Manipulatrice

5 minutes de lecture

J'ai survécu. Me voilà sur un lit d'hôpital, entouré de proches qui ne comprennent pas.

"Qu'est ce qui a bien pu se passer ? Limai était une fille si joyeuse ? Elle qui s'entendait si bien avec Cléa. Pourquoi aurait-elle cherché à la tuer ? " Voilà ce qu'ils disent. Ils ne s'inquiètent que pour Cléa.

Personne ne m’avait aidé. Il était trop occupé avec leurs problèmes minables. Trop occupé avec Cléa, ma cousine si parfaite, si intelligente, si belle, si... manipulatrice.

Au début, à mon entrée au lycée, Cléa m'avait beaucoup aidé. Elle cherchait les salles de classes avec moi, mangeait à la cantine avec moi... Puis elle a commencé à me demander des services.

Ça a débuté avec une robe à prêter pour une soirée, lui passer mon goûter car elle avait oublié le sien, puis ça a continué avec un peu d'argent. Elle me demandait ce que j'allais faire et elle le faisait avant moi. À cause de tout cela, les autres élèves se sont mis à se moquer de moi, à dire que je la copiais. D'abord c'était des moqueries, ensuite des insultes, et pour finir des coups.

Et le pire, c'est que Cléa me faisait croire qu'elle m'aidait. Elle me disait, d’un air faussement attristé : "Je vais le dire d'arrêter, ne t'inquiète pas ! ", "Tu comptes beaucoup pur moi, ne te laisse pas faire ! ", "Moi je serai toujours là ! "

Pour résister, je me suis caché derrière un masque d'impassibilité. Je ne reflétais plus aucune émotion à part la joie, pour peu que je sois joyeuse. Je me sentais redevable envers ma cousine car elle me défendait et, pour moi, ses petites erreurs n'étaient pas importantes.

Mais un jour, alors que je passais dans un couloir, j'entendis des murmures dans une des salles de classes, alors qu'elle devait être vide. Je jetais un petit coup d'œil et vis Cléa qui discutait avec des filles de la classe.

"Je me demande franchement pourquoi elle vit encore, ma cousine. Un minable pareil, ça fait tache dans notre classe." disait-elle.

Et les autres filles riaient de cette blague. Mais moi, ces mots me provoquèrent un profond sentiment de haine, de tristesse et de dégoût. J'été entré dans la pièce en hurlant :

"Cléa, toi qui m’aidais, tout cela n'était que tromperie ? Tu t'amusais à alimenter les rumeurs, n'est-ce pas ? Au fond je savais que je ne pouvais pas te faire confiance ! Tu n'es qu'un démon ! Tu mérites la mort ! Tu es horrible ! Je te déteste ! Je voudrais que tu meures !"

A ces mots, une idée m'étais venue. Mais il fallait attendre le lendemain pour que ça marche. Je quittais la salle en courant, sans que Cléa me rattrape.

Le lendemain, au petit déjeuné, j'avais attendu que ma mère est le dos tourné, pour voler un couteau. J'en choisi un grand, un bien aiguisé. Dans la voiture, j'avais écrit un texto à Cléa qui disait que je voulais la voir pour m'excuser d'hier. Elle avait accepté le rendez-vous.

Comme prévu, elle m'avait rejoint au beau milieu de la cour de récréation.

"Que voulais tu me dire ? m’avait-elle apostrophé, sur les nerfs.

-Je souhaite de dire adieux. Car je pense que nous ne nous retrouverons pas en enfer. Avais-je répondu.

-Que veux-tu dire ? m’avait-elle demandé, inquiète.

-Tu vas comprendre. Lui avais-je dis avec un sourire carnassier."

À ce moment précis, j'avais sorti le couteau de mon sac et je m'étais élancée de toutes mes forces sur elle. Elle avait basculé en arrière quand le couteau avait transpercé la peau délicate de son ventre. Une gerbe de sang m'éclaboussait, moi et les élèves autour, qui c'étaient mis à hurler.

Puis, devant tout le monde, j'avais planté le couteau dans mon propre cœur.

Mais voilà, le monde est mal fait et on a survécu toute les deux. Cléa a fait un coma de trois semaines, mais elle n'aura pas de trop grosses séquelles, juste une énorme cicatrice dans le bas ventre.

Moi, j'ai fait un mois et demi de coma, le couteau s'est arrêté à trois millimètres du cœur. Pourquoi je ne pouvais pas juste crever, hein ? Pourquoi ?

En plus, c'est Cléa qui tous les mots doux, les ça va aller ? ", "Tu n'as pas trop mal ? "...

Moi j'ai les représailles, les incompréhensions, le mot "meurtrière" écrit en gros sur mon front, avec des lettres de sang. Je pensais ne pas m'en sortir, mais une psychologue a voulu me parler. Savoir pourquoi j'avais fait ça.

Mes parents été contre, mais elle les a grondé et leur a dit à quel point c'est important. Elle a été la première personne à vouloir m'aider. Comme je n'avais pas trop confiance en elle, elle a parlé de sa vie, de qui elle était.

Elle s'appelle Amélie Hudsy et elle a 27 ans. Elle est brune, avec des yeux verts pétillants et un grand sourire en permanence. Elle avait six frère et sœurs et elle les adorait. Elle avait eu beaucoup de mal avec ses études car beaucoup de personnes avaient tenté de la tirer vers le bas. Mais elle n'avait pas lâché l'affaire et aujourd'hui, elle a réalisé son rêve : devenir psychologue.

Très vite, j'ai su que je pouvais lui faire confiance. Alors j'ai tout dit. Tout depuis le début. Toutes mes souffrances, mes rancœurs, mes malheurs. Mon masque d'indifférence tombait en miettes et les larmes s'écoulaient de mes joues sans que je puisse les arrêter. Je fus obligée de la raconter sur cinq jours, tant je pleurais et bégayer. Durant tout ce temps, Amélie m'écoutait, sans juger ni se moquer. En l'espace de cinq jours, elle était devenue mon ami.

À la fin de mon récit, elle se leva et alla chercher mes parents. Elle les emmena dans ma chambre et me pointa du doigt :

"Vous trouvez ça normal ! cria-t-elle. Vous trouvez ça normal d'ignorer une enfant qui souffre ! Pire, ignorer votre propre enfant !

-Elle ? Souffrir ? Elle a poignardé sa cousine sans raison. Je ne vois pas en quoi elle doit souffrir. Rétorqua ma mère.

-En quoi elle doit souffrir ?! Elle a été harcelée, manipulée, insultée, frappée par la faute de votre cousine ! Elle s'est réfugiée derrière un masque de joie car dès qu'elle vous en parle, personne ne la croyait ! Et vous demandez en quoi elle doit souffrir !"

Et elle continuait à s'énerver, en hurlant sur mes parents, pointant du doigt leur incompétence à m'aider. C'est la première fois que quelqu'un me défendait vraiment.

Bien plus tard, Amélie prévint les services sociaux de ma situation. C'était en partie à cause de mes parents si je me retrouvais dans cette situation. Ils me retirèrent à la garde de mes parents. Puis ils voulurent m'envoyer en orphelinat mais Amélie les en empêcha. Elle me recueillie et finis par m'adopter.

Je fus condamner à seulement trois semaines de prison pour mineure.

Ma cousine, je n'en n'ai plus jamais entendu parler. J'ai déménagé, avec Amélie, bien loin de ma cousine.

Aujourd'hui, je suis prête à recommencer une vie. Une vie sans Cléa.

Une vie parfaite, quoi !

Annotations

Vous aimez lire Milia ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0