiro et Elena leur emboitèrent le pas de concert. Elena observait tout ce qu’il y avait autour d’elle. Un sentiment de déjà-vu s’empara d’elle et la laissa fort troublée lorsqu’ils passèrent près d’une vieille tour sur laquelle la nature avait somptueusement repris ses droits. Elle ne se rendit même pas compte qu’elle s’était arrêtée avant que Sephiro ne l’appelle.
— Elena ? Tout va bien ?
— Oui… oui, j’ai la sensation de connaître cet endroit… c’est étrange.
Sephiro prit doucement son coude.
— On reviendra plus tard si tu le souhaites, pour l’instant il faut les suivre.
La jeune femme hocha la tête, et reprit sa marche au travers des jardins. Leur traversée fut beaucoup trop courte à son goût, elle aurait aimé pouvoir observer toutes les plantes et architectures qui occupaient ces jardins, mais elle n’en eut pas vraiment le loisir. Elena n’eut pas trop longtemps le loisir de regretter leur absence de flânerie dans les jardins. L’architecture de l’académie, de son hall était impressionnante. Les pierres se mélangeaient assez savamment aux éléments naturels. Elena apprécia grandement l’importance que prenaient les éléments naturels dans ce cadre. Ceylane les attendait au pied d’un immense escalier, son visage sans âge et austère les fixait.
— Nous vous attendions depuis bien longtemps Elena Caerfyrddin.
— Je sais que nous avons du retard…, commença la jeune femme.
— Non, vous êtes pile à l’heure… répondit la jeune femme d’une voix claire comme le cristal. Votre amie nous a prévenus de votre arrivée, mais… nous savions que nous ne seriez pas là comme elle le disait.
— Comment le saviez-vous ?
— Les prophéties, dit-elle d’une voix énigmatique avant de frapper une fois dans ces mains.
— Conduisez nos invités à leur chambre. Veillez à ce qu’un repas leur soit porté ainsi que des vêtements propres, nous les recevrons dans trois heures, dit la druidesse avant de partir.
Elena resta quelque instant perdue avant de suivre une jeune adolescente en livré aussi blanche que la neige. On conduisit Elena et Sephiro dans une chambre tout ce qu’il y a de plus simple. Pourtant, elle était très élégante. Un grand lit à baladin en chêne occupait le centre de la pièce, et du mobilier en bois sculpté d’une main sûre et en même temps délicate. Elena glissa sa main sur le mobilier, elle n’était pas très matérielle, mais appréciait une belle œuvre.
— C’est beau n’est-ce pas ? Tu dois vraiment être très importante pour eux, ils t’ont mise dans l’une de leurs plus belles chambres… Celle réservée aux invités de marque.
— C’est votre chambre pour tous deux, dit la jeune novice qui les avait guidés, je reviendrais vous chercher dans trois heures, un repas vous serez apporté d’ici une trentaine de minutes.
— Merci, dit Elena, savez-vous où est Lara ?
— Elle est dans la bibliothèque ma Dame, dit-elle en inclinant légèrement la tête, vous pourrez la retrouver une fois que le conseil des Druides vous aura reçu. En attendant, nous vous saurions gré de rester dans votre chambre.
Sephiro hocha la tête, c’était classique pour l’académie, mais il vit Elena perplexe.
— Nous suivrons la procédure, dit-il avec gentillesse. Merci mademoiselle.
La jeune novice sortit et Elena se tourna vers Sephiro perplexe.
— C’est la procédure, le conseil des Druides reçoit toujours leurs invités trois heures après leur arrivée, pendant ce temps, ils ne peuvent se déplacer dans l’Académie. C’est aussi une question de sécurité, il y a des choses ici dont il vaut mieux ne pas s’approcher…
Elena comprit, il y avait comme une réminiscence en entendant les dires de son amant.
— Ils tissent un sort de protections contre ses choses dangereuses… souffla jeune femme.
