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Mia
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Le chemin entre notre maison de passage et l'immeuble des réunions me paraît diablement court aujourd'hui. Peut-être parce que je n'ai aucune envie d'y retrouver Lou à qui je devrais à nouveau me confronter, ou bien mes parents qui risquent fortement de me passer une soufflante pour l'escapade de ce matin. Non, franchement, je préférerai mille fois être une souris terrée au fond d'un terrier plutôt que de devoir tous les affronter avant de me joindre à la réunion de Andres.
Je traîne des pieds, les mains dans les poches, ne faisant attention ni au soleil me baignant de ses rayons, ni au fait qu'au loin, derrière moi, je sente le regard brûlant de Léo sur ma nuque.
Après le départ de Lou, on a tous percutés : il avait raison, et sur toute la ligne. Je m'étais déjà faite la réflexion il y a un petit moment, que je commençais à ne plus ressentir cette même empathie qui m'avait pourtant bercée toute mon enfance. Que je devenais plus froide, bien que je ne le désire pas vraiment en soi. Et les paroles de Lou, ont été comme un réel coup de poignard. Justes, droits, ils m'ont fait comprendre que je commençais à devenir une vraie Reborn, dans le sens où Nodem l'entend bien sûr. Violente, froide, sans considération pour des actes cruels se déroulant pourtant sous mes yeux.
Lorsque Lou m'a frappé, j'ai réalisé que j'étais en train de laisser Elio se faire laminer, alors que je savais bien qu'il s'en voulait atrocement pour le coup qu'il m'a porté sans vraiment le vouloir ce matin. Il était en pleine crise d'hystérie, ce qui n'excuse rien bien sûr, mais aurait dû atténuer mon jugement face à son coup. Certes, il m'a frappé, mais je n'en suis pas morte. J'ai juste été horriblement vexée, et apeurée. Cependant, la combinaison des deux m'a amené à désirer qu'il prenne conscience de la portée de son acte sous les coups de mon meilleur ami, qui lui-même a réagit au quart de tour.
En clair, nous avons tous mal agis, hormis Lou.
Lou, qui doit sûrement nous attendre de pied ferme en salle de réunion, prêt à nous mettre à nouveau devant nos responsabilités si l'envie lui en prend.
Je soupire, pousse la porte de l'immeuble, et n'ai pas el temps de l'entendre se refermer que Léo s'est déjà glissé à ma suite.
- On peut en parler deux secondes ? me demande t-il en m'attrapant le bras.
- Y'a rien à dire. Lou a mis le doigt sur des faits avérés : je suis une garce et toi un sanguin ultra-violent. Rien d'autre à ajouter.
- Il a dit ça sur le coup de la colère, il...
- Arrête de le justifier. C'est pas à lui que j'en veux, c'est à moi-même, pour pas m'être rendue compte que je vrillais aussi mal.
Il me sonde d'un regard sceptique, avant de se hisser à ma hauteur sur les marches que j'ai commencé à gravir, pour raffermir sa prise sur mes poignets.
- On a vraiment été des sales cons.
- À qui le dis-tu. Au mieux il nous fusillera du regard, au pire il nous cogne. Et laisse moi te dire qu'il a un crochet du droit de malade.
- Et Elio ?
- En soit, on a tous les deux fauté aujourd'hui : lui en m'en collant une, moi en te laissant le cogner. Un point partout, ça devrait le faire.
- On dirait que tu parles d'un match de foot.
- C'est plus ou moins le cas. En admettant que je sois une joueuse qui accumule les cartons rouges, et Lou l'arbitre.
Il hoche la tête sans ajouter mot, pour laisser les quelques marches nous séparant du second étage se passer dans le silence.
Une fois arrivés devant la porte, je prends une grande inspiration, et la pousse sans plus attendre, sachant pertinemment qu'attendre, ne fera qu'accroître mon anxiété.
À l'intérieur, je remarque qu'il n'y a presque personne en train de naviguer de bureaux en bureaux, mais que de la salle de réunion s'élève un murmure sourd, découlant du nombre important de personnes enfermées dans la pièce.
