Silence cotonneux

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Des semaines, presque des mois sans écrire. L'envie étouffée. Par quoi ? Très simple. Par la prudence, vite engloutie par l'angoisse d'une annonce. Vivre c'est prendre des risques et toi, du haut de tes cellules encore totipotentes, des risques, tu en représentais. Mais tu n'y peux rien, alors le silence cotonneux dans lequel je me suis retrouvée, je ne peux le reprocher à rien d'autre qu'à la vie.

Un chiffre. 18.

Deux mots. Risque, trisomie.

Conséquence. Une parenthèse.

Difficile de se projeter dans ce ventre arrondi et empli d'incertitude pourtant, tout arrive toujours au meilleur des moments et cette année passée était bien propice au renfermement, au silence. On ne voit personne, on se replit, et on espère.

Nous voilà donc à un peu plus de deux, mais pas vraiment encore trois. Non. Tu étais là, dans mon corps, mais pas encore dans mon cœur, et bien maîtrisé, presque camisolé dans ma tête. La patience n'a jamais été mon fort mais là, je n'ai pas eu le choix. Je devais faire confiance et lâcher prise. On devait faire confiance. Car oui, je n'étais pas seule. Lui. Toujours lui. Parfait, aimant, prévenant. Quelle chance j'avais de traverser cette tempête de neige à ses côtés.

« Résultat négatif »

Soulagement ? Pas vraiment. Confirmation, plutôt. Comment expliquer que cet appel n'a en réalité fait que confirmer ce que mes entrailles criaient, ce que tu me criais depuis le fin fond de mon utérus.

« Sois tranquille, fais-moi confiance, tout va bien se passer. »

Toi, le renard des surfaces, enfoui sous la neige, te voilà hors de ta cachette pour t'exhiber aux yeux de tous. Tu romps ce silence cotonneux avec merveille pour offrir ton profil au monde. Comment ne pas fondre ? L'inquiétude levée, quelques risques subsistent, certes, mais vivre c'est prendre des risques, n'est-ce pas ? Ne devais-je pas apprendre à faire confiance ? Je ne t'ai pas encore rencontré, mais pourtant, tu m'apprends déjà tant... Et lui, grâce à toi, il va tellement mieux. Son sourire, son regard, son amour sont si précieux. Quelle chance tu auras d'en profiter d'ici quelques mois. Par contre, s'il te plaît, ne me vole pas la vedette, laisse-moi un peu de lui. Il est inestimable. Tu comprendras très vite.

Un unique conseil : exploite tout ce que ce placenta est capable de t'offrir. Peut-être te donnera-t-il juste ce qu'il faut, peut-être pas assez, mais on sera là pour veiller à ce que tout aille pour le mieux. Tu n'es pas seul, tu n'es plus seul. Nous deux, on est là, avec toi, et autour de nous, on a la chance d'avoir des professionnels, des amis aux petits soins. Ta simple présence, la simple idée de ta venue, amène une avalanche de bonheur dans cette forêt, tu n'imagines même pas.

A bientôt, petit renardeau.

Je ne signe pas. Pas encore. Pas encore prête. Trop tôt peut-être. Ou trop timide, qui sait !

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