***
Le conseil des druides fut à la fois assez rapide et en même temps infiniment long. Ils leur avaient parlé durant un temps qui paraissait interminable, leur expliquant les règles de l’académie. Ils ne les laissèrent parler à aucun moment ni poser leurs questions. La réunion, si l’on pouvait appeler cela ainsi, c’était terminé aussi abruptement qu’elle avait commencé. Elena avait hâte de retrouver Lara, elle avait tout de même énormément de choses à lui raconter. De même, elle avait très envie de savoir ce qu’il était arrivé à la jolie jeune femme et ce qu’elle avait pu découvrir durant ses dernières semaines. Elle demanda donc dès que possible à un novice où elle pouvait trouver son amie, et si elle se trouvait toujours dans la bibliothèque.
— Non, je vais vous conduire à elle, elle s’est isolée dans notre jardin d’hiver, dit le novice en l’invitant à le suivre.
Elena lui emboita le pas, mémorisant par du même coup le chemin. Elle se doutait que le jardin d’hiver lui plairait, elle était juste loin de s’imaginer à quel point ! La verrière immense était emplie de fleurs et plantes de tout genre et espèce. Un parfum entêtant sans être désagréable envahissait l’espace. Des fauteuils en osiers, emplis de coussin posé au sol ou suspendu créait des espaces agréables où l’on profitait bien de la lumière de l’après-midi. Elena découvrit Lara occupée à lire un livre presque aussi gros qu’elle dans un fauteuil suspendu confortablement installée avec une couverture. La jeune femme l’observa avant de dire,
— Ça va, tu mènes la belle vie !
Lara releva la tête, prête à en découdre avec la personne qui la provoquait ainsi. Son regard passa de la surprise à la joie en voyant que c’était Elena la fautive. Elle bondit du fauteuil et enlaça la jeune femme.
— Vous êtes enfin là ! Qu’est-ce qu’il s’est passé ? demanda-t-elle finalement en relâchant son amie.
— Je suis tombée malade, on a dû s’arrêter plus longtemps que prévu, heureusement nous étions dans un arbre-maison d’un territoire magique.
Le visage de Lara se couvrit d’inquiétude. Les deux femmes s’assirent et Elena lui raconta tout… y compris la récupération de certains de ces souvenirs. Elle termina par la bombe : elle connaissait Sephiro depuis son enfance. Lara resta bouche bée, elle n’arrivait pas à y croire !
— Sérieusement ?
— Sérieusement.
— Et aucun de vous deux ne s’en souvenait ?!
— Non, moi sûrement dû à mon amnésie, mais lui c’est sûr qu’il avait un sort de blocage ou quelque chose, il y a eu un relâchement de magie.
— Mhm, je vois. Je me demande qui peut bien avoir fait ça. Entre ton coma magique et les souvenirs de Sephi, cela fait beaucoup… Aussi bien, tes souvenirs absents ne sont dus qu’à un sort ?
— Je ne sais pas, mais cela doit être extrêmement puissant tout comme son lanceur… murmura Elena pensive.
Lara et elle discutèrent encore un long moment, jusqu’à ce qu’un novice vienne les quérir pour le diner.
Le soir venu, les trois amis se retrouvèrent dans la chambre d’Elena et Sephiro pour discuter, ils demandèrent à Lara ce qu’elle avait trouvé. Leur amie avoua qu’elle n’avait pour le moment pas trouvé quelque chose qui pourrait les aider. La bibliothèque était immense, et malgré les nombreux jours qu’elle y avait passés, elle n’avait pas réussi à trouver quelque chose qui les avancerait. Mais surtout, elle n’avait pas reçu l’autorisation de consulter un quelconque dossier ou archives sur Elena. Seule, la personne concernée ou sa famille proche pouvait y accéder… Et Lara n’était rien de tout cela. Elena comprit que le lendemain, il faudrait qu’elle demande les archives la concernant. Ils discutèrent jusque tard dans la nuit, avant que finalement Lara ne prenne congé. Elena tombait de sommeil et fit une rapide toilette avant de s’écrouler dans le lit et un soupire de plaisir lui échappa.
— Moi qui pensais être le seul qui y aurait droit, murmura Sephiro s’allongeant près d’elle et la serrant contre lui.
