Lente colère ascensionnelle du mouton à cinq pattes
Au violon sacré qui danse sur la route ;
Aux pas las et usés qui creusent dans la croûte ;
A l'artiste voyageur qui fredonne ses rêves ;
Aux fous, libres penseurs d'un monde qu'ils élèvent ;
Je veux crier pour longtemps le mutisme qui flatte
Mais pour tout l'or du temps ; un mouton à cinq pattes...
Trajet quotidien, moteur qui tourne rond...
Ma tête s'évapore, je mate l'été abscons...
Musique tremblante au fond de l'habitacle,
Je rumine l'ire qui monte comme par miracle...
… Dans mon livre ouvert, les vers font leur nid !
Mais voir un mouton à cinq pattes...
Dégoût silencieux qui me frappe les nerfs
Un monde effacé ; effaré ; gobe tout l'air...
Les injustes hivers reviennent hanter mes jours...
Les fantômes qui se marrent sont beaucoup trop lourds...
… Dans mes rides, l'eau huileuse fait sont lit !
Mais voir un mouton à cinq pattes...
Frappe sèche et puissante ; les rats sont malades ;
Les loups anciens respirent et lèchent mes gonades...
La mue s'opère – libre et saignante – farfelue !
Mes odeurs ; mes horreurs ; mes mondes sont nus...
… Dans mes mains calleuses, les rampants sont vivants !
Mais voir un mouton à cinq pattes...
Sentiment de laideur et d'astres moqueurs...
Je finirais par avaler mes moiteurs...
La colère noire, par les lignes ouvertes en plaie ;
Signe une rangée de culs – de chairs et d'ivraie !
… Dans ma tête chaude ; le métal est bouillant !
Mais voir un mouton à cinq pattes..
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