Chapitre 16 - Lyam

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TW : scène érotique

Depuis que Tara est arrivée, Bei fait la gueule et avale coup sur coup des verres de whisky sec. Cela aurait dû être une soirée, comme celle de chaque année, où j’aurais profité des filles sur la piste de danse, de Tara, ou même de plusieurs en même temps, comme ça a pu déjà m’arriver. Mais non, ce soir mon esprit reste focalisé sur celle que j’ai fuie pendant plusieurs jours. Là, elle danse sans discontinuer aux rythmes des basses, ne faisant cas des hommes qui lui tournent autour. J’ai bien compris qu’elle se sentait complexée, alors que même si elle a plus de rondeurs que les nanas avec qui je baise habituellement, elle est super sexy ! Surtout dans cette robe à damner un mort. Sous les jeux de lumières des spots, elle est comme enveloppée d’une aura angélique, comme sa tenue. Ses ailes encombrantes lui permettent d’être dans une bulle infranchissable. Je ne cesse de me mordre la joue pour éviter à mon sexe de réagir devant cette image d’elle. Je suis complètement subjugué. Et, même si je l’ai évité, encore, ses derniers temps histoire de faire le point avec mes pensées et mes sentiments, les résolutions que j’avais pris de ne pas coucher avec elle, semblent vouloir foutre le camp. Oui, Bei m’attire. Mais je ne suis toujours pas prêt à laisser la place vide dans mon cœur à quelqu’un d’autre. Si je faisais un pas vers elle, elle en souffrirait à coup sûr. Et je la respecte trop pour ça.

Tara s’assied sur mes genoux comme si j’étais son foutu siège. Il est vrai qu’habituellement je m’en moque un peu, mais là, ça me dérange. Le regard attristé de Beibhinn me revient sans cesse en tête.

— Elle est jolie.

Je tourne la tête vers la voix de la blonde qui vient de parler.

— De ?

— Beibhinn, c’est ça ? Elle est jolie.

Ce n’est pas une question. Oui, Bei est jolie, solaire, a des yeux dans lesquelles on pourrait s’y noyer des heures.

— Elle me fait penser à Erin dans sa façon d’être. Ses gestes ? Non, ce n’est pas ça. C’est son regard, son visage, peut-être.

Je la repousse vivement et me redresse avant de me diriger vers les toilettes, j’ai besoin de respirer un instant, et je ne veux pas parler d’Erin avec Tara ! Elle a beau avoir partagé quelques instants charnelles avec nous, je refuse d’aborder avec elle le sujet Erin ou même Beibhinn.

Arrivé devant le lavabo, je m’asperge d’eau glacée. Je n’ai pas le temps de réfléchir que la porte s’ouvre et que la tornade Nya débarque.

— Putain, c’est les chiottes de mecs !

— Je m’en contrefous ! À quoi tu joues ? rage-t-elle.

— Je ne vois pas de quoi tu parles.

— Bei à moitié bourrée dans les bras d’un connard, et Tara se dandinant sur tes genoux !

Mon cerveau s’est stoppé à l’instant où les mots dans les bras d’un connard ont surgi de la bouche de ma sœur. Je vais la faire souffrir ! Merde, personne ne le voit ? Je ne suis pas un mec pour elle ! Je ne peux pas lui offrir ce qu’elle mérite et est en droit d’avoir ! Alors, pourquoi mes pieds m’amènent vers la piste de danse. Plus décidé que jamais, je dégage ce mec qui a posé ses sales mains sur ses fesses pour la rapprocher de lui. Beibhinn est là, belle comme l’ange qu’elle est. Cet être pur que je n’ai pas le droit d'abîmer. Je ne dois pas la toucher, distiller mon mal-être qui coule dans mes veines, mais je n’arrive pas à détacher mes rétines de ce tableau ensorcelant. Elle ne semble même pas se rendre compte de ce qu’il vient de se passer car, les yeux fermés, elle danse un verre à nouveau plein dans les mains. Ses gestes commencent tout de même à ne plus être aussi fluide qu’en début de soirée. Ses yeux s’ouvrent, mais restent voilés par l’alcool. Mes dents grincent lorsqu'une pensée émerge dans mon esprit essayant de s’insinuer. Peut-être est-ce le désir qu’elle pouvait ressentir dans les bras de l’autre connard qui la met dans cet état ? Je n’ai pas le temps de repousser cette idée que ma sœur débarque à mes côtés. Elle observe Beibhinn d’un air navré.