Je m'y dirige d'un pas déterminé, Léo sur les talons, pour finalement me planter devant la porte, la main suspendue au-dessus de la poignée.
- Et bien quoi ? me presse t-il.
- Je me sens pas légitime d'assister à un plan pour éliminer Nodem, alors que nous sommes en train de devenir comme lui.
- On n'est pas en train de vriller en de petits Nodem bis. On a eu un dérapage, c'est tout.
- Léo, toi et moi on sait tous les deux que depuis la formation, on s'est targué de ne pas avoir subi les dérèglements émotionnels, du moins, pas à outrance. Imagine que ça arrive maintenant. Imagine que je les perde, et que toi tu exploses en plein vol tant ils seront puissants. Imagine que Elio les perde aussi, je...
- Si ce que dit Andres est vrai, alors ils ont réellement trouvé le mec fabriquant le X. Si c'est le cas, on aura peut-être des informations sur le Reboot même, et sur comment contrer ses effets indésirables. Ne t'angoisse pas avant la bataille. Le plus important maintenant, c'est de tout mettre à plat entre nous quatre, et de cesser de nous comporter comme des abrutis finis.
Un sourire narquois m'étire les lèvres.
Si il s'imagine une seule seconde que, si nous réussissons à mettre la main sur le scientifique, il se prêtera en plus de bonne grâce à nos interrogatoires, il se fout le doigt dans l’œil. Il est clair que ceux travaillant pour Nodem, lui sont dévoués corps et âmes. Ils croient tous en son idéologie de monde purifier de la vermine, et le suivent donc dans ses démarches de savant fou sans rechigner. Interroger ce type, si tant est que nous le capturons, sera comme interroger un mur.
Finalement, j'abaisse la poignée dans un geste lent, pour ne pas rendre notre arrivée trop spectaculaire, et suis presque tétanisée en croisant le regard de mes parents braqués sur moi, alors que je rentre à peine. Ma mère porte sur son visage toute la contrariété de ma petite fuite de ce matin, quant à mon père...
Il semble sur le point de se lever pour venir me restituer le fond de sa pensée, mais est retenu par la main de ma mère sur son épaule.
Le voir ainsi, inquiet pour moi, et assumant son rôle de père, me fait penser qu'il faudra vraiment que j'ai une conversation avec lui pour ce qui est de ma petite attaque aà la base militaire le jour de l'évacuation.
- Mia et Léo, pas trop tôt, marmonne Andres en pianotant sur son ordinateur portable. Vous vous êtes arrêtés bruncher en route ?
Ni Léo, ni moi n'avons le cœur à répondre, et prenons simplement place sur un morceau encore libre de la longue table de réunion.
Se trouve ici un petit comité : comme Andres me l'a déjà expliqué, il ne serait pas bon de mêler l'intégralité des Reborn à nos réunions prévisionnelles. C'est pourquoi, ne se trouve ici que ceux ayant été mêlés de près ou de loin au soulèvement dont Elio et moi sommes à la source. Nos parents, les membres les plus influents de Redhead et les chefs d'autres gangs ayant rejoins notre cause, Jeremy, Tim, et nous quatre. Ainsi que Lydia, que je n'avais même pas remarqué lors de mon entrée dans la salle.
- Bien, lance Andres en se redressant. Sujet du jour : on va pouvoir lancer l'offensive, on a le nom de notre gars.
Pas de blabla inutile, pas de fanfreluche, du Andres tout craché.
Il pianote encore un peu sur son clavier, avant de tourner l'ordinateur dans notre direction.
- Gerulf Erfinder. Un allemand de type mâle, âgé de quarante-huit ans et bien présent sur le net. Diplômé de la Ludwig-Maximilians-University, il était médecin avant de se faire recruter par un laboratoire qu'on nommera Y, étant donné qu'il ne reste de trace de son passage sur internet, que son affiliation avec Erfinder.
Je l'écoute avec attention désireuse de savoir à quel poisson nous allons devoir nous attaquer afin de prévoir les risques, les ouvertures, et autres alternatives qui pourraient se présenter à nous. Si j'ai bien retenu quelques principes utiles lors de notre formation au centre, celle de connaître sa cible avant de tenter quoi que ce soit, reste l'une de mes fondamentales. Lors de nos missions avec Elio, jamais nous ne sommes partis sur le terrain sans avoir pris connaissance, au préalable, de la vie de nos cibles. La base de la base.
