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Une fois le café soluble sans sucre avalé – le thé fruits rouges pour Ivan –, les poils arrachés par les pansements trop collants tout juste retirés, la toilette fugace effectuée, le désinfectant piquant pourtant supposé pas piquant à nouveau vaporisé jusqu’à l’habituelle montée de larmes, une réunion succincte imprévue organisée, les méchants corbeaux évoqués, recherchés mais toujours introuvables, Ivana, Éléna et Ivan se retrouvèrent face à l’énigmatique pierre.
– On recommence la traduction mais cette fois-ci d’une seule traite, ça vous va ? proposa Ivan.
– C’est parti.
– À toi l’honneur.
Ivan se pencha, inspira une grande bouffée d’air frais, resta quelques secondes immobile au-dessus de la pierre, promena son doigt sur les symboles et se lança :
Sachez et ayez conscience de ce que vous vous apprêtez à faire.
– Tout simplement "prenez conscience", non ? suggéra Éléna.
– Euh… tu comptes m’interrompre à chaque phrase ? la questionna Ivan en se redressant et en croisant les bras sur sa poitrine. Parce que dans ce cas là je te le renvoie, ton « à toi l’honneur ».
– Pitié non, ne recommencez pas, on était bien partis, à ce rythme là chaque ligne va nous prendre une journée, se désola Ivana.
– Très bien, très bien, je ne dirai plus rien, garde-le ton « à toi l’honneur », se vexa Éléna.
Ivan s’affaissa, expira un long souffle, resta quelques secondes proscrit, inspira un bon bol d’air frais, se redressa et se lança :
– Non non, c’est juste que…
– Que ?
– Que je ne traduis pas aussi fidèlement que tu le ferais, Éléna. Je tâtonne, grammaticalement mes phrases ne sont pas folichonnes, ça m’agace et je deviens susceptible que tu me reprennes. Bien sûr que tu peux intervenir.
Éléna se détendit un peu et accepta la trêve :
– Nous sommes si près du but que je suis un peu à cran et que j’en deviens irritable. Je veux être ici, et là, à tout gérer, mais nous sommes une équipe et…
– Excuses acceptées !
– Euh…
– Parfait ! On reprend ! sauta sur l’occasion Ivana.
Éléna la dévisagea, un sourire en coin, hochant la tête elle fit une proposition :
– Bon, Ivan, je ne t’interromprai que si le sens de ta traduction est à l’opposé du mien.
Ivan s’apprêta à répondre mais elle ne lui en laissa pas le temps :
– Ce qui ne veut pas dire que je vais forcément t’interrompre, d’accord ?
Encore une fois, alors qu’Ivan allait répondre, Éléna, emportée par son élan de paix, insista :
– Non plus que j’aurai forcément raison si je t’interromps, hein ?
Une fois de plus, Ivan… mais, Éléna… :
– Mais pas non plus que j’aurai forcément tort, car j’aurai certainement raison, mais le tout sera d’en débattre de manière constructive, ça te va ?
Silence. Ivan ne se pressa pas, s’assurant que la tempête Éléna était passée. Il eut le droit à un soubresaut :
– Tu ne dis rien, ça ne te va pas ? Le « j’aurai certainement raison » était de trop, c’est ça ?
Ivan, pourtant disposé à la rassurer, n’en eut guère le temps, Ivana s’empressa de s’interposer :
– Bien sûr que ça lui va ! On fait comme ça ! C'est reparti !
« Ils ont recommencé, alors qu’ils étaient si bien partis… À ce rythme là, chaque ligne... va leur prendre une journée… »
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