Chapitre 9.3 : Fileya

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Tandis qu’il se stoppa dans ses moqueries, Brazéra vit effectivement, tout comme sa Maîtresse, que leur adversaire commun avait profité de l’inattention du Dragon pour se ruer en direction de son cheval. À l’identique un lâche fuyard, le futur dirigeant de l’Élite avait pris ses jambes à son cou pour se dépêtrer de ce combat dont il avait conscience d’avoir perdu d’avance. Sa monture avait également dû sentir le danger dès l’arrivée de l’Hybride, si ce n’était le commencement de l’affrontement entre les deux Invoqueurs, en réalité, car celui-ci s’était légèrement éloigné du champ de bataille, tout en veillant à demeurer dans un certain périmètre de son Maître, au cas où ce dernier aurait besoin de lui… comme maintenant !

S’il croit que ça va se passer comme ça ! rugit aussitôt Brazéra, furieux, tandis que les deux lignes qui lui faisaient office de sourcils au-dessus de ses yeux se froncèrent de mécontentement.

Prêt à tout pour empêcher son adversaire de fuir leur affrontement car il avait promis à sa Maîtresse de l’aider dans son combat contre son compère déchu, le Dragon inspira profondément, comme on emmagasinait la plus grande quantité d’air possible pour calmer un cœur anxieux. Mais, quand il expira pour recracher tout l’oxygène accumulé, ce ne fut pas seulement de l’air qui sortit de sa gueule, mais bien toute une gerbe de flammes !

En dessous, Seven avait déjà enfourché son cheval. Deux coups de pied bien fermes sur les flancs de l’animal suffirent à faire comprendre à ce dernier qu’il devait impérativement se mettre en route. Quand l’équidé s’enfuit au galop, les flammes de l’Hybride commencèrent à lécher le sol juste derrière ses sabots. Le Chevalier d’Argent était parvenu à se sauver à temps.

Brazéra n’avait très certainement pas décidé d’en terminer ici avec son adversaire. Vif comme la foudre, la créature céleste pencha légèrement son corps vers l’avant, tandis qu’il battit puissamment des ailes pour se donner de la rapidité. Toujours dans la paume de son Hybride, Fileya planta ses ongles dans la peau recouverte d’écailles de la bête mythique, son cœur ratant un battement, laissé quelque mètres derrière elle. Le Dragon prenait Seven en chasse. De sa gueule se déversait un véritable torrent de lave qui suivait l’Invoqueur renégat et sa monture de près, mais son cheval avait pu être entraîné à courir à des vitesses extrêmes pour parvenir à semer avec une si grande vélocité même un Dragon en plein vol !

Je t’en prie, suis-le ! Fais de ton mieux ! encouragea Fileya, espérant que sa petite voix ne soit pas masquée par les rafales de vent provoquées par la vitesse de l’Hybride. Je ne dois surtout pas le laisser s’échapper. Je crois… Je crois que c’est ce qu’Elle veut que je fasse…

Fileya s’était tellement laissée emporter par l’euphorie du combat qu’elle en avait oublié sa présence première dans la mythique Cité des Invoqueurs. La Déesse l’avait envoyée ici pour qu’elle accomplisse une mission. Une épreuve qu’elle devait remporter pour se montrer digne de la divinité et des secrets que cachait encore cette dernière.

J’ignore de qui tu fais mention, Maîtresse, dit Brazéra de sa voix caverneuse, mais tes désirs sont des ordres !

D’un battement d’ailes supplémentaire, le Dragon rouge augmenta la vitesse de ses déplacements, tandis que sa gueule s’agrandit davantage pour laisser plus de flammes se déverser de son gosier. Mais le cheval de Seven, étant moins imposant que l’Hybride, redoubla également de vélocité, guidé par la volonté de son Maître. Ainsi, l’équidé esquiva tous les assauts aériens sans problème, et sans même broncher une seule seconde.

Alors que Brazéra effectua un piqué pour se rapprocher du sol, Fileya, les sourcils froncés d’incompréhension, analysa la façon dont Seven dirigeait sa monture. Elle n’aimait pas le voir tirer sur la bride de son cheval pour le guider dans des ruelles plus étroites, ou encore le fait que jamais il ne se retournait pour prendre conscience de la distance qui le séparait de ses deux adversaires.

« C’est comme si… réalisa la jeune fille en son for intérieur. Comme s’il savait où il devait se rendre… »

Fileya ouvrit la bouche dans l’espoir de partager ses réflexions avec son Hybride, lorsque ce dernier freina brusquement sa route. Les yeux écarquillés de terreur, les bras de Fileya se fermèrent par réflexe devant son visage quand elle perçut un bâtiment constitué de roche qui leur barrait subitement le parcours.

Au vu de la vitesse de vol de Brazéra, ils n’avaient aucune chance d’en réchapper : ils fonçaient droit sur la petite tour, et s’apprêtaient à la percuter de plein fouet.

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