Chapitre 10.4 : Fileya
Tout à coup, alors qu’elle était perdue dans les méandres de son esprit qui se repassait le film de son épreuve en boucle dans sa tête, Fileya se sentit arrachée à tous ses démons lorsque deux bras puissants lui entoura les épaules. Écarquillant les yeux de surprise, les battements de son cœur s’apaisèrent quand elle reconnut l’odeur de Yume. Lentement, elle referma à son tour les mains sur son dos, tandis qu’elle laissa son front reposer sur les épaules qu’il lui offrait pour se calmer.
― Quoi que t’aies pu vivre là-dedans… susurra-t-il d’une voix douce, mais assez forte pour que tous puissent entendre ses paroles réconfortantes. C’est terminé, d’accord ? Rien de tout ça n’était réel.
Suite à l’intervention de Yume, un silence de plomb tomba sur le petit groupe, qu’aucun n’osa briser. Fileya ne pleurait plus, mais sa respiration ne s’était pas tout à fait calmée, bien qu’elle était sur la voie du progrès. Yume fixait un point quelque part derrière la jeune fille, un éclat grave dans le fond de ses pupilles lagon. Astrid et Thandon, quant à eux, ne se risquaient même pas à poser les yeux sur le spectacle pathétique qu’offrait leur magicienne, beaucoup trop inquiets par ce que la Flèche de Cristal réservait encore pour eux-mêmes. Léterno, de son côté, ayant saisi le moment d’intimité que partageaient les deux meilleurs amis, croisa ses bras sur son torse à moitié dénudé, puis porta son unique œil améthyste au-dehors de la tour. Une petite lucarne dans le mur à leur droite laissait entrer un mince rayon de soleil déjà à l’azimut qui venait se planter sur les silhouettes de Fileya et Yume, comme deux comédiens sous les feux de la rampe.
Finalement, Astrid poussa un profond soupir, tandis que ses yeux se levèrent en direction de Thandon. Comme s’il avait senti cette attention, le jeune garçon dressa à son tour le regard, et une même lueur d’inquiétude brilla dans le fond de leurs pupilles. Les deux compagnons n’avaient pas besoin de parler pour exprimer leurs pensées secrètes : comment, eux, allaient-ils ressortir de leurs épreuves respectives, quand ils voyaient l’état lamentable dans lequel avaient été Yume puis Fileya ?
― Fileya… ? murmura tout à coup la voix de Yume, ce qui attira tous les regards à lui. Fileya, est-ce que ça va ?
Avec précaution, le jeune homme agrippa sa meilleure amie par les épaules, mais cette dernière retomba lourdement dans ses bras, telle une vulgaire poupée de chiffon. Complètement inerte.
― FILEYA !
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