— Tu es jaloux du lit ? rit-elle
— Peut-être… mais j’espère bien te faire soupirer plus que cela…
— Seul l’avenir nous le dira, dit-elle en embrassant lentement, passe une bonne nuit…
— Toi aussi, souffla Sephiro en la serrant contre lui avec tendresse.
***
Plusieurs jours passèrent avant qu’Elena ne puisse rencontrer à nouveau le conseil des druides pour leur demander d’avoir accès aux archives la concernant. Un sentiment de malaise s’empara de la salle avant que l’un des druides n’accepte finalement. Après encore quelques jours, Elena put récupérer auprès du gardien de la bibliothèque une fine pochette la concernant. Elle s’installa à une table et ouvrit la chemise, le cœur battant. Trois feuilles composaient en tout et pour tout le dossier d’archive d’Elena. La jeune femme les lut avec appréhension. Son nom, son prénom, sa date de naissance, mais sur son année elle… tiqua. Ce n’était pas possible, il devait y avoir une erreur ! Elle continua de lire, et arriva sur la dernière page.
Un voile blanc se forma devant ses yeux au fur et à mesure qu’elle lisait les mots qui se succédaient sur le parchemin. Elle eut l’impression de flotter durant plusieurs instants au-dessus d’elle-même. Elle perdit petit à petit tous ses sens, la vue fut le premier, puis son ouïe, puis son toucher et son odorat et enfin le goût. Étrangement, elle ne paniqua pas : la lumière se faisait lentement en elle. Les sens lui revinrent, d’un coup. De même que ces souvenirs. Elle rouvrit les yeux sur le monde sachant parfaitement qui elle était à présent. Elle se souvenait. La lettre qui se trouvait dans son dossier d’archive. Cette lettre contenait une prophétie… et cette prophétie parlait d’elle. Après tout elle était la fille des deux Grands. Elle était l’enfant de Merlin et Morgane. Le fruit d’une union que personne n’aurait soupçonné. Elle se souvenait de tout. De l’amour et la haine qui les unissaient. Leur relation était complexe, contradictoire, mais infiniment profonde et passionnée. Une larme roula sur sa joue. Ils l’avaient laissé. Ils l’avaient laissé dans un monde qui se brisait et devenait chaotique, où l’harmonie se brisait... Avant de l’endormir d’un sommeil magique qui l’avait figée dans le temps. La laissant traverser l’espace et le temps jusqu’à rejoindre l’époque où vivait Sephiro… Où vivait son âme sœur… Huit cents ans plus tard. Elle avait du mal à comprendre, comment avait-elle pu connaître Sephiro enfant alors qu’elle était censée être dans un sommeil magique ? La réponse, il parut alors comme évident : sa réminiscence. La réminiscence de sa conscience, de celle qui avaient grandi solitaire avait rejoint l’époque de Sephiro et changer ses souvenirs. Elle n’avait plus grandi seule, elle avait grandi avec Sephiro naviguant entre son époque de souvenirs et celle où son corps arrivait. Elle inspira profondément, ses deux enfances prenant sens et logique, se mélangeant jusqu’à ce que la sensation que le monde tournait en accéléré. Elle se leva d’un bond. Il fallait qu’elle raconte ça à Sephiro et Lara. Elle prit la fine chemise regroupant les trois précieux documents sur elle et partie à la recherche de ses amis.
***
Sephiro s’entrainait lorsqu’il vit Elena arriver en courant. Il fronça les sourcils que lui arrivait-il ? Il rangea rapidement ses dagues dans son dos alors qu’elle sautait à son cou.
— Je sais qui je suis, dit-elle de but en blanc, j’ai retrouvé tous mes souvenirs…
— C’est une excellente nouvelle ! dit Sephiro un large sourire éclairant son visage, raconte-moi.
— Je suis la fille de Merlin et Morgane.
La stupeur se peignit sur le visage Sephiro.
— Une descendante tu veux dire ?
- Non. Leur fille… J’ai plus de huit cents ans…
— Mais c’est impossible…
Elena lui expliqua. Son père Merlin avait triché sur le temps.