— Je vais la ramener chez elle, ce n’était pas une bonne idée. J’aurais dû l’écouter…

Elle amorce un mouvement, mais je l’arrête d’une main sur son bras. Encore une fois, mon instinct agit contre ma volonté. Nya m’interroge de ses iris bleus. Les mots se bloquent dans ma gorge, je n’arrive pas à exprimer ce que je veux faire. Je ne le sais pas moi-même. Putain, j’avais pris la décision de ne pas m’approcher de Beibhinn, mais j’en suis tout bonnemet incapable ! Les traits de Nya s’adoucissent, peut-être comprend-elle ce que moi je me refuse d’admettre ? J’avance, attrape doucement le verre des doigts graciles de Bei et le tend à ma sœur. Les yeux verts m’observent faire.

— Où est mon cavalier ?

Putain, elle cherche le mec qui se frottait à elle. Ça me fait mal.

— Il est parti, répond ma sœur

Nya me sauve. J’aurais été incapable de lui répondre. Cependant, ce que je n’avais pas vu venir, c’est l’air abattu de Bei. Cet air qu’elle a porté presque toute la soirée, sauf lorsque les mains de l’autre étaient sur elle. Je me tourne vers ma sœur qui me rassure d’un sourire, puis d’un baiser sur la joue.

Le chemin jusque chez Bei est silencieux. Je vois bien qu’elle refuse de me regarder. Je garde mes distances depuis qu’elle a failli trébucher. J’ai voulu la rattraper mais elle s’est rapidement dégagée de ma poigne. Dire que son geste ne m’a rien fait, est une grossière erreur, tout comme mon initiative de vouloir la raccompagner. L’air frais semble me remettre les idées en place, ou peut-être l’absence du mec qui dansait avec elle. Alors je marche à ses côtés, renfrogné comme jamais.

Une fois devant chez elle, Bei s’énerve sur son petit sac à main.

— Qu’est-ce qu’il y a ? chuchoté-je.

Elle se tourne enfin vers moi. Ses yeux perdus, des larmes coulent le long de ses joues. C’est un véritable combat que je mène contre moi-même pour ne pas y poser ma main et sécher une à une ces perles d’eau salée. Néanmoins, j’attrape sa pochette et trouve ses clés en moins d’une seconde. J’ouvre la porte et laisse la propriétaire des lieux entrer en premier. En passant le chambranle, elle manque de s’écrouler. Je la rattrape in extremis. Je ne sais où mettre mes mains sans que cela ne soit perçu pour un rapprochement, mais force est de constater qu’elles se sont posées d’elle-même, comme mue par l’envie de toucher la peau de Bei, sur ses hanches. Sa respiration devient lourde lorsque je la pousse doucement vers son canapé. Je pars directement dans sa cuisine ouverte sur le salon. J’attrape un verre séchant sur le rebord de l’évier, le remplit d’eau. Alors que je lui amène, je reste partagé entre deux sentiments, la fuite ou succomber. Lequel prendra le dessus ?

Elle me remercie du bout des lèvres avant d’avaler l’eau fraîche et m’indique de m'asseoir à ses côtés. Tant que j’étais debout, je pouvais mettre une certaine distance de sécurité entre elle et moi, mais là, les fesses sur le cousin le plus loin d’elle, ça devient très compliqué. Puis, je l'entends ricaner, un de ces sons sans joie, plein de souffrances, de peines.

