Chapitre 5
La deuxième semaine de juillet débutait.
Pour certains, c'était les vacances. Pas pour d'autres.
Il y avait les clubs de sports qui profitaient de l'été pour de l'entraînement intensif en vue des tournois en automne. Et il y avait les élèves ayant raté des matières lors des derniers examens, qui devaient suivre des cours supplémentaires avant d'avoir le droit d'être vraiment en vacances, soit pendant exactement une semaine. Dont faisaient parti Yûji et Yuna. En passant, ils ont raconté que leurs coachs respectifs leur avaient passé un savon car à cause de leurs cours supplémentaires, ils allaient rater une bonne partie des sessions d'entraînements estivales.
Ces cours ne duraient que la matinée mais on donnait tout le temps du travail aux élèves à rendre le lendemain. Tous les jours, quand je venais voir Yuna après ses entraînements de l'après-midi, elle me suppliait de l'aider à faire ses devoirs supplémentaires. Chose que je faisais, en bon petit copain, mais je lui en voulais toujours un peu d'avoir raté ses examens alors qu'on avait passé énormément de temps à travailler ensemble.
-Si tu me refais un coup pareil, je romps de suite.
Ma semi-menace semblait fonctionner car elle s'est mise à travailler très sérieusement. Ce que j'ai fait pour motiver Yûji ? Rien. Sachi s'en est chargé à ma place, rien qu'avec sa présence.
Le dernier jour de cours supplémentaire, j'avais promis à Yuna de déjeuner avec elle, avant qu'elle n'aille à son club. Comme j'étais venu un peu trop en avance, j'ai flâné dans le lycée. Le club de littérature ne faisait rien de particulier pendant l'été et j'ai pensé qu'on me laisserait peut-être emprunté un peu la salle.
Je suis allé en salle des professeurs pour demander les clefs de la salle. À l'intérieur, j'ai vu un professeur discuter avec deux élèves, un garçon et une fille, portant des uniformes différents de l'établissement.
(Des élèves transférés, peut-être ? À cette période de l'année, c'est pas banal...)
En tout cas, on pouvait dire qu'ils se faisaient remarquer : lui avait une coupe iroquoise et elle, c'était l'incarnation même de la gyaru stéréotypée avec sa peau bronzée et sa microjupe. Les professeurs allaient vraiment laisser passer leurs dégaines ? J'en doutais fort.
J'ai pris les clefs et suis ressorti.
En ouvrant la salle du club, j'ai hurlé tellement il y faisait chaud. La climatisation était d'une nécessité absolue ! J'ai pris un livre sur une étagère et me suis calé sur mon merveilleux canapé.
Je suis resté lire jusqu'à midi.
Yuna n'allait pas tarder à finir et je commençais à avoir faim. Après avoir tout rangé et éteint le climatiseur, je suis sorti de la salle et, au moment de la fermer à clé, on m'interpella :
-Yo !
J'ai tourné la tête. Les deux élèves que j'ai vu en salle des professeurs étaient devant moi. Enfin, le garçon plutôt. La fille se tenait un peu en retrait derrière lui, plongée dans son téléphone.
(Qu'est-ce qu'ils me veulent ?)
-Désolé de te déranger, vieux. C'est le club de manga ?
J'ai soupiré et lui ai montré la petite enseigne au-dessus de la porte où était marqué « Club de littérature ».
-Oups ! Désolé ! J'ai pas fait attention.
-Le club de manga est à l'étage du dessus.
-Ah, c'est pour ça alors ! Je me suis gouré d'un étage !
-Idiot..., avait lancé la fille.
(Je n'aurai pas dit mieux moi-même.)
-Au fait, je me présente. Mashiro Jun, seize ans, fana de mangas. Je suis transféré ici et je débute les cours dans ma nouvelle classe, à la rentrée. Enchanté !
Un type énergique, donc. Je sentais déjà mon énergie fuir mon corps.
(Bah, présentons-nous aussi...)
-Nishiyama Shûhei, membre du club de littérature.
-Ravi de te rencontrer !
-Ouais... On t'a déjà dit dans quelle classe tu serais ?
-Hum... La 1-A, il me semble.
-Je suis dans la 1-B. On participera aux cours d'éducation physique ensemble, ça veut dire.
-Cool ! J'ai hâte !
J'ai regardé la fille mais elle ne décrocha pas le regard de son téléphone. Bah, tant pis. J'allais pas la forcer à se présenter.
-Ah, excuse-là, fit Mashiro. Elle est souvent comme ça.
-Vous vous connaissez ? Comme vos anciens uniformes sont identiques...
-Ouais, si on veut. C'est ma cousine... Nos pères travaillent dans la même boîte et ils ont été mutés ici.
-Je vois...
Finalement, elle rangea son téléphone et daigna m'accorder un regard. Plutôt neutre, le regard, d'ailleurs.
J'ai alors regardé ma montre.
-Désolé mais je suis attendu, ai-je dit.
-Ok, pas de soucis ! Ah, avant que tu partes ! Tu sais si le club de manga est ouvert, pendant les vacances ?
-Désolé, je ne sais pas.
