12 (partie 2)
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Léo
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J'ai mal bordel...
Ils ne m'ont pas loupé ces pauvres types. À dire vrai, je ne pensais pas qu'ils viendraient s'en prendre à moi de façon aussi directe. À la rigueur, j'avais plutôt imaginé une sorte d'embuscade dans un coin sombre, afin que personne ne les voit me refaire le portrait. Mais visiblement, le fait de passer pour des personnes lâches en s'en prenant à moi alors qu'ils sont trois, ne les dérange absolument pas. Pauvre monde vraiment.
Et en plus, Elio qui vient rajouter son petit grain de sel, pour finalement se faire envoyer au sol sans n'avoir ne serait-ce que lever la main. Mon dieu...
Sur un coude, je me redresse pour me tenir un peu plus convenablement, et jette un regard de biais à Elio, qui lui-même m'observe avec une certaine anxiété.
- Pourquoi tu les as pas écouté, abruti...
- J'ai dis à Mia que je t'aiderai, alors je vais tenter de te sortir de là.
- Ah ouais, et comment ? Je te précise que tu as le cul par terre là.
- Toi aussi, et pourtant rappelle-moi qui de nous deux a eu la chance de voir toutes ses aptitudes développées par le Reboot ?
Il hausse les épaules, et je vois son regard s'assombrir tandis qu'il tourne à nouveau la tête vers nos trois assaillants qui pour une raison obscure, rigolent à gorge déployées.
Ce n'est pas l'envie qui me manque de leur faire ravaler leur moquerie à grands coups de pieds, sauf que malheureusement c'est moi qui suis en mauvaise posture.
Elio, à côté de moi, se redresse enfin, et lance un dernier signal d'alarme aux trois garçons m'ayant attaqué, avant que ses poings ne se crispent et que les dents serrés, il ne murmure quelque chose que je n'arrive pas à entendre.
Puis, tout d'un coup prit d'une impulsion soudaine, il se jette en avant, et décoche un coup de poings monstrueux au premier type, qui sous la surprise, n'a pas le temps d'esquiver. L'impact me semble vraiment violent, et à peine ai-je le temps de constater ce qu'il se passe, qu'un craquement s'élève dans le silence qui nous entoure désormais. Si je ne dis pas de bêtise, il me semble bien que Elio vient de casser la mâchoire du plus grand des trois types, avec une facilité déconcertante.
- Oh bordel, chuchote l'un des deux garçons encore debout, en avisant leur comparse s'écrouler au sol dans un choc sourd, tenant son visage à deux mains.
Elio, semblant totalement déconnecté de ce qu'il vient de se passer, secoue la main qu'il a utiliser pour asséner son coup de poings, et me fait signe de me relever.
- Vous avez toujours envie de lui cogner dessus ? gronde t-il.
- T'as juste eu de la chance, s'écrie l'un des deux autres garçons.
Elio lui lance un regard meurtrier, avant de faire un pas en avant, tandis que l'autre, recule.
- Tu as peur de moi, remarque t-il.
- Pardon ? Moi avoir peur d’un Nouveau ?! Et puis quoi encore ?!
Je me redresse enfin, mes jambes flageolantes me portant à peine, et m'étire en grognant. Un à un, mes muscles se détendent, et je les considèrent tous les deux d'un regard froid.
- Bon maintenant, on arrête de plaisanter ! Je vais vous éclater la gueule !
Elio se tourne vers moi, soupire d'exaspération, et me désigne le plus mince des deux belligérants. Celui qu’Elio a envoyé au tapis, vient de s'évanouir à nos pieds.
- Occupes-toi de lui, je gère l'autre.
- Me donne pas d'ordre Sam.
- Je m'appelle Elio.
- Tu connais pas les Totally Spies ?
Je souris pour moi-même, fier comme un coq de ma blague, et avance dans la direction de ma cible. Elio me regarde, sidéré.
- ... Sam, répète t-il, décontenancé.
Puis, je ne porte plus aucune attention de son côté, bien trop concentré sur mon adversaire, qui malgré ses grands airs, n' a pas l'air d'en mener bien large. À vrai dire, il semble même terrifié, le regard rivé sur son ami au sol.
- Regarde-moi et bats-toi, ou tu vas voir !
Il n'a pas le temps de répliquer, que je me jette en avant, les bras tendus, pour lui attraper le cou et l'entraîner avec moi dans ma chute.
Leur assaut m'a vidé, alors autant vite en finir.
Je le bloque au sol, assis à califourchon sur ses hanches, et lui serre le cou avec force, tandis que ses joues commencent à se teinter d'un rouge ma foi plutôt satisfaisant.
- Léo, vas-y doucement, me lance Elio.
- T'inquiètes, dés qu'il tombe dans les pommes, je le lâcherai... ou peut-être un peu après, selon mon humeur.
Il me semble l'entendre acquiescer, dans mon dos, et en moins de une minute, mon prisonnier finit enfin par cesser de se battre, et par tomber sans plus de résistance dans une douce inconscience.
- Tu en est où ? je lance à Elio en me relevant.
En tournant la tête, je croise son regard, tandis qu'il semble lui-même m'attendre, tranquillement assis dans l'herbe, en tailleur. À côté de lui, le deuxième garçon dont il était censé se charger, est étendu face contre terre, inerte.
- En fait tu cachais bien ton jeu, je marmonne en m'approchant de lui.
- Je n'aime pas me battre.
- Ah bon ? Bah laisse-moi te dire que ça ne se voit pas des masses.
Il secoue la tête, soupire, et finit par se lever, pour me faire face. Rien sur son visage ne laisserait croire qu'il vient de terrasser deux personnes en moins de dix minutes. Il est...comme d'habitude. Le même regard froid, les mêmes traits entre la tension et la colère froide.
