Cinq heures quatre minutes.

La maison est calme, sombre, paisible et pourtant, une petite heure plus tôt, tu gémissais, tu te tortillais, tu pleurais même.

Tu avais faim, petit renard.

La beauté de la parentalité n’efface pas la difficulté de se lever pour chauffer un biberon. La beauté de la parentalité n’empêche pas la couche pleine qui restera ainsi jusqu’au prochain biberon du petit matin pour une unique raison : l’ogre se tenant dans nos bras et qui ne supportera pas d’attendre une minute supplémentaire, l’estomac ainsi désespérément vide. Tant pis pour les fuites…

Cinq heures vingt et une minutes.

La maison est calme, sombre, paisible et pourtant, je suis là à écrire. Peut-être parce qu’il est temps de se faire plaisir et de sortir de ce quotidien déjà rodé, presque aussi rythmé que le moteur rutilant qui travaille à mes côtés. Un coup d’oeil : dix sept minutes ! Déjà ?! Et bien, voilà ainsi une nouvelle habitude que je pourrais mettre en place. Écrire pendant que le tire-lait fait le reste. Nul besoin de relancer la stimulation pour une fois, le cerveau déconnecté de la réalité fait le reste semble-t-il.

Cinq heures vingt quatre minutes.

La maison est calme, sombre, paisible et pourtant, je ne suis pas seule. Non. Tant d’autres ici et ailleurs sont à ma place : reliées à une machine plutôt que d’être blottie dans les bras de leur bébé. Par choix peut-être, par fatalité pour beaucoup. Alors il faut trouver des parades. Un plaisir gustatif ? Un plaisir auditif ? Un plaisir créatif pour ma part.

Cinq heures trente minutes.

La maison est calme, sombre, paisible. Fin de session de tire-lait. Il est déjà temps de refermer le clavier. Oserais-je dire à demain ?! Si la créativité est là, avec plaisir. Ces quelques lignes semblent trop vite avortées et ces quelques minutes parfois si longues, ont semblé ici bien courtes mais il faut profiter de cette maison calme, sombre, paisible pour offrir au corps, le repos et la récupération qu’il mérite. L’esprit lâchera prise ainsi plus facilement offrant à la créativité une place de choix. Voici d’ailleurs, sa première maigre contribution depuis des lustres