-Ah, bon... Bah, je verrais en y allant. À plus !
Mashiro et sa cousine partirent alors de leur côté. Toutefois, cette dernière s'est retourné et m'a lancé un nouveau regard. Je n'y ai pas fait plus attention et je suis allé retrouver Yuna.
Cette dernière m'accueillit en pleurs devant notre salle de classe. Des larmes de joies pour fêter la fin de son calvaire. J'ai également vu Yûji faire de même avec Sachi. On s'est regardé tous les deux et d'un regard, nous sommes tombés d'accord sur le fait qu'ils en faisaient trop.
En allant déjeuner ensemble, je leur ai parlé de ma rencontre avec Mashiro et sa cousine. Yûji et Sachi semblaient curieux de voir à quoi ils ressemblaient, avec la description que je leur ai donnée. Yuna me lançait de drôles de regards, ce qui me mettait un peu mal à l'aise.
-Quoi ? ai-je fini par demander.
-La fille... Elle était jolie ?
-Objectivement ou subjectivement ?
-Réponds !
-... Oui, si on veut.
-Tu prévois de me tromper avec elle ?
-Si c'est une blague, elle n'est pas drôle...
Yuna faisait la moue et jouait avec la nourriture qui restait dans son bol comme une enfant.
-Attends... Ne me dis pas que tu es jalouse !
Elle détourna le regard. J'avais tapé dans le mille !
-Idiote.
Je lui ai caressé la tête pour la rassurer et elle a souri.
Après avoir mangé, nous avons un peu traîné tous les quatre, puis Yûji et Yuna sont allé à leur club.
En rentrant chez moi, en fin de journée, j'étais épuisé. J'ai réchauffé des restes dans le frigo et j'ai dîner tôt. Après un bon bain, je me suis installé dans mon lit pour lire un livre alors que mon chat Kurô s'installait sur mes genoux pour dormir.
-Chat sans gêne, lui ai-je dit.
Ce dernier s'est contenté de miauler pour approuver. Durant ma lecture, mon téléphone sonna. Vu l'heure, je soupçonnais Yuna.
Numéro inconnu.
(Je n'aime pas ça...)
J'ai quand même décroché.
-Allô ?
-...Shûhei ?
J'ai de suite reconnu la voix. Le sang m'est monté à la tête. J'avais envie de lui raccrocher au nez !
-Attends ! Ne raccroche pas, s'il te plaît !
-Qu'est-ce que tu me veux, Aïko ?
Aizawa Aïko. Mon ex-petite amie, du temps du collège...
-Shûhei... J'aimerais juste te parler un peu. S'il te plaît.
-D'où tu m'appelles ? Ça m'a indiqué un numéro inconnu quand j'ai décroché.
-Une amie m'a prêtée son portable. Comme tu ne réponds pas à mes messages ni à mes appels...
-Figure-toi que, bizarrement, après ce qui s'est passé, je n'ai plus vraiment envie d'entendre parler de toi. D'ailleurs, j'aurais dû bloquer ton numéro...
-Mais tu ne l'as pas fait...
-Ne va pas t'imaginer des choses !
J'avais haussé le ton. Décidément, je ne pouvais plus lui parler sans m'énerver.
-Shûhei... Je sais que je t'ai blessée par le passé. Et j'en suis désolé... Mais j'aimerais vraiment qu'on se voit. Juste pour parler.
-Si tu as quelque chose à dire, dis-le maintenant, qu'on en finisse.
-Non. Ce n'est pas quelque chose qui se dit au téléphone, selon moi.
-Pas question que j'aille te retrouver quelque part pour passer ensuite pour un crétin.
-Tu y arrives très bien seul ! me lança-t-elle en haussant le ton à son tour. C'est pour ça que...
Elle s'est tut d'un coup.
-Pardon. J'essaie de faire la paix avec toi et je te crie dessus...
-...
-Shûhei... Écoute. Avec quelques anciens camarades, on a prévu de se revoir. On organise une petite soirée en ville... et... Enfin, je me disais... Si tu venais, on pourrait...
-Donc, tu penses que, non seulement, j'ai envie de te revoir mais qu'en plus, j'ai envie de revoir les autres ?
-Shûhei, s'il te plaît. Je sais que je t'en demande beaucoup mais... si tu veux bien entendre ce que j'ai à te dire, je te promets de te laisser tranquille après. Si tu le souhaites.
J'en avais effectivement assez de recevoir des messages et des appels de sa part. Je m'étais juré de ne plus avoir de contact avec elle. Pourtant, elle avait soulevé un point troublant : je n'avais pas bloqué son numéro...
-Très bien, ai-je dit en soupirant. Dis-moi la date et l'heure. Je vais y réfléchir et je t'enverrai un message pour te donner ma réponse.
-Merci, Shûhei ! dit-elle manifestement heureuse. Même si tu ne fais qu'y réfléchir, je suis contente...
Une fois la date et l'heure donné, j'ai raccroché.
