Atroce réveil
Bip.
Bip Bip.
Bip Bip Bip.
Mon corps souffreteux s’agite. Mes paupières lourdes s’allègent et les ombres dansantes diminuent le rythme. La bouche pâteuse, j’articule avec difficulté quelques mots inintelligibles. Mes doigts endormis touchent un gobelet. L’eau est chaude. L’atmosphère pesante. Les lumières clignotent. Les bruits du silence résonnent dans ma tête.
J’arrache les fils me raccrochant à la machine. Cathéters et sondes. Toujours aucun bruit. La plante de mes pieds caresse le sol froid et poisseux.
Du sang. Des viscères.
Je me rattrape au lit et une douleur sourd dans mon thorax. Je suis faible.
Toujours aucun bruit.
Je suis dans un hôpital et seule ma solitude égrène ses secondes.
La fenêtre. Je dois aller voir.
Crasseuse. J’enlève la saleté et derrière se dévoile un monde souillé et dévasté.
Des corps dans la rue. Des hommes, des femmes, des enfants. Le regard vide, la bave aux lèvres. Ils vont vers le néant.
J’en fais tomber ma choppe d’infortune.
Ils s’immobilisent.
Me regardent.
Je ferme les yeux.
Les réouvre.
Ils ne sont plus là.
Je me retourne.
Ils sont là.
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