Cinq heures. 

Réveil horrible, presque cruel. Depuis maintenant plus de trois mois, tu régis mes nuits et as fait de moi une marionnette à la vie au rythme désastreux. 

Cinq heures. 

Prisonnière. Corps et âme dévouée à te servir. 

Cinq heures. 

Difficile de se lier. Douleur et épuisement écrasent tout. Plus d’autonomie, plus de liberté, je t’appartiens. 

Cinq heures.

Nuit après nuit, toutes se ressemblent. Toutes, sauf une.

Tes pupilles, des billes ainsi éclairées par la simple veilleuse du tire-lait ont, une nuit, tout changé. Ce biberon combiné à une énième session tire-lait a tout changé. À cet instant précis, je suis devenue plus qu’une simple marionnette je suis devenue ta marionnette. Liés à jamais, tu as plongé ton regard dans le mien. Nul besoin de mots. L’amour et la force de ce regard ont été les plus beaux cadeaux que l’on m’ait fait, que tu m'aies fait ces dernières semaines. Qu'importe les douleurs, les maladies, les doutes et les difficultés, ce regard nocturne a illuminé le restant de mes jours et a allumé à jamais la mèche de mon amour pour toi, petit renard.

L’instinct maternel, l’amour inconditionnel dès la première rencontre voire même dès les premiers remous dans le ventre n’ont pas fait de moi ta marionnette. C’est ce regard précis à cinq heures du matin qui m’a lié à jamais à toi. 

Tu es formidable, je suis fière d’être ta marionnette, petit renard.