C'était prévu le week-end avant le départ de Yuna pour son camp d'entraînement avec son club. J'ai pensé à elle. Je l'ai alors appelé. Elle a décroché au bout de deux sonneries :
-Shûhei ? C'est rare que tu m'appelles directement. Ah, mais ça ne veut pas dire que je n'apprécie pas. Au contraire ! Entendre la voix de mon doux...
-Yuna. Je voudrais qu'on parle.
Il y eut un silence.
-Shûhei... Tu veux me quitter ?
-Quoi ? Mais non, idiote !
Je l'ai entendu pousser un soupir de soulagement.
-Ne me fais pas peur comme ça !
-C'est toi qui t'imagines des choses !
-...Dis, Shûhei. Tout va bien ?
J'ai poussé un long soupir.
-Non, pas vraiment...
-Raconte-moi. C'est à ça que sert une copine, non ?
Je lui ai alors tout raconté : l'appel d'Aïko, sa demande pour me rencontrer et me parler...
J'aurais pu lui cacher tout ça et voir mon ex sans lui dire, mais je ne trouvais pas ça correct envers Yuna. Elle me faisait confiance et je voulais mériter cette confiance. Elle m'a écouté silencieusement, sans m'interrompre, et ne parla que quand j'ai eu fini :
-...Et... tu vas y aller ? La voir.
Je n'ai pas répondu de suite.
-Je ne sais pas...
-...Shûhei, tu as été combien de temps avec ton ex ?
-...Un an. On s'est mis ensemble peu avant les vacances d'hiver de notre deuxième année de collège. On... On a rompu l'année suivante.
-Pourquoi ? Enfin, si tu veux bien me le dire...
J'ai hésité. J'ai réfléchi. C'était encore un douloureux d'y penser...
-Pour faire court, on s'est disputé violemment. On avait déjà quelques problèmes avant mais c'est cette dispute qui a tout scellé...
-...Shûhei. À mon avis, tu devrais la voir.
-Quoi ?
-Je veux dire... Si elle a pris la peine de t'appeler alors qu'elle sait que tu la détestes, c'est qu'elle veut peut-être régler certaines choses pour passer à autre chose. Moi, c'est ce que je ferais.
Je n'avais pas pensé à cette possibilité. Il fallait avouer que la colère m'aveuglait.
-Tu es sûre ?
-Oui.
-D'accord. Mais toi...
Elle se mit à rire doucement.
-Je mentirais en disant que ça me fasse plaisir que tu revois ton ex. Mais... je sens bien que vous étiez proche et que votre rupture te mine encore aujourd'hui. Tu fais tout pour me rendre heureuse et me préserver de ces sentiments mais... je vois que tu te fais du mal. Et ça me fait mal au cœur. Alors... si la voir te permet d'avancer avec sérénité, c'est la chose à faire.
En l'entendant, j'ai un peu souri.
-Je ne connaissais pas ce côté de toi...
-Qu'est-ce que tu crois ? Je suis pleine de surprise ! Alors ? Tu es retombé amoureux de moi ?
-Oui, oui, complètement. Je suis mort d'amour..., lui ai-je dit en plaisantant à moitié.
Nous avons ris ensemble.
-Yuna ?
-Oui ?
-Merci.
-Je t'en prie. Bien que j'avoue, j'aurais aimé que tu m'appelles pour me dire que tu m'emmènerais quelque part avant la fin de l'été.
-Idiote...
-Je plaisante, je plaisante...
-La prochaine fois. Peut-être.
-Hein ? Vraiment ?
-J'ai dit peut-être. Ça dépendra de mes économies.
-Ne te tracasse pas trop pour ça. Du moment qu'on est ensemble, ça me suffit.
-Je vois...
Après cela, je lui ai souhaité bonne nuit et elle a fait de même en disant qu'elle m'aimait. L'ambiance faisait un peu feuilleton télé mais bon, ce n'était pas vraiment désagréable.
La réunion de mes anciens camarades se passait dans un karaoké. Je maudissais déjà l'organisateur. Yûji ayant été invité, nous nous sommes rejoins à la station où se trouvait l'établissement.
-Ça ira ? m'a-t-il demandé.
-On verra bien...
Quand on a rejoint les autres, une bande de mes anciens camarades de classe a accueilli Yûji avec enthousiasme alors que moi, j'étais ignoré. Mais je m'en fichais.
Je l'ai alors vue, assise dans un coin : de longs cheveux noirs, une belle robe blanche et de jolies bijoux... Aïko n'avait pas tant changé que ça.
Elle était avec Umino. Dès que cette dernière m'a vu, elle s'est levée, m'a pointé du doigt et s'est écriée :
-Qu'est-ce qu'il fout là !
Tout le monde s'est tut et l'ambiance joyeuse semblait s'être envolé. Et le pire était qu'on me regardait comme si j'en étais le responsable.
-On ne t'a pas invité, Nishiyama ! m'a lancé Umino en s'approchant avec un air menaçant. Alors tu vas...
-Karin ! Arrête ! fit Aïko en se levant d'un bond. C'est moi qui lui ai demandé de venir !
