Maman

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Une vibration. Puis une autre. Encore le portable.

L’écran indique « Maman », sans photo. Icone vert. Je suis Rémi.

– Allo ?

– C’est toi, mon trésor ?

– Heu… Oui maman, c’est moi.

– Ah, je suis contente de t’entendre !

– Moi aussi.

– Clarisse vient de m’appeler. Alors comme ça, tu vas peut-être sortir demain, c’est formidable, mon chéri !

– Hé bien oui, j’ai réussi à marcher un peu ce matin et si les résultats du scanner sont bons, à priori j’aurais le feu vert pour demain après-midi.

– Je suis tellement contente, tu sais, et ton père aussi, évidemment… Il paraît que Jules et Zoé ne parlent que de toi. Tu leur as tellement manqué, Rémi… À nous aussi tu nous as manqué… Je vais les chercher à l’école à cinq heures et je m’occupe d’eux ce soir pendant que Clarisse sera avec toi… Demain… Si tu savais comme on a eu peur, mon chéri…

Les mots de Viviane, des mots simples, des mots qu'elle ne pensait peut-être jamais pouvoir dire et qui s’échappent par petits groupes, un peu trop vite comme si elle avait peur de devoir les retenir au dernier moment, des mots où je sens la douleur et la dévotion d’un amour maternel inconditionnel, des mots qui coulent en moi et traversent toute l’épaisseur de ma détresse, des mots que dirait aussi ma mère dans un autre monde, des mots qui répandent une chaleur comme ils réchaufferaient le cœur de Rémi. Et j’ai envie de dire…

– Merci… maman…

– Mais de rien, mon trésor. On t’aime très fort tu sais, Rémi… Ç’a été dur, mais c’est bientôt fini…

Pour qui est-ce bientôt fini, Viviane ?

– Bon en tous cas tu nous tiens au courant pour demain, je viendrai te chercher en voiture… Et puis je resterai avec toi pendant la journée, le temps qu’il faudra, hein. Je vais bien m’occuper de toi, Rémi, tu verras.

Je ne sais pas si j’ai envie de voir ça, Viviane. La reconnaissance que j’éprouvais se teinte d’agacement. Pourquoi faut-il que les mères en fassent toujours trop ?

– C’est gentil, maman… Mais je vais regagner mon autonomie assez vite, tu sais…

– Oui enfin, pas trop vite quand même, il faut d’abord que tu te reposes et que tu reprennes des forces.

– Oui, maman

– Bon, je vais te laisser. Je te faire des gros bisous, mon chéri. À plus tard.

– Au revoir, maman.

Je raccroche.

Pourrais-je lui dire un jour que je ne suis pas Rémi ? Pourrait-elle seulement l’entendre ? Est-ce déjà trop tard ? Et que se passera-t-il ensuite ?

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