— Il avait fait en sorte que je sache le maximum de chose avant de devoir partir… Mon corps était endormi jusqu’à rejoindre ton époque, mais j’ai en même temps vécu ce que je devais vivre par réminiscence. C’est comme si j’avais eu deux enfances : l’une avec mes parents, jusqu’environ mes neuf ou dix ans, et la seconde avec toi… C’est encore assez flou même si tout semble logique pour moi…, expliqua Elena quelque peu hésitante.
Sephiro l’invita d’un geste à continuer. La jeune femme poursuivit donc. Elle ne lui relata pas l’enfance et l’adolescence qu’ils connaissaient tous deux, mais celle qu’il ne connaissait pas. Cette enfance solitaire qu’elle avait passé durant ces années, elle avait été heureuse, mais très seule. Sephiro avait du mal à comprendre comment Merlin et Morgane avaient pu apprendre à leur fille à se battre ou pratiquer la magique alors qu’ils avaient déjà disparu.
— Ils n’ont pas disparu, dit-elle, ils sont la magie. Je les sentais, je les ai toujours sentis, mais surtout je les entendais.
— Ce n’est plus le cas à présent ?
— Je ne les sens plus comme avant… dit-elle la gorge serrée, je ne sais pas ce qu’il leur est arrivé…
— Peut-être se sont-ils plus fondus avec la magie ? supposa Sephiro.
— Ou le monde est beaucoup trop désharmoniser pour qu’ils puissent rester comme ils l’étaient.
Sephiro regarda lentement Elena.
— J’ai toujours du mal à croire que tu sois leur fille…
Une voix se fit entendre à l’autre bout du terrain d’entrainement.
— Et pourtant c’est le cas, dit Ceylane en les rejoignant un lourd ouvrage dans les mains, elle est leur fille, mais surtout l’unique enfant qui pourra sauver ou détruire notre monde.
Elle tendit le livre à Elena.
— Ceci vous revient, ils appartenaient à vos parents.
— Par Merlin ! jura l’argentée, je pensais qu’il aurait été perdu depuis !
— Nous protégeons ce livre depuis qu’il nous a été confié, dit la druidesse, votre mère nous l’apporta avant de disparaître. Nous avions pour tâche de leur confié à l’enfant des deux Grands, l’enfant de la prophétie… et c’est vous cette enfant.
Elena le prit avec émotion, remerciant Ceylane. Elle se souvenait parfaitement du vieux grimoire. Ses parents y notaient tout de leur sort, l’alchimie, mais aussi des enseignements divers et variés qu’ils voulaient transmettre.
— Restez toujours du côté de la lumière ma Dame… ne laisser pas les ténèbres vous gagnez… je les sens qui se battent en vous.
Elena se mordit la lèvre inférieure sans pour autant répondre se contenant de regarder intensément la druidesse qui prit congé sur un signe de tête.
Elena se détendit imperceptiblement. Comment savait-elle ? Elle n’avait pourtant rien dit, ni laissé paraître quoi que soit de ce qui se passait en elle.
— Qu’est-ce qu’elle voulait dire par là ?
— Elle parle de la prophétie.
— Quelle prophétie ?
Elena sortit alors un vieux parchemin de la chemise qu’elle tenait serrée contre elle et le tendit à Sephiro qu’il le lut.
« Enfant des Deux Grands.
Perdue dans le temps.
D’Ombre et de Lumière étant.
Harmonie et Chaos formant.
Sur ses épaules reposent,
La survie de toutes choses.
L’Équilibre ne pourra régner
Que si elle trouve la Clé. »
Il releva la tête vers la jeune femme.
— La Clé ? Quelle Clé ?
— Je n’en ai pas la moindre idée, soupira Elena, ce n’est pas dans mes souvenirs en tout cas.
Elle fut soulagée qu’il ne relève pas certains points de la prophétie qui avait vibré en elle pointant son anomalie du doigt.
— Explique-moi pour tes parents.
— Trouvons d’abord Lara, il faut lui raconter… Je te dirais tout ce que tu veux savoir sur mes parents ce soir.
Le Gardien hocha la tête. Il regarda Elena avant de dire.
— On prend un problème à la fois, savourons déjà la récupération de tes souvenirs, ensuite on s’occupera de cette histoire de prophétie et de clé.
***
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