Tous les autres la regardaient, stupéfiés. Karin ouvrit la bouche, sans doute pour lui demander la raison, mais Aïko lui fit comprendre que ça ne la regardait pas. Elle m'a ensuite regardé :
-Merci d'être venu, Shûhei. Je sais que ce n'est pas facile pour...
-Finissons-en au plus vite, que je puisse rentrer chez moi, ai-je dit sèchement.
Je suis allé rejoindre Aïko et nous sommes mis à l'écart du groupe pour parler. De toute façon, ils étaient trop heureux de revoir Yûji, le type populaire que tout le monde aimait dans notre ancienne classe malgré ses fréquentations. Umino s'était jointe à eux, à contrecœur, et n'arrêtait pas de nous jeter des regards, pour nous surveiller.
-Désolé, commença Aïko. Karin est toujours aussi protectrice avec moi, même si on n'est pas dans le même lycée.
-Hm.
-Elle... Elle m'a dit que tu avais une petite amie.
-Oui.
-C'est... sérieux, entre vous ?
Je l'ai dévisagé.
-Bien sûr que c'est sérieux ! Je suis pas du genre à aller voir ailleurs, si c'est que tu insinues !
J'avais haussé un peu le ton, tout juste assez pour que deux ou trois têtes se retournent un instant, avant de se concentrer de nouveau sur la personne en train de chanter.
-Pardon... C'est vrai, je devrais le savoir...
On avait à peine commencé notre conversation que déjà, j'étais en rogne. Je la trouvais gonflé de me demander si ma relation sentimentale était sérieuse.
-Dis-moi ce que tu voulais me dire.
-Oui...
Elle a pris une grande inspiration avant de poursuivre :
-Shûhei... Quand on s'est quitté, on s'est dit des choses horribles. J'étais stressé par les examens d'entrée pour le lycée, j'étais aussi sous pression à cause de mes parents...
-Tu comptes mettre tout ça sur le dos du stress ?
-Non. Pas complètement.
Elle baissa la tête.
-Mon attitude envers toi n'était pas correct non plus, je m'en suis rendu compte. Et je pensais que... enfin... En tout cas, je voulais m'excuser pour tout ce que je t'ai fait...
-Tu n'avais pas besoin de me voir en personne pour ça.
-Si. Pour moi, c'était important. Et puis, je ne pense pas que tu aurais lu mes excuses écrites.
-C'est vrai...
-Oui...
Nous sommes restés silencieux. Pendant qu'elle buvait un peu le contenu de son verre de jus, je regardais Yûji faire l'andouille en chantant avec les autres.
-Shûhei... Il y a autre chose dont je voulais te demander.
-Quoi ?
-Je... Je...
Elle semblait avoir du mal à faire sortir les mots de sa bouche. Elle prit une grande inspiration puis me regarda avec tout le sérieux du monde et me lança :
-J'aimerai qu'on se redonne une chance.
...
Mon cerveau mit un temps avant de comprendre qu'elle était sérieuse !
-Tu te fous de moi..., ai-je soufflé.
-Shûhei, je suis sérieuse. Je t'aime encore et...
-Arrête !
J'ai tapé du poing sur la table. Les autres ont arrêté de chanter et Umino s'était levée, prête à venir défendre son amie. Je me suis levé d'un bond et suis sorti de la pièce, avec Yûji sur mes talons.
-Shûhei ! Où tu vas ?
-Aux toilettes !
Ce n'était pas un mensonge. Je suis allé dans les toilettes, désertes, et j'ai tapé le premier mur à ma portée avec mon poing, tellement fort que je me le suis explosé et que je saignais un peu. Pendant que je passais de l'eau dessus, je fulminai !
Aïko ! Elle avait osé ! Me demander de revenir avec elle alors qu'elle savait que j'avais quelqu'un et après ce qu'elle m'a fait... J'ai eu du mal à ne pas lui sauter dessus pour lui tordre le cou !
Je suis resté un bon moment dans les toilettes, le temps de me calmer. Ma main saignait encore et je l'ai enveloppé dans un mouchoir. Je suis sorti des toilettes mais au lieu de retourner avec les autres, je me suis dirigé vers l'ascenseur pour sortir. Pas question de rester une minute de plus !
À peine avais-je appuyé sur le bouton pour l'appeler qu'on m'interpella :
-Shûhei !
C'était Aïko, qui accourait vers moi. Sans doute s'était-elle inquiété que je reste si longtemps aux toilettes...
-Fiche-moi la paix ! lui ai-je dit. Je n'aurais jamais dû venir !
-Attends, Shûhei !
Elle saisit ma main blessée et essaya de me retenir. J'ai un peu grimacé à cause de la douleur et je me suis dégagé d'un coup, mais elle s'est de nouveau emparé de ma main, la serrant de toutes ses forces pour m'empêcher de partir.
-Lâche-moi ! lui ai-je crié.
-Shûhei ! S'il te plaît ! Je veux réparer mes torts ! Donne-moi une chance !
-Lâche-moi, je te dis !
Le ton montait. Bien vite, nos anciens camarades sont venus voir ce qui se passait. Yûji et Umino se sont précipité sur nous et nous ont séparé. Umino retenait Aïko, qui était presque devenue hystérique, et Yûji me demandait si ça allait. Je n'ai rien dit et j'ai massé ma main endolorie qui recommençait à saigner.
