Fenêtre sur cour
Silvio embrasse sa maman et enfile son pyjama. Il passe aux toilettes, puis dans la salle de bain, il se nettoie les mains et les dents. Il retrouve le paisible refuge de sa chambre, une petite pièce qu’il partage avec son frère aîné. Son père leur a fabriqué des lits superposés, Julio dort en haut, car il est plus grand, et comme tous les cadets, Silvio a hérité du bas.
Avant de se coucher, il profite de ce moment de solitude et s’assied à son bureau devant la fenêtre. Il prend son carnet secret et, éclairé par une lampe de poche, rédige d’une écriture lente et appliquée l’histoire de la journée. Lorsqu’il arrive à l’épisode des chats, un rayon de lune se reflète étrangement sur son stylo. Il lève les yeux et regarde l’astre nocturne qui brille au-dessus des murailles de l’Arsenal. L’eau du port se réverbère sur les briques rouges. Silvio admire la lumière de la lune animée du mouvement paisible des vaguelettes. Elle semble lui tracer un chemin, Silvio le suit jusqu’au quai plongé dans l’obscurité.
Sur le pavé encore chaud, deux petits points lumineux, les yeux brillants d’un chat, d’un énorme matou qui l’observe. Intrigué, le garçon l’étudie attentivement, puis pense le reconnaître, c’est celui du Campo de la Celestia ! Le Roi des galeux de Celestia !
Leurs regards se croisent, le moment se prolonge, aucun des deux ne souhaite mettre fin à ce muet échange. Puis, le félin incline la tête, s’étire langoureusement et s’éloigne de sa démarche nonchalante. Silvio l’observe alors qu’il disparaît au détour de l’immeuble. Songeur, il finit de remplir son journal, bâille et se couche.
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