Lettre de Silas

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Je ne sais pas comment t’appeler, ni même d’où est-ce que tu viens. Tu m’es apparu, sous la lune, jaillissant des flots obscurs, comme un naufragé rejeté par l’océan. Tes immenses yeux sombres se tournaient en tous sens, jusqu’à ce que ton regard se pose sur moi.

Tu n’as pas eu peur, moi non plus. Tu m’as dit que tu venais de la mer, à moi qui ne m’étais jamais senti à ma place, sur cette terre. Ton corps était pâle, nacré, tes cheveux longs et noirs. Cette nuit-là, nous avons parlé jusqu’à l’aube, puis tu es reparti.

Jamais, parmi mes pairs, je n’ai rencontré d’êtres qui m’aient ému comme tu l’as fait. Tu ne parlais pas beaucoup, mais ton visage exprimait des choses bouleversantes. Tes sourires emplissaient mon cœur d’une joie au-delà du monde, des émotions que j’ignorais pouvoir ressentir.

J’ai alors su que je ferais tout pour, à nouveau, éprouver ces sensations. Chaque nuit j’étais là, sur la grève, attendant que tu jaillisses des flots, comme un dieu naissant au monde. Je veux tout faire pour que tu m’offres tes sourires ; tu connais mon nom : utilise-le, comme je suis à toi.

Si le monde mérite le salut, aujourd’hui je le sais, ce n’est que pour toi. Je voudrais te garder pour moi, que ton image ne soit le trésor que de mes seuls yeux, et en même temps je ressens une telle fierté, une joie féroce à l’idée d’être celui qui se tient à tes côtés. J’aimerais que le monde sache, que tous te contemplent, car tu incarnes la perfection, à tous les niveaux.

Demain, encore, j’irai rejoindre l’océan et ses vagues alanguies, quand les étoiles s’éveilleront. J’attendrai ta venue et te parlerai de ce monde que tu n’oses pas encore parcourir. Tu me parleras des abysses où tu demeures, et j’écouterai, songeur.

J’ignorais ce qu’est l’amour avant que ton regard ne perce mes yeux et que tes paroles ne m’atteignent. Ce soir, je comprends et m’y voue corps et âme. Si c’est un jeu, nous en sommes les vainqueurs. Si c’est un tourment, je ne souffre que de ton absence.

Un jour peut-être, m’as-tu dit, tu m’emmèneras là-bas, loin sous la mer, alors je serai comme toi et plus rien ne nous séparera. Le monde d’en haut a perdu sa saveur et ses couleurs, depuis que je sais que tu existes, que ta présence a occulté leur faible soleil.

En attendant notre heure, je te promets l’infini et t’offrirai l’éternité.

S.

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