- Allons-y, il nous reste encore du boulot avant que cette épreuve ne se termine.
- Moi c'est fini, je vais aller me cacher et attendre la fin du test, réplique t-il.
J'ai envie de lui rétorquer que ce n'est pas en agissant de la sorte qu'il fera avancer la situation, mais je referme bien vite la bouche. À quoi bon le garder avec moi, si il a décidé de ne plus se battre ? Je sais bien qu'il y a quelques minutes, il n'en est venu aux mains seulement car c'était la seule façon de s'en sortir, pour lui comme pour moi.
Soit, qu'il fasse comme il veut.
Lorsque l'alarme de fin d'épreuve retentit enfin, je suis en train de courir afin d'atteindre une sorte de cachette où j'ai abandonné Elio, il y a bien de cela une heure. Et je dois dire que le fait que le test soit fini, me soulage. Je n'en peux clairement plus de me battre et de fuir, comme si j'étais sur un terrain de guerre, alors que bon, soyons honnêtes, je n'ai pas tellement demander à être ici.
Je ralentis ma course à hauteur de la cachette de Elio, et le remarque immédiatement, ses mèches rousses dansant doucement au gré du léger vent qui nous entoure depuis ce matin.
- Oh, Merida, on y va.
- Tu vas vraiment faire le tour des personnages de fiction roux juste pour me donner des surnoms ? Est-ce que c'est seulement pour me rabaisser ?
- ... p'têtre. Allez, magne.
Il soupire, encore, et s'extirpe de sa planque avant de me rejoindre avec de grandes enjambées. Il n'est pas très grand, en tout cas il l'est moins que moi, et pourtant, il est plutôt rapide. Bien sûr, je sais que Reboot n'y est pas pour rien, mais tout de même.
- Il faut retourner au terrain de sport, je lui lance en partant.
- Comment tu le sais ?
- Hé mais t'as dormi ou quoi ? Ils viennent de le dire dans les hauts-parleurs !
- Désolé.
Il baisse la tête en se mordant la lèvre, et je roule des yeux. Bon sang, qu'est ce qu'il peut être plat ce type.
En arrivant enfin au terrain de sport, nous remarquons que la bonne majorité des internes sont déjà présents, dont Mia aux côtés de Jeremy et de Sarah, qui semble nous attendre avec impatience. Un bleu a fleurit sur sa pommette, mais hormis ça, elle ne semble pas vraiment blessée. Sarah elle, est plus amochée, avec une lèvre fendue et un début de coquard, tandis que Jeremy lui, semble indemne.
- Léo ! Léo on est là ! Elio !!
Elle nous appelle en accompagnant ses cris stridents de grands gestes qui la font passer pour une véritable attardée mentale, mais enfin, qu'importe.
- Lou n'est pas là ? je demande en la rejoignant.
- Non il...
Elle s’interrompt subitement, les yeux écarquillés, en analysant mon visage.
- Je te jure que ça paraît plus douloureux que ce ne l'est en réalité...
- Mais..., mais... Léo ton visage !
Elle se hisse sur la pointe des pieds, et empaume mon visage avec un froncement de sourcil traduisant son inquiétude. Du doigt, elle redessine ce qui doit être une coupure autour de mon œil, tout en grommelant des injures à la direction de, je cite ''l'enfoiré qui m'a défoncé''.
- Qui t'as fait ça ?
- On s'en fou Mia, ça fait pas mal de toute façon.
- Mais bien sûr, tu m'a prise pour une buse ou… ?
- Tu pourrais pas juste me croire et passer à autre chose ?
- Léo, tu pisses le sang là, faut aller à l'infirmerie.
Je roule des yeux, soupire, et pose mes mains sur les siennes, alors qu'elle tient encore mon visage.
- Je vais y aller, j'attends juste de savoir ce que les surveillants veulent nous dire.
Je vois à sa mimique qu'elle n'est pas d'accord, mais je l'ignore, et me concentre plutôt sur le surveillant au milieu du terrain, en train de taper dans ses mains pour attirer notre attention.
Où est Lou bordel... ?
- Votre attention s'il vous plaît !
Le brouhaha se calme à peine, malgré ses hurlements, et ce n'est qu'au bout de cinq bonnes minutes, que le niveau sonore diminue, et que nous pouvons enfin l'écouter.
- L'équipe bleue arrive première, annonce t-il sans plus de préambule. Les classements des deux équipes seront affichés dans le hall de l'internat dans la soirée. Ceux qui sont blessés sont priés de se rendre à l'infirmerie. Les cours reprendront cet après-midi, jusque là vous avez quartier libre, et j'attends les quatre Nouveaux au bâtiment des simulations dans vingt minutes. Ce sera tout, merci pour votre attention.
C'est rapide, net et concis. Heureusement, je déteste les discours durant plus de trente minutes pour au final ne rien dire. Par contre, quelque chose qui a légèrement le don de m'énerver, c'est...
- On a perdu ? C'est une plaisanterie ? Mais on les a explosés, c'est pas possible ça !
- Calme-toi, tente de me tempérer Jeremy.
- C'est vrai ça, pète un coup Léo, on parle d'un stupide test, en ce qui nous concerne en tout cas.
Mia me lance un regard me signifiant clairement de ne pas surenchérir, avant de se tourner vers Sarah, les mains sur les hanches.
- Où est l'infirmerie ? On va y aller rapidement, pour Léo. Et pour voir si Lou ne s'y trouverait pas, par hasard.
- Suivez-nous, je vais vous montrer. Elle est dans le bâtiment administratif.
Nous acquiesçons tous trois sans vraiment nous poser davantage de question : si je proteste, Mia va me houspiller, et de toute manière, il nous faut bien aller retrouver le quatrième membre de notre quatuor, non ?
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