— Qu’est-ce qui se passe ? osé-je demander.

— Une accumulation… soupire-t-elle. Je crois que je fais fuir tout le monde. Et que je suis saoule !

Elle pose son regard sur moi. Me détaille sans pudeur comme jamais elle ne l’a fait. Puis, sur la distance entre nous.

— Regarde, même toi qui couche avec tout ce qui bouge, tu ne veux pas me toucher.

Je prends en pleine gueule l’opinion qu’elle a de moi, mais également sa souffrance. Mon masque d’insensibilité se fissure de plus en plus.

— Allez Bei, je te mets au lit, changé-je de sujet, soudain mal à l’aise.

Je la relève de son canapé, passe son bras autour de mon cou et l’accompagne jusqu’à son lit. Ses doigts caressent les cheveux sur ma nuque qui se recouvre de chair de poule.

Devant son lit, je la détaille. Elle est encore en robe, mais je ne me vois pas la désaper.

— Euh… je te laisse te déshabiller. Ça ira ?

Elle baragouine quelques mots que je vais prendre pour un oui.

— Je vais te chercher de l’aspirine.

— Salle de b… en haut.

Mon dieu ! Je vais passer outre le rôt pas très classe qui sort de sa bouche.

Je sors en hâte et monte les escaliers qui mènent à la salle de bain de l’étage en espérant retrouver toute ma lucidité. Je fouille dans les tiroirs, puis dans un éclair de génie je regarde dans les armoires du haut. Elle n’aurait pas laissé de médicaments à hauteur des enfants. Quand on y pense, c'est très curieux le grand écart d’attitude entre son rôle de maman et celui de ce soir.

Je redescends, récupère le verre sur la table basse avant de le remplir d’eau. Devant la porte de la chambre fermée de Bei, je toque et entends un gémissement. Mince ! Peut-être qu’elle est tombée, au vu de son alcoolémie, ce ne serait pas impossible, ou alors elle vomit ? Je l’appelle, mais aucune réponse ne me parvient. Et si elle était inconsciente ? J’entre affolé, le verre et la boîte d’aspirine à la main. J’avance d’un pas puis me stoppe net. Je reste complètement con devant la scène que j’ai sous les yeux. Beibhinn a le corps légèrement arquebouté. Sa bouche entre ouverte émets de légers râles de plaisir, une de ses mains sur son sein et la deuxième fait des va-et-vient au niveau de son sexe. Putain, dans quoi je me suis encore fourré ? Je devrais faire marche arrière, mais alors pourquoi je n’y arrive pas ? Pourquoi mes pas se dirigent irrémédiablement vers elle ? Je dépose machinalement ce que j’ai dans les mains sur la console à mes côtés. Je dois faire plus de bruits que ce que je pensais car son visage se tourne vers moi et ses yeux s’ancrent aux miens.

— Lyam, souffle-t-elle.

Je respire profondément. Qu'est-ce que je fous ? Est-ce que je me laisse aller ? Depuis la journée au château, je ne cesse de penser à la sensation de plénitude que j’ai éprouvé lors du pique-nique. Elle, moi, les enfants. Cette impression d’être en famille, entier. Mais si je franchis les derniers centimètres qui me séparent d’elle, on va forcément aller droit dans le mur. Je ne veux pas d’une relation sérieuse, plus depuis Erin. Je ne peux pas !

— Viens.

