Les derniers rayons de soleil glissaient sur Seattle, peignant le ciel de nuances orangées et roses qui se mélangeaient aux nuages gris typiques de l’automne. L’air frais et humide transportait l’odeur familière des feuilles mortes et d’une pluie imminente. Sur le terrain de sport du lycée Franklin High, les gradins en béton étaient déserts, mais les cris et rires étouffés des cheerleaders résonnaient, se mêlant au bruissement discret des drapeaux de l’équipe, battus par le vent.

Le terrain était impeccable, un vert éclatant malgré la saison. À chaque pas, les baskets blanches des filles s’enfonçaient légèrement dans la pelouse encore humide de la rosée matinale. L’odeur de terre fraîche montait à chaque mouvement, ajoutant une note brute à l’atmosphère disciplinée de l’entraînement.

Au centre du terrain, Lila Harper, capitaine des cheerleaders, se tenait droite, les bras croisés sur sa poitrine, scrutant ses coéquipières d’un regard concentré. Ses cheveux, tirés en une queue-de-cheval haute, balayaient légèrement son dos à chaque mouvement du vent. Sa tenue violette et argentée brillait sous la lumière déclinante, et un nœud blanc parfaitement noué ornait ses cheveux, complétant l’image de la perfection. Mais malgré son apparence impeccable, une ombre de fatigue alourdissait ses yeux.

Elle frappa dans ses mains, attirant l’attention des autres filles.

— Encore une fois, les filles. Chloé, garde tes bras tendus pendant le saut, sinon on perd l’effet. Et Emily, essaie de sourire, lança-t-elle d’un ton doux, mais ferme.

Chloé, une brune pétillante aux lèvres recouvertes de gloss rose bonbon, roula des yeux en secouant ses pompons argentés.

— Lila, tu sais que personne ne regarde vraiment les détails, non ? Les gars ne voient que des filles qui sautent et agitent des pompons.

Un éclat de rire monta du groupe, mais Lila ne faiblit pas. Elle répondit avec un sourire amusé, mais ses yeux trahissaient sa détermination.

— Peut-être, mais je ne travaille pas pour impressionner les gars. Je veux qu’on soit les meilleures, et pour ça, on doit être impeccables. Alors, à vos places ! Une dernière fois.

La musique démarra, un morceau pop entraînant, et les filles se mirent en mouvement. Lila comptait mentalement les battements, ses jambes musclées se tendant à chaque saut. Le vent froid piquait ses joues, et elle sentait la tension familière de ses muscles, un mélange de douleur et de satisfaction. Ses baskets frappaient le sol avec une précision presque métronomique, accompagnées par les bruits étouffés des semelles des autres filles.

Mais malgré l’énergie qui vibrait autour d’elle, Lila se sentait ailleurs. Les rires, les acrobaties, la musique… tout cela semblait trop bien huilé, trop prévisible. Est-ce que c’est tout ce que je veux ? pensa-t-elle, une question qui revenait souvent ces derniers temps.