En face de moi, les yeux de Elio me fixent avec un regret qui me tord l'estomac.
Il s'en veut vraiment, et moi je l'ai laissé se faire exploser la pommette par Léo.
Mes dents mordent l'intérieur de ma lèvre à sang, alors que j'écoute toujours Andres nous expliquer ses récentes découvertes sur notre scientifique. Ce n'est que lorsque le goût métalique m'envahit la bouche, que je relâche ma prise sur la peau tendre de l'intérieur de ma lèvre.
- Pas de femmes ni d'enfants connus des services de renseignement. Cependant, je sais de lui grâce à son compte Facebook, qu'il est amateur de musique ''actuelles'', ainsi que de fêtes huppées et d'autres choses dans ce genre-là. Un homme superficiel en somme. Pas étonnant lorsqu'on sait qu'il vient de la haute bourgeoisie allemande.
- C'est peut-être un faux compte ? interroge ma mère en levant timidement la main.
- Parce qu'un homme travaillant pour Reborn devrait forcément être invisible sur la toile ? Sophie, voyez-vous, on aura plutôt tendance à se méfier d'un homme désirant être transparent, qu'un homme affichant une vie sans tâche aux yeux de tous. Pour simple exemple, le père de Elio avait également une page sur plusieurs réseaux sociaux, et pourtant il était sous-directeur de la branche Reborn espagnole.
Ma mère, impressionnée par la facilité de parole et de rebonds de Andres, hoche vigoureusement la tête tout en prenant quelques notes sur un calepin ouvert devant elle.
C'est vrai que je ne m'étais jamais vraiment posée la question de l'anonymat des personnes sous la coupe de Nodem, et de Reborn en général. Pour moi, comme pour beaucoup d'autres, leurs vies se résumaient à leur travail, point barre. Alors qu'avec cet exemple flagrant de Gerulf, il est désormais clair que malgré leur boulot relevant de la monstruosité humaine pure et dure, ces hommes et ces femmes avaient une vie en dehors de nous et du centre.
- Bien, maintenant que vous connaissez l'identité de notre prochaine cible, voilà comment nous allons procéder. Ce n'est bien sûr qu'une ébauche, j'ai envisagé ça sur le tas, mais...
Il joue encore de ses doigts sur le clavier pour faire apparaître une nouvelle fenêtre sur l'ordinateur.
Une page web aux couleurs chaudes, et dont le titre presque fluo attire directement mon attention « Reborn's night ». Si c'est une blague, elle est vraiment de mauvais goût.
- Dans quelques jours, notre cher Gerulf se rendra à un gala de charité organisé par une riche conservatrice allemande en l'honneur des familles touchées par la perte d'un enfant, et organisé par Nodem himself. Très sincèrement, il essaye de se laver un minimum les mains en tentant de se faire excuser auprès des victimes. D'ailleurs, il est passé à la télévision française hier soir : il a prétendu vouloir se faire pardonner auprès des familles, car même si il avait agi pour renforcer la sécurité mondiale, il leur avait fait du tort, et il en était désolé, mais bref. On s'égare. Le fait est, que nous allons nous inviter à ce gala, faire une prise d'otage collective, et capturer Erfinder. Pour ce faire, trois équipes : l'une d'entre elle s'occupera du système de sécurité, l'autre de la prise d'otage, et la dernière, de la diversion.
Sur ces derniers mots, il tourne la tête dans ma direction et hausse un sourcil significatif.
Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que je ne vais pas aimé ça du tout.
- Quelles seront les constitutions des équipes ? Lance Juan en croisant les bras derrière sa tête.
- Ça me paraît pourtant clair : les génies en informatique et en nouvelles technologies, pour la sécurité. Les gros bras pour la prise d'otage. Quand à la dernière équipe, elle ne sera constituée que de deux personnes.
Il joue de sa souris sur l'écran de l'ordinateur pour ouvrir un petit onglet sur la page du gala de charité, et j'ai le temps de comprendre les intentions de Andres, rien qu'en apercevant la photo en haut de la page.
