À bientôt, pardon et merci
Le temps passe.
Les saisons s’effacent.
Et toi, toi tu grandis.
La rencontre est proche. Très proche. Trop proche peut-être pour lui.
Sans nom encore, petit renard.
Mais, chose étonnante, nos options riment avec ce surnom.
Va savoir...
Et oui, bientôt tu seras là, vraiment là avec nous. Je pense que le temps est venu. Non pas que je t’investisse d’une mission, non, mais je pense que ta venue dans ce monde lui fera du bien, à lui, ton papa. Cette année n’a pas été facile et ne l’est toujours pas. Des failles se révèlent et des peurs s’installent, sans raison apparentes. L’isolement de cette époque n’a pas aidé, c’est certain. Alors toi, ton arrivée, ta personnalité qui va s’offrir au monde, va nous ouvrir à nouveau sur celui-ci dans un gigantesque plongeon vers l’inconnu. Peut-être est-ce cela qui l’angoisse ? Peut-être... Que d’incertitude lorsqu’on est simple spectateur. Pourquoi un énième texte rude et peu enclin au bonheur alors que j’ai passé ces derniers mois à me moquer gentiment de toi, de moi, de nous ? Parce que j’ai besoin de te demander pardon, petit renard. Pardon pour cette tension des dernières semaines. Ou alors des derniers mois ? Difficile à dire tant le temps passe. Tu as été parfait. Présent mais pas trop, tes mouvements ont été rassurants, presque salvateurs pour moi. Je n’étais pas seule et ta légère naïveté m’a accompagnée avec délice dans les méandres de ces incertitudes.
Seule, je ne l’ai jamais été.
Et pourtant...
Ses failles nous ont isolés.
Lui d’un côté, à tenter de les gérer.
Nous du nôtre, à tenter d’évoluer.
Le tout, avec respect.
L’avenir nous le dira, mais
Comment expliquer que j’ai confiance ?
Comme depuis le début de cette folle aventure,
j’ai confiance.
D’où ça vient d’ailleurs, ça ?
De toi, j’en suis sûre.
Alors, petit renard, merci. Je n’ai pas tout aimé de cette parenthèse, car, tu le sais, elle m’a imposé trop de limites et trop de remaniements. Mais grâce à ta présence dans mon ventre, j’ai appris. Plus de trois mois à boiter, grimacer, râler... Ce bassin m’a tant fait défaut et m’a tout à la fois tant appris. Prendre le temps. Lâcher-prise. Prendre soin. De soi, d’abord, des autres, ensuite. Trois mois de relaxations régulières pour m’amener à la visualisation d’une rencontre que j’envisage douloureuse, puissante, intense et merveilleuse. D’ailleurs, c’est étonnant comme les choses sont bien faites, petit renard.
Lorsque je ferme les yeux,
pour l'instant, je nous vois tous les deux
lors de ce premier instant précieux.
Pourquoi pas tous les trois ? Parce qu’il n’est pas encore prêt. Son rythme est différent. Respectons-le. C’est peut-être pour cela que tu ne te mets pas encore en route, que notre travail ne débute pas encore. Tu patientes comme je patiente (enfin, comme je tente). Tu observes, comme moi. Pour ainsi, choisir le meilleur moment. Celui qui le brusquera le moins et le comblera le plus. Et ce moment, il arrive je le sens. Hier, il nous l'a prouvé. Se souvenir du jour de la semaine où on a appris ton installation, c'est pas donné à tout le monde, ça. Un mardi... Je l'avais moi-même oublié. En tout cas, je n'y avais porté aucune attention. Lui, si.
Une autre chose que j'avais oublié aussi : comme tu bouges lorsque je pianote sur un clavier. Un oubli car je n'écris plus. Je relis, je modifie, j'approfondis, mais je n'écris plus. D'ailleurs, c'est lui qui me l'a fait remarquer.
Ma puce, avant t'écrivais tout le temps... Pourquoi tu le fais plus ?
Alors, il vient d'où ce déclic ? De vous deux et de moi, aussi.
Il m'a offert l'impulsion de le faire.
Ce sont tes mots ainsi posés grâce à mon doigté,
parce que les rimes sont loin d'être une routine.
Et moi ?
Moi, un peu plus je me dévoile.
Alors, difficile de cacher mon impatience à découvrir tout ce, qu'ensemble, nous allons être capables.
À bientôt, et merci, petit renard.
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