Je ne me suis pas encore endormi quand mon téléphone se met à sonner. Je l’attrape du bout des doigts et regarde l’écran. Voir le nom de Lista chasse tout le sommeil qui commençait à me gagner.

— Allô ?

— Joshua, je suis désolée, je ne savais pas qui appeler…

Elle a l’air dans tous ses états. Je me lève rapidement de mon lit et essaye de la calmer, mais je l’entends pleurer de l’autre côté. Il n’y a pas le bruit de la fête, ce qui me laisse penser qu’elle n’est plus chez Jérémy.

— Qu’est-ce qui se passe ? Tu es où ?

— Je suis parti, je… Je suis désolée, je vais…

— Où tu es ?

Je cale mon portable entre mon oreille et l’épaule, et j’enfile à la hâte un pantalon. Elle me raconte qu’elle est à quelques rues de la fête, mais quand je lui demande pourquoi elle est partie elle refuse de répondre. Je lui demande de ne pas raccrocher tandis que je finis de me rhabiller et que je traverse le jardin pour entrer dans la maison.

— Je vais venir te chercher, dis-je en choppant les clés de la voiture de maman sur la commode de l’entrée.

— Je ne veux pas t’embêter, dit-elle entre deux sanglots.

— Tu ne m’embête absolument pas.

Pour ce qui est de m’inquiéter, c’est une autre histoire. Je mets le téléphone sur haut-parleur et le laisse sur le siège passager quand j’enclenche la marche-arrière. J’espère que mes mères ne vont pas être réveillées par le bruit de la voiture.

Lista reste silencieuse le temps que je la rejoigne. Elle se contente de répondre à mes questions lorsque je m’assure qu’elle est toujours à l’autre bout du fil. Je stresse et je m’inquiète un peu plus à chaque mètre de route que la voiture engloutit. Je finis par la trouver sur un trottoir à quelques pâtés de maison, éclairée par la lumière jaune d’un lampadaire. J’arrête la voiture juste à côté d’elle.

Je la rejoins et lui ouvre la porte. Quand je vois qu’elle frisonne, j’enlève ma veste et la met sur ses épaules. Un court instant, je me fais la réflexion que ça devrait être le rôle de Jérémy d’essayer de la réconforter. Une fois tous les deux à l’intérieur, je ne démarre pas tout de suite.

— Qu’est-ce qui s’est passé ? Je demande doucement.

Je fais de mon mieux mais j’ai aucune idée de comment je dois me comporter, et de ce que je dois faire. Je n’ai jamais été assez proche de quelqu’un pour me retrouver dans une situation similaire. Lista m’a appelé parce-qu’elle me fait confiance et je tiens à montrer que j’en suis digne, et que je suis capable de l’aider.

Je sais bien que la déposer devant chez elle sans chercher à savoir ce qui s’est passé serait une grosse erreur.

— La fête a dérapé, dit-elle. J’aurais jamais dû y aller.

Je grince presque des dents. Elle a visage rouge, les yeux larmoyants et les joues humides. Elle n’arrête pas de plisser sa robe, et de tirer sur l’ourlet.

Quand je suis parti, tout semblait très bien se passer, pour elle. C’était il y a à peine deux heures.

— Quelqu’un t’a fait du mal ?

Elle essuie une larme qui tombe sur son joue, mais reste silencieuse.

— Lista, je veux t’aider. Mais il faut que tu me dise…

— C’est rien, Joshua.

Elle ne croit même pas à ses mots.

— C’est rien ? Je m’exclame. Lista, tu es parti en pleures de cette fête. Tu m’as pas appelé pour que je me contente de ça, je veux t’aider. Il faut que tu me dises ce qui s’est passé !

— Jérémy a voulu qu’on couche ensemble, lâche-t-elle tout d’un coup.