(Je me mettrais des bandages à la maison...)
L'ascenseur était arrivé. Quand les portes se sont ouvertes, je suis tombé sur...
-Yuna ?
Elle était bien là, en short-jean et en t-shirt. Je remarquais que les lacets de ses baskets étaient mal noués noués et qu'elle était à bout de souffle, comme si elle avait couru.
-Qu'est-ce que tu...
-C'est moi qui l'ai appelé.
J'ai tourné la tête vers Yûji, surpris.
-Je sentais que tu allais craquer alors... je l'ai appelé.
-Mais qu'est-ce qui...
Yuna s'est alors jeté dans mes bras et m'a serré fort. Les autres étaient surpris et se demandaient qui pouvait être cette fille. J'ai posé ma main sur sa tête et l'ai caressé affectueusement. Aïko nous regardait, plus stupéfaite que les autres.
-Je suis là, Shûhei. Ça va aller, m'a dit Yuna en me lâchant enfin.
-T'avais pas besoin de venir.
-Quel genre de petite amie ne viendrait pas apporter son soutien à son copain ?
C'est alors qu'elle remarqua ma main.
-Mais... TU ES BLESSÉ !
Elle attrapa ma main pour l'examiner. Aîko eut comme un choc et voulu voir aussi mais s'arrêta quand elle se rendit compte que c'était la main qu'elle serrait si fort pour me retenir.
-C'est rien, ai-je dit à Yuna. Je me suis juste défoulé sur un mur et...
-Ce n'est pas rien ! Tu saignes !
-Ça va. Je mettrais un pansement quand je serais chez moi.
-Je t'accompagne !
-Non, pas la peine. Je vais te raccompagner chez toi et...
-Cest pas négociable ! Je viens avec toi !
-Yuna...
-Discute pas !
Je la voyais qui commençait à s'énerver et je n'ai pas insisté davantage. Alors que je m'engouffrais dans l'ascenseur, Aïko m'a de nouveau interpellé mais je l'ai ignoré et suis parti avec Yuna.
Le voyage pour retourner chez nous se fit dans le silence.
Je lui ai proposé une nouvelle fois de la ramener chez elle mais elle s'est énervée et a confirmé qu'elle viendrait chez moi. J'ai soupiré :
-Je te ramène après alors. Quand je me serais occupé de ma main.
-Non.
-Fais pas la capricieuse. Tes parents vont s'inquiéter !
-Je leur ai envoyé un message disant que j'allais passer la nuit chez toi.
...
Je me suis arrêté et j'ai attendu que mon cerveau fonctionne de nouveau.
-Pardon ?
-Ce soir, je reste avec toi.
Elle affichait son visage sérieux. Je lui ai exposé mille et une raisons pour lui démontrer que ce n'était pas une bonne idée, la principale étant que demain était la veille de son départ pour son camp d'entraînement.
-Je sais, m'a-t-elle dit. Mais je veux passer du temps avec toi. Surtout après ce qui s'est passé...
Je ne voulais pas lui parler de ce qui s'était passé. Mais cela la concernait un peu aussi donc j'ai vu là une occasion. J'ai accepté malgré ma réticence et nous sommes allés chez moi. Par chance, mes parents travaillaient tard ce soir et nous étions seuls.
Yuna découvrit donc l'intérieur de ma maison. Maintenant que j'y pensais, c'était la première fois qu'une fille venait chez moi. Même Aïko n'avait pas eu ce privilège, ce qui fit sourire Yuna en l'apprenant.
Je l'ai installé dans ma chambre, le temps de chercher la trousse à pharmacie, où mon chat vint accueillir cette étrange étrangère au foyer.
(C'est rare que Kurô soit si affectueux avec une inconnue...)
Quand je suis revenu dans ma chambre, j'ai surpris Yuna en train de farfouiller derrière les livres de mes étagères.
-Qu'est-ce que tu fous ? lui ai-je demandé.
Elle sursauta un peu puis me lança le regard d'une personne prise la main dans le sac :
-Je... Je fouillai un peu.
(Tu ne le caches même pas ?)
-Pour chercher quoi ?
-Je... Je pensais trouver les magazines porno que tu cachais.
-...C'est une blague ?
-Bah quoi ? Les garçons ont bien ce genre de chose, chez eux !
Je n'ai pas répondu et me suis installé sur mon lit pour mettre les bandages.
Yuna s'est assise à côté de moi et a déclaré qu'elle allait le faire. Pendant qu'elle s'occupait de ma main, je l'ai vue rougir.
-Qu'est-ce qu'il y a ?
-Rien... C'est juste... que je n'étais jamais entré dans la chambre d'un garçon, avant. À part celle de mon frère.
-Tu as un frère ?
-Oui. Il vit en Amérique. Il a prévu de nous rendre visite, après mon camp.
-Je vois...
-Je te présenterai. Il risque de ne pas t'aimer, vu comment il est protecteur.