- C'est non, je lance avec fermeté.
- Ce n'est pas toi qui décide, Mia. Tu feras diversion, avec Léo, point barre. J'ai besoin de deux personnes infiltrées directement dans la salle pour nous rendre crédibles durant l’attaque. Et quoi de mieux, que la scène pour ça ?
Léo me coule un regard hébété, tandis que je pousse un long soupir anéantie par ma langue trop bien pendue le soir où je suis rentrée des Jeux avec Andres.
La photo en haut de l'article, affiche les danseurs de la ''Royal Family'', une équipe de danse hautement réputée.
Bon sang.
…
Il n'a pas fallut longtemps à Andres pour tout mettre au point. Trois jours en tout, jsute le temps pour nous de nous préparer au voyage et à la mission. En soit, tout a vite été réglé, des plans de la salle où se déroulera le gala, aux différents invités – Nodem n'étant pas présent, notre venue sera bien moins anticipée – en passant par le contact de la Royal Family.
Je pensais bien qu'il avait le bras long, mais je n'avais encore rien vu. Les contacts du chef de la Santa Rojo, un autre gang affilié à notre cause, a permis de récupérer les plans de l'endroit, ainsi que quelques indications sur les systèmes de sécurité. La mère de Lou, s'est occupée du coach de la Royal Family, et la seule question demeurant toujours est celle relative à nos puces d'identification.
À l'heure qu'il est, et alors que nous nous apprêtons à monter dans l'avion qui devrait nous emmener tout droit vers l'Allemagne, personne ne sait qi nous serons repérés par leur faute, ou si nous passerons au contraire, inaperçus.
Une peur omniprésente, à laquelle s'ajoute la tension qui règne toujours au sein de notre petit groupe.
Je me suis expliquée avec Elio, et lui comme moi avons conclus que ce qui était arrivé à l'hôpital, puis à la maison, ne devrait plus jamais se reproduire. Que me frapper était inacceptable, et que je ferme les yeux sur Léo le frappant, l'était tout autant. Après deux bonnes heures à discuter, à tout remettre en cause, de notre relation à notre nature même, nous avons décidé de ne pas faire comme si rien ne s'était passé, mais au contraire d'avancer en gardant en mémoire le souvenir de ce jour où nous avons dérapé. Où la violence a prit le pas sur nos principes et nos sentiments.
Ce qui est plus problématique, est cette tension palpable et électrique entre Lou et Léo.
Je ne sais pas si ils se sont expliqués, où si ils ont pu poser leurs maux sur table, ce qui est sûr pour le moment, c'est que mon meilleur ami ne semble pas dans son assiette, et que Lou, bien que feignant l'indifférence, reste intimement touché par ce qui s'est passé dans cette fichue maison il y a trois jours. Ce sont de bons comédiens, nuls doutes là-dessus. Cependant, même les meilleurs acteurs fissurer leurs masques à un moment u à un autre.
- Allez Mia, avance.
La main de Jeremy me pousse en avant, me forçant ainsi à gravir les dernières marches me séparant de l'avion. Mes pas sont lourds et mal assurés sur le sol métallique, mais ce qui me déstabilise le plus, est de savoir que dans moins de cinq heures, nous seront en Allemagne, pour une opération que je qualifierais de ''suicidaire''. Nous n'avons aucune certitudes quant au systèmes de détection mis en place pour les Reborn, et je prie de toutes mes forces pour qu'aucune garde de Reborn ne nous tombe dessus à peine atterris.
L'avions ne nous est pas réservé. Nous en occupons une bonne partie, mais le restant est constitué de civils tout ce qu'il y a de plus lambda. Eux bien sûr, nous reconnaissent, à peine montés à bord. Des chuchotements s'élèvent, des regards en coin, des téléphones à peine dissimulés pour nous prendre en photo.
Ma peur augmente. Si l'une de ces personnes est pro Nodem, nous serons dénoncés avant même que l'avion n'ai décollé.
Rapidement, je rejoins ma place à côté de Léo, qui a déjà les yeux rivés sur l'écran de la tablette qu'il a emporté avec lui en plein visionnage des chorégraphies pour le spectacle du soir.
