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Elle s’appelait Simone ou Sylvie, je ne sais plus, mais le nom commençait par un "sssiii" comme le son des serpents lorsqu’ils se sentent en danger. Je la regardais une dernière fois avant de partir. Elle dormait profondément, nue sous les draps, apparemment satisfaite et heureuse. À vrai dire, je n’en avais rien à faire qu’elle soit satisfaite ou heureuse. Je me méfie des femmes lorsqu’elles se réveillent à mes côtés. Elles vous enlacent le buste et le cou, vous serrent et vous murmurent des mots qui suffoquent. Voilà pourquoi je me sauve comme un voleur.


J’ai perdu le respect envers les sentiments des femmes. Je les traite comme des vipères du haut de ma condition de mâle. Je m’excite à l’idée de les enchanter puis je déprime et je deviens insensible envers ces bêtes qui rampent, qui frottent leur corps au mien. On pourrait penser que c’est une sorte de vengeance. Je dirais plutôt que c’est le seul moyen que j’ai trouvé pour me défendre. Je ne suis pas un psychopathe. Je ne considère pas que je les maltraite. Ce n’est pas mon poing, mais mon indifférence qui cogne sur leurs émotions. Les âmes sensibles me demanderont où est la différence. Ces femmes ne sont qu’un corps. Comme un fantôme, je les traverse sans me soucier de savoir si elles jouissent véritablement ou si elles font semblant, je me fous de savoir si elles aiment ou si elles m’aiment.


Christian m’a toujours reproché mon manque d’affection envers les femmes, mais je sais qu’il s’en sert pour créer des histoires. Il aime se mêler des affaires sentimentales des autres et inventer des lignes de vie pour chacun de nous. La plupart suit ses conseils, mais d’autres finissent par lui échapper, par prendre une autre voie, une voix qu’il n’avait jamais entendue. Ils se révèlent à lui et à eux-mêmes. C’est à ce moment-là qu’il les perd, ou plutôt, c’est eux qui l’abandonnent au milieu du chemin comme on abandonne l’écriture d’un livre. Ce n’est pas l’écrivain qui interrompt l’histoire, mais ce sont ses personnages qui n’ont pas su poser leurs mains sur les siennes pour le retenir, pour que ses doigts appuient sur les lettres du clavier. Ses personnages qui n’ont pas su lui souffler les mots justes.

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