-Pourquoi tu veux me le présenter, alors ?
-Parce que je veux qu'il rencontre mon nouveau copain et qu'il voit que je suis heureuse avec lui.
Je l'ai regardé panser mes blessures. Elle était heureuse à ce point ? De mon point de vue, on ne faisait rien d'extraordinaire. Des banalités de couples. Oui, elles étaient nécessaires pour avoir de bonnes bases selon moi mais en-dehors de ça...
-Fini ! Alors ?
J'inspectai ma main bandée. C'était plutôt bien fait.
-Merci.
-Je t'en prie. Ça te coûtera un bisou !
Elle me fit son habituelle sourire espiègle puis je l'ai embrassé. Sur la bouche. Elle sursauta un peu, surprise.
-Quoi ?
-Non... Je... je pensais que tu allais me le donner sur la joue.
-Tu vas pas te plaindre que je t'embrasse, non ?
-Non ! Non ! Bien sûr que...
Je l'ai embrassé de nouveau et cette fois-ci, bien qu'encore surprise, elle répondit à mon baiser. Lorsque nos lèvres ont rompu le contact, elle souriait béatement.
-Shûhei, tu embrasses vraiment bien.
Mais son sourire disparu très vite pour adopter sa mine sérieuse. Elle me demanda alors ce qui s'était passé et je lui ai tout raconté.
À la fin de mon récit, je la voyais serrer son poing.
-Elle est gonflée ! Alors qu'elle sait que tu as une copine !
-Je sais.
-Et en plus, elle s'obstine ! Sans se rendre compte qu'elle te fait du mal !
-Je sais.
Elle s'est alors jetée dans mes bras, me faisant tomber en arrière sur le lit et manquant de m'ouvrir le crâne sur le rebord.
-Tu peux pas faire attention !
Elle était là, allongée sur moi, et me fixait avec un air triste. Elle plongea alors son visage dans mon cou tout en m'enlaçant tendrement.
-Je ne peux imaginer pas à quel point tu as eu mal...
J'ai caressé sa tête en silence. Sa tentative de réconfort état maladroite mais touchante.
-Shûhei... Je peux dormir avec toi ?
-...Si tu veux.
Je n'avais pas envie de sortir le futon du placard pour l'installer, certes, mais ce dont je n'avais surtout pas envie par-dessus tout, à cet instant, c'était qu'elle s'éloigne de moi.
Je me suis juste levé pour éteindre la lumière et nous nous sommes allongés dans mon lit, en nous regardant, pendant que Kurô se lovait à nos pieds. Yuna se mit à rire :
-C'est drôle.
-Quoi ?
-C'est la première fois que je suis au lit avec un garçon.
-Et Mimura ?
-Ken ? Jamais ! On n'a pas dépassé le stade des bisous et des câlins.
-Sérieusement ?
-Sérieusement ! Il voulait le faire avec moi mais je lui disais tout le temps que je n'étais pas prête...
-C'est pour ça que vous avez rompu ?
-Ça et son caractère jaloux... Il est possessif, comme tu l'as remarqué.
-Ouais...
Elle me sourit et vint se coller contre moi sous les couvertures.
-Ouh ! Shûhei, tu es tout chaud ! J'aime ça !
-Ah ! Crétine ! D'où tu balades tes mains sur moi !
-Allez, c'est bon. On est amoureux. On peut se permettre ce genre de chose !
-Je n'aime pas ça !
-Hihi !... Tiens, tu as quelque chose dans tes poches, Shû...
-OUAH !
Elle et moi avons rougi quand nous comprîmes ce qu'elle avait saisi ! Yuna a vite ramené sa main contre elle et m'a lancé :
-Pervers !
-C'est toi qui me touches et c'est moi, le pervers !?
-Oui, tu es un pervers ! C'était... C'était tout dur, en bas !
-C'est une réaction physique naturelle !
Elle était rouge d'embarras alors que je me tournais afin de convaincre mon appareil de se calmer un peu. J'ai alors senti Yuna m'enlacer de nouveau.
-Shûhei... Est-ce que... tu veux le faire ?
Je n'avais pas besoin d'un dessin pour savoir de quoi elle parlait. Si notre relation devenait plus sérieuse encore, on passerait sans doute par là.
Je me suis retourné pour regarder dans les yeux apeurés de cette jeune adolescente et lui ai répondu :
-Seulement quand tu te sentiras prête.
Elle m'offrit son plus chaleureux sourire et me remercia avant de m'embrasser et de s'endormir dans mes bras. Je l'ai un peu regardé puis je me suis mis à rougir. Ce n'était pas la première avec qui je partageais un lit. Mais c'était la première à dormir dans mon lit...
(J'ai vraiment plus l'habitude de sortir avec une fille.)
-NISHIYAMA SHÛHEI !!!
Une voix forte et puissante me tira des bras de Morphée, en me faisant sursauter.
-Quoi ? Kékipasse ? ai-je bafouillé, à moitié éveillé.
Je vis alors ma mère au pied de mon lit en train de me dévisager comme si je venais de commettre un crime odieux. Pourquoi elle...