- C'est marrant tout de même, me lance t-il lorsque je m'assois. Il y a trois ans, cette équipe était notre modèle. Aujourd'hui, on va danser avec eux.
- Quoi qu'il en soit, n peut les remercier de nous accueillir malgré les risques.
- Tu as entendu Andres. On fera partie de l'équipe, mais pas en tant que Léo et Mia. Lors de la prise d'otage, on se fera tirer dessus, ce qui augmentera le réalisme de notre prestation.
- Et depuis quand la Royal Family compte des Reborn dans son équipe ?
Il hausse les yeux au ciel, tout en me désignant l'écran du emnton.
- Tu ferais mieux de mémoriser leurs mouvements.
J'opine, non sans soupirer, sous le regard amusé de Elio en face de moi.
Si nous sommes officiellement des guetteurs avec Léo, lui aura un rôle encore plus dangereux. Celui de prendre la foule en otage, et de capturer Erfinder. Lou lui, a été intégré au groupe ''sécurité'', responsable des systèmes d'alerte. Moins risqué, tout en restant crucial : avec son handicap, il aurait été inimaginable de l'envoyer sur le terrain. Et le faire monter sur scène à nos côtés, présentait le risque qu'il n'arrive pas à se déplacer comme il le faudrait, et ainsi trahir la supercherie. C'est triste pour lui, mais maintenant que sa vue est relative à un sur vingt, il ne pourra plus agir comme avant, sur le devant de la scène avec nous. Sa sécurité prime sur le reste, et dans ces conditions, il est tout simplement hors de question qu'il fasse partie des premières lignes.
- Du coup tu as choisis quoi comme couleur ? me demande Elio.
- Noir. Pas trop le choix, on peu pas éclaircir avec les teintures à effet très court.
Il hoche la tête, un sourire en coin. Visiblement, savoir que dans quelques heures, j'aurais les cheveux noirs, le met dans un état d'impatience enfantine.
C'est ridicule. Si nous n'avons même pas la certitude que des bornes de détection ne localiseront pas nos puces, à quoi cela sert-il de nous teindre les cheveux et de mettre des lentilles de couleur ? À rien, définitivement. Ça ressemble juste à une stratégie de vieux film d'espionnage à petit budget.
- Et pour les costumes de scène ?
- Ils ont dû nous les faire, ta mère a envoyer nos mensurations avant-hier.
- … je dois admettre qu'au moins, notre groupe est réactif.
Je roule des yeux tout en accrochant ma ceinture selon les indications de l'hôtesse venant d'apparaître au bout de l'allée centrale. Lou, à moitié dans les vapes d'un sommeil commençant à l'étreindre, met quelques secondes avant de comprendre que l'avion est sur le point de décoller. Le temps qu'il réalise, Léo s'est déjà penché en avant pour l'accrocher.
- Je suis pas un putain de gosse, grince Lou.
- Non, par contre un ''putain de zombie'' ouais. Attend au moins qu'on ai décollés pour pioncer.
Lou fronce les sourcils, mais ne rétorque rien, préférant replonger son regard dans la contemplation du hublot à sa droite.
Pour Elio, Lou et Léo, il s'agit de leur premier voyage en avion. Personnellement, je l'ai déjà pris pour aller en Afrique, et l'expérience ne m'avait pas parue désagréable. Un peu secouée au décollage et à l'atterrissage, et des plateaux repas plus que moyens,mais rien de bien méchant. En soit, je n'en garde pas un mauvais souvenir. Je n'en nourrit pas non plus une peur viscérale.
Ce qui ne semble pas être le cas de Léo et Elio, qui tous deux jusqu'alors plutôt confiant, sont désormais blêmes, et fixent l'hôtesse avec soupçons.
— Vous allez pas me dire que vous avez peur ? je ricane.
— Je pense pas que le Reboot agira si l'avion explose ou se crash.
— Peut-être. Après, une mort par accident aérien est peu probable, vous devriez le savoir.
Ils me fixent tous les deux avec des yeux ronds, et je glousse : ils sont beaux les soldats d'élite de la nation !
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