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D’autres clients arrivèrent. Une petite moitié des tables fut occupée au plus fort de la soirée, ce qui laissa du temps au barman et aux deux serveurs pour sympathiser. Lucas se prêtait au jeu des clients beaucoup plus facilement qu’il ne l’avait pensé. Alex avait raison : prendre le plaisir d’être adulé, admiré, caressé était fort agréable et toujours récompensé. Ce que mettaient les adorateurs dans leurs gestes avait peu d’importance, même si on sentait parfois une envie mal contrôlée ou malsaine. Que ce soient des hommes qui soient excités par son physique lui plaisait beaucoup, car il prenait conscience ainsi que son charme était puissant, bien au-delà des remarques habituelles. Il était sexuellement attirant !

En se rhabillant, ils comptèrent leur recette. 85 euros pour Lucas, 95 pour Alex.

— Si tu te démerdes bien, tu peux facilement te faire le double le weekend ! Tu es prêt ? Tu habites où ?

— À la cité universitaire.

— Mouais ! C’est loin et il est tard. Tu viens chez moi ? C’est minuscule, mais c’est à côté. Je t’invite si tu veux. Je pense que c’est bien pour toi de parler un peu de ce que tu as vécu ce soir.

— J’ai cours demain à 7 heures…

— Pas de problème ! Tu pourras prendre le premier métro ! Tu n’espères quand même pas dormir ?

Devant l’air effaré de Lucas, il précisa :

— Cool ! Je rigole ! Je ne vais pas te violer ! On va juste finir de faire connaissance, comme tu le voudras, pas plus.

Lucas, une fois de plus, fut perdu par le sens ambigu de cette réponse. Trop de choses incroyables s’étaient produites durant ces dernières heures.

D’abord, ce garçon qui lui… qui lui avait sucé la bite ! Ça changeait tout de mettre les vrais mots ! Il s’était fait sucer et il avait aimé, adoré. Ce Corentin-Alex lui avait fait ça naturellement, gentiment. Puis, il s’était laissé caressé intimement par des inconnus. Il avait été excité toute la soirée, presque en érection pendant quatre heures, à cause d’hommes sexuellement attirés par son corps. C’était plus compliqué que ça, il le savait ! Chaque fois qu’il l’avait pu, Corentin lui avait déposé un petit baiser sur la joue ou au bord des lèvres. Autant les caresses des clients pouvaient expliquer sa réaction de tension en réflexe, autant ces petites marques l’avaient démonté. Et depuis leur premier croisement de regard, il était aimanté.

Il avait eu l’impression de ne plus rien maitriser. Cela lui était déjà arrivé plusieurs fois. La première avait été l’invitation par Julien à une soirée porno, pour laquelle il était réticent, supposant des scènes abjectes. Il avait été étonné de voir qu’ils étaient quatre, dont Guillaume, son best. Ce n’était visiblement pas la première fois pour eux trois, et il fut déstabilisé quand, dès les premières images, ils sortirent leur membre et commencèrent à se masturber en rigolant. Il fut rappelé à l’ordre gentiment et fut obligé de les imiter. Il n’avait pas de fausse pudeur, mais se masturber en public lui semblait incongru. Les images étaient peu ragoutantes, les femmes trop grosses, les mecs trop poilus, les gestes trop brutaux. Il avait eu du mal à se faire durcir le sexe. La situation était ridicule : quatre mecs avec le pantalon sur les chevilles, en train de se limer. Il jeta un coup d’œil sur le côté. Guillaume y allait de bon cœur, son sexe dressé dans une belle touffe blonde. Julien et Armand se frottaient réciproquement, en s’amusant follement. Instantanément, il se sentit durcir et venir. Il regarda la scène sur l’écran en arrêtant de se toucher, mais il éjacula violemment.

— Hey, tu tires plus vite que ton ombre ! Lucky Lucas !

Les grossières plaisanteries continuèrent et très vite, ils avaient tous vidé leurs bourses, montrant une béatitude niaise. Lucas apprécia l’odeur qui s’était répandue. Les garçons essuyèrent les traces, mais restèrent la queue à l’air, se tripotant mollement en attendant le film suivant.

Lucas avait été pris au dépourvu, mais il avait apprécié cette soirée virile. Le plus étonnant avait été de voir pour la première fois ses potes comme des êtres sexués. Lui-même s’était senti différent ensuite. Ils avaient recommencé, souvent. Lucas savait qu’il ne devait détourner son regard de l’écran qu’au dernier moment.

L’autre fois où il avait perdu le contrôle avait été son dépucelage par Murielle. Pas un bon souvenir.

Ce soir était la troisième fois, la plus désarçonnante. L’apparition de Corentin, ses gestes, son attitude, il ne comprenait plus rien. Les caresses de clients auraient dû le choquer, le gêner. Non ! En revanche, il avait lu dans les yeux de Corentin des choses sur lesquelles il se refusait à mettre un mot. Toute la soirée, il avait été obsédé par ses boucles torsadées qui tombaient sur ses tempes, se retenant pour ne pas jouer avec. Elles étaient si belles, si attrayantes.

— Alex te fait de l’effet ! avait plusieurs fois fait remarquer Fred.

Corentin lui proposait de faire mieux connaissance. Voulait-il dire avoir une relation sexuelle ? C’était quoi une relation sexuelle entre deux hommes ? Alex s’était montré courtois, affectueux, mais respectueux. Mieux connaitre ce garçon était une évidence. Peut-être pourrait-il toucher ses boucles ? Il paraissait un peu plus âgé. Lucas, involontairement, avait toujours occupé une position de leader. Ici, il se sentait pris en main, accompagné par un grand frère dont il avait toujours rêvé. Il se sentait bien avec Alex, plutôt Corentin maintenant qu’ils étaient sortis.

Corentin lui prit la main. Ce geste réchauffa le cœur de Lucas. Une immense tendresse apparaissait pour ce garçon presque fille. Il était prêt à tout pour conserver cette étrange chaleur.

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