Je me souvins alors de la nuit passée. Fébrilement, j'ai regardé à côté de moi et Yuna dormait paisiblement dans mon lit. Et ma mère, qui venait sans doute me réveiller car je traînai au lit, nous avait vu ensemble...
-C'est pas ce que tu crois ! ai-je hurlé.
Yuna, sans doute à cause des cris, se réveilla lentement.
-Hmm. Pourquoi tu cris ? Il est encore t...
En ouvrant les yeux, elle croisa le regard de ma mère, rougit fortement, et se redressa rapidement en tirant la couverture sur elle.
-Ce n'est pas ce que vous croyez ! avait-elle hurlé à son tour.
Ma mère nous a regardé avec une mine sévère. J'ai pensé que notre dernière heure était venue.
(Adieu, monde cruel. J'ai connu le bonheur par morceaux, c'est déjà ça...)
Alors que je pensais que ma mère allait exploser dans une colère noire, elle explosa... de joie.
-Shûhei ! Tu es devenu un homme ! C'est merveilleux ! Ah ! Mais tu t'es protégé, au moins ?
-DEHORS !
J'ai jeté ma propre mère hors de ma chambre, la honte au visage. Yuna était plus qu'embarrassé.
-C'est pas vrai..., ai-je soufflé.
-Shûhei ! Il n'y a pas de honte, me dit ma mère à travers la porte. C'est ce que font les couples, tu sais.
-Tu n'as pas honte de parler de ce genre de chose à ton fils !
-C'est aussi le rôle d'une mère de veiller à ce que son fils fasse les choses comme il faut. Et donc, se protéger est...
-ON A RIEN FAIT ! On a juste dormi alors ne parlons plus de ça !
-Bon, d'accord. À part ça, j'ai préparé le petit-déjeuner mais je vais devoir faire un peu plus, vu que ma petite Yuna est là.
Yuna s'est levé d'un bond et a accourue à la porte.
-Ah ! Ne vous dérangez pas pour moi ! dit cette dernière.
-Mais non, ça me fait plaisir, assura ma mère. Et puis, on est si peu souvent en famille. C'est une bonne occasion ?
(En famille ? Attends...)
-Maman, tu veux dire que...
-Oui, ton père est là. Il a déjà commencé à manger d'ailleurs. C'est l'occasion. Présente-lui Yuna.
J'ai regardé Yuna avec un air un peu inquiet. Qu'elle rencontre mon père était la dernière de mes envies. Et pas pour les mêmes raisons que je ne voulais pas qu'elle rencontre ma mère, au début...
Sur mes conseils, je suis descendu en premier, le temps que Yuna se débarbouille un peu dans la salle de bain et que je prépare le terrain. Quand je suis entré dans la salle à manger, ma mère mettait un bol supplémentaire pour Yuna et mon père était déjà à table en train de manger.
Il arborait comme à son habitude son air très sérieux de cadre derrière ses lunettes rectangulaires. Même pour ses jours de repos, il était impeccablement coiffé. Apparemment, il n'était sorti de son lit que depuis quelques minutes puisqu'il avait encore son pyjama.
-Bonjour, lui ai-je dit.
Il s'est contenté d'un « Hm. » pour me répondre. Comme d'habitude, son débit de parole à la maison était le plus bas possible. J'ai commencé à me servir, quand mon père jeta un œil sur le bol en plus.
-Nous attendons quelqu'un ? a-t-il demandé à ma mère.
-Oui. La copine de Shûhei a dormi ici et je lui ai proposé de prendre le petit-déjeuner avec nous.
Le regard de mon père s'est tourné vers moi, rempli de quelques reproches qu'il garda pour lui.
(Ça commence mal...)
Peu après, Yuna arriva, plutôt nerveuse. Elle alla de suite se présenter à mon père :
-Bon... Bonjour. Nanahara Yuna. Je... je suis la petite amie de Shûhei. Ravi de vous rencontrer.
Mais la grande politesse de Yuna ne lui permit de décrocher qu'un simple « Hm. » de la part de mon père, sans qu'il ne la regarde au début. Il a attendu un petit moment pour daigner lui jeter un regard. Je n'ai pas aimé la façon dont il la scrutait, pour jauger si la personne en face de lui était quelqu'un de valable ou non, en se basant sur son apparence. Il est ensuite retourné à sa nourriture, comme si de rien n'était.
Ma mère vint à la rescousse de Yuna en l'invitant à s'assoir à côté de moi et la traita comme un membre de la famille, ce qui nous gênait beaucoup.
Pendant que ma mère essayait d'apprendre à mieux connaître ma petite amie, mon père mangeait en silence et nous ignorait, comme toujours. Si ma mère n'avait pas été là, je pense que Yuna se serait sentit très mal à l'aise face à mon paternel.
-Shûhei, a-t-il dit d'un coup. Quel est ton classement pour les derniers examens ?
Ah. Je n'allais pas y échapper donc. J'ai soupiré avant de répondre :
-Je suis treizième, sur le classement des premières années.
Mon père afficha une mine sévère.
-C'est bien mais tu peux faire bien mieux que ça. Tu ne dois pas te laisser distraire par des banalités.
