chapitre 17 :
- Il y a tout de même quelque chose que je ne comprends pas. Pourquoi moi ? Qu’est-ce qu’il y a chez moi que tu ne retrouves pas chez toutes les autres ?
Il fit mine de réfléchir.
- Les fenêtres. Toutes les autres filles passent par la porte.
Argument validé.
- Et puis, les autres filles sont attirées par la lumière, elles cherchent les projecteurs, elles veulent s’exposer, se faire voir. Toi, c’est l’inverse. Tu restes dans l’ombre, à l’écart, loin de toute attention publique. La lumière, c’est toi qui l’attires. Tu n’as pas besoin d’artifice, tu brilles simplement parce que tu es toi. C’est ça qui me plaît.
Mon esprit n’avait pas compris la moitié de ce qu’il venait de dire, mais mon cœur en palpitait.
- Tu n’es pas amoureuse de moi, poursuivit-il, et je le sais. J’espérais pouvoir m’y résigner, accepter que je ne fasse pas ton bonheur, mais je n’y arrive pas. C’est égoïste de ma part, et je comprendrais que tu m’en veuille. Pourtant tu es là, dans mes bras, et ce fait me donne une lueur d’espoir.
J’aurais aimé lui dire qu’il se trompait, que je ressentais quelque chose pour lui, bien que je ne parvienne pas à le nommer. J’aurais aimé que le monde cesse de tourner, pour que je puisse l’embrasser et que ce baiser dure toujours. Mais, en me redressant, ma main dérapa et me précipita tête la première dans le lac.
Je parvins à en sortir sans difficulté, mais je puais la vase et l’eau croupie.
- Ça va, tu n’as rien ?
- Tu veux dire, à part terriblement froid et terriblement honte ? Non, je crois que ça va.
Il se mit à rire, d’un rire sincère, sans se moquer. Puis il retira son sweat et me le tendis.
- Tu ne devrais pas rester avec des vêtements trempés.
- Alors retourne-toi.
- Pour quoi faire ?
Pour admirer l’arbre là-bas, il avait vraiment l’air joli.
- Je ne sais pas… peut-être pour éviter que tu ne me voies nue.
Il fit la moue, mais accepta.
Je retirai mon t-shirt. Son sweat sentait terriblement bon. S’il ne me le réclamait pas à la fin de la soirée, je risquais de lui voler par omission.
- Il te va mieux qu’à moi, dit-il en me contemplant.
Ce compliment me fit rougir, faible que j’étais.
- Je crois qu’il est temps que je rentre. Au risque de passer pour une petite fille sage, j’ai cours demain.
Et monsieur Cayriole ne me pardonnerait pas une minute d’inattention.
- Comme tu veux. Mais j’espère que ce rendez-vous ne sera pas le dernier.
- Qui t’as dit que c’était un rendez-vous ? Ironisais-je dans un clin d’œil.
Et il me ramena chez-moi.
Annotations
Versions