Je secoue la tête et l’observe me tendre la main. Ses autres doigts s’activent toujours dans son sexe. Ma queue est tendue au possible devant le spectacle auquel j’assiste. Un nouveau gémissement gronde dans sa gorge, ses paupières se ferment, accusant le plaisir qui grimpe en elle, sa langue qui humidifie ses lèvres sûrement devenue sèche par sa respiration haletante. Je n’y tiens plus et comble le peu d’espace entre elle et moi. C’est foutu, toutes mes belles paroles, mes résolutions, plus rien n’existent face à cette femme qui me désarçonne. J’ai envie d’elle, envie de sentir son corps sous moi, de la prendre, de m’enfoncer en elle. Ses doigts s’entrelacent aux miens qu’elle vient déposer sur sa poitrine pointant vers moi. S’il me restait un soupçon de raison, elle fout le camp à l’instant où sa main se pose sur mon sexe qui étouffe sous mon jean. Je porte mon attention sur ce qui semble lui procurer tellement de plaisir entre ses jambes. Je suis surpris quand j’aperçois un objet entrer et sortir en rythme. Un gode ! Beibhinn se masturbe avec un sextoy ! Je dois avouer que ça me surprend autant que ça m’excite. Encore une fois, je l’ai sous estimé. Ma main libre glisse sur son ventre, se dirige lentement dans de délicats effleurements vers son mont de Vénus, écarte ses lèvres pour titiller son clitoris. Elle se tortille sous mes caresses de plus en plus appuyées. Elle délaisse son jouet. Le souffle court, je la regarde enlever les boutons un à un. Mes genoux cognent contre le matelas, alors qu’elle se redresse légèrement. D’un coup, Bei baisse mon futal et mon caleçon dans un seul geste pour s’emparer de ma queue qui ne réclame que son attention. Sa langue cajole mon gland, avant de la prendre entre ses sublimes lèvres. Je ne maîtrise plus rien, je ne le veux plus. Sans doute que je le regretterai après. Mes doigts délaissent son mamelon pour agripper sa chevelure. Mon autre main attrape son jouet et je me mets à la baiser avec le même rythme qu’elle me baise sa bouche, que ses doigts qui se baladent sur mes jambes, mes bourses. C’est indécent, cru, presque bestial, mais tellement enivrant. Nous laissons nos instincts les plus primaux, nos corps réagir, guidés par cette tension qui nous bouffe depuis des semaines. Nos souffles, nos gémissements sont les seuls sons qui percent dans l’intimité de sa chambre. Nous nous livrons bataille, c’est à celui qui amènera le premier au bord du précipice. Mon regard alangui se pose sur ses lèvres qui avalent mon sexe jusqu’à buter au fond de sa gorge, puis sur ma main qui continue ses gestes de façon désordonnée, je ne sais plus où donner de la tête, elle tourne. Je suis à deux doigts de jouir, je n’ai qu’une envie, exploser dans sa bouche devenue rouge. La luxure qui est peinte sur son visage est ce qui me fait décoller. Je n’arrive plus à me retenir. Ma délivrance est salvatrice. La tension s’évapore en même temps que mes cris de bien-être s'échappent de ma gorge. J’oublie tout, le temps de plusieurs secondes, je me sens serein comme je ne l’ai plus été depuis ce fameux soir. Puis, mon subconscient se réveille en même temps que Bei avale ma semence, le jouet toujours dans ma main. Ses magnifiques yeux plongent dans les miens, puis d’autres se superposent aux siens, prennent une teinte marron, ses traits se transforment le temps d’un clignement de paupière. Des images oubliées d’Erin, de moi, et parfois d’inconnus lors de soirées où seuls les fantasmes à assouvir ont leur place. Qu’ai-je fait, putain ? L’espace d’un instant, je me suis laissé aller bien plus que dans n’importe partie de jambes en l’air. Elle a réussi à dissiper le mal-être enfoui dans mon cœur, à prendre la place qui n’est pas la sienne dans mes tripes. Elle ne doit pas ! Une crise d’angoisse me gagne. Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas autant senti submergé par de telles émotions. Je dois fuir, encore. Toujours. Je ne suis peut-être qu’un lâche, c’est même une certitude. J'arrête tout mouvement, mes mains tremblent, mes paupières se remplissent de larmes que j’ai longtemps essayées de contenir. Je lâche le gode sous son regard interrogateur. Je me rhabille à la va-vite et pars sans un regard en arrière.

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