J'ai remarqué la direction de son regard quand il a insisté sur le mot « banalités ». Et Yuna aussi, qui baissa un peu les yeux.
-Yuna ne me distrait pas dans mes études, ai-je assuré.
-Je l'espère.
Il se leva alors de table après avoir fini de manger.
-Tu peux occuper ton temps libre comme tu le souhaites, tant que tu ramènes les résultats qu'on attend de toi. Ne laisse pas ton avenir professionnel s'écrouler pour des choses éphémères. Tu auras le temps de penser sérieusement à ces choses après tes études.
Sans rien ajouter de plus, il quitta la salle à manger. Si je ne m'étais pas retenu, je lui aurais collé mon poing dans la figure. Ma mère nous a regardé un air triste mais elle avait surtout de la peine pour Yuna qui, pour mon père, ne représentait rien de plus qu'une passade dans ma vie, voire une gêne potentielle pour mon avenir.
Après le petit-déjeuner, j'ai proposé à Yuna qu'on sorte tous les deux. Étant donné que demain, elle partirait en camp d'été avec son club pour deux semaines, je me suis dit qu'elle aimerait passer du temps avec moi. Dire qu'elle était contente que je lui propose ça de moi-même était un euphémisme.
Nous sommes passés chez elle pour qu'elle se change puis nous sommes allés aller à la gare et je l'ai emmené faire du shopping.
J'avais oublié à quel point ça pouvait être un enfer, ce genre de chose, avec une fille. Non pas qu'elle achetait énormément de chose mais elle prenait un temps monstrueux pour se décider. Sans mentir, j'ai failli craquer au bout d'un moment. Mais pour me remercier de ma patience, elle m'offrit une bonne crêpe garnie. Enfin, je la soupçonnais surtout d'avoir envie d'en manger une mais puisqu'elle payait...
L'après-midi, nous avons traîné dans une salle d'arcade pour perdre notre temps et notre argent sur un jeu de baston où elle n'était pas douée. Mais mauvaise perdante qu'elle était, elle voulait relancer une partie à chaque défaite. Au bout d'un moment, je l'ai laissé gagner parce qu'elle aurait été capable d'engloutir nos économies entières, cette idiote ! Elle s'est sentie vexé quand elle a compris ce que j'avais fait, mais elle m'a pardonné quand je lui ai gagné une peluche avec la machine attrape-peluche.
Je l'ai enfin emmené dans un café pour une petite collation, après une journée bien remplie.
-Merci, Shûhei ! C'est le meilleur rendez-vous que j'ai eu !
-Je t'en prie...
Après que la serveuse lui ait apporté sa pâtisserie et son chocolat chaud et moi, mon café au lait, me demanda le plus calmement possible :
-Shûhei, tu as déjà couché avec ton ex ?
J'ai failli m'étouffer avec mon café et le renverser.
-Ça va pas, de me demander ça comme ça ! Et en public !
-Mais ! dit-elle en faisant sa tête de gamine capricieuse. C'est normal que je me pose la question, non ?
(Oui, dans un sens ! Mais il y a des moments pour ça !)
-Et pourquoi tu me demandes ça, d'abord ?
-... Je veux pas perdre contre elle.
-C'est pas un match de basket !
-Tu peux pas comprendre. Tu es un mec...
(Peut-être, peut-être pas... Allez savoir.)
-T'as pas besoin de te mettre en compétition avec elle..., lui ai-je dit en soupirant.
-Ah oui ? Et pourquoi ça ?
-Parce que tu as gagné depuis un moment.
Elle me regarda puis se mit à sourire, contente que je le lui dise.
Août avait pris le relais et la température ne baissait pas, bien au contraire.
Même si j'étais proche du décès, je suis quand même venu assister au départ de Yuna. Le bus était sur le départ et elle refusait de me lâcher, en simulant une crise de larmes.
-T'es une vraie gamine ! Lâche-moi ! Les autres t'attendent !
-Maaaaaais ! Tu me manques déjà !
-Tu n'es même pas encore parti !
Je voyais les filles dans le bus rire en nous regardant. Dans celui où se trouvait les garçons, certains semblaient me jalouser. Bien sûr, je vis Mimura me jeter un sale regard...
-On s'écrira le soir ! Et tu n'as pas intérêt à me tromper ! s'écria Yuna en me regardant.
-Continue à dire des bêtises et je vais vraiment m'énerver !
N'en pouvant plus, j'ai demandé de l'aide à la capitaine pour qu'elle l'emmène. Avec un ton autoritaire et une bonne poigne, elle emmena Yuna dans le bus en m'assurant qu'elles prendraient soin de ma copine.
Les bus démarrèrent puis s'éloignèrent peu à peu. Je vis Yuna ouvrir une des fenêtres de son bus et me faire de grands signes de la main pour me dire au revoir, ce à quoi je lui répondis par de petits signes.
Mine de rien, moi qui m'étais habitué à être souvent en compagnie de cette pile électrique sur pattes, à cet instant, je me disais que ça allait être très calme pendant ces deux semaines...
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