Chapitre 1 : Entre Deux Mondes (partie 2)

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À plusieurs kilomètres de là, dans un quartier plus modeste, un garage exigu abritait une scène complètement différente. Les murs étaient sombres, éclairés uniquement par une ampoule nue suspendue au plafond. Une odeur de métal froid et de bois humide imprégnait l’air, mélangée à celle, plus subtile, d’huile moteur et de vieille bière.

Sur les murs en béton, des affiches froissées de concerts illustraient des noms comme Nirvana, Pearl Jam et Alice in Chains. Certains coins du garage étaient noircis par des graffitis, des coups de bombe maladroits qui formaient des éclats de couleurs sur ce fond gris monotone.

Assis sur une caisse en bois près de l’ampli, Jonah Parker accordait sa guitare Fender, une vieille relique à la peinture écaillée qui portait les marques de nombreuses années de jeu. Ses doigts longs et légèrement calleux glissaient avec une précision habituelle sur les cordes métalliques, produisant des sons bruts qui résonnaient contre les murs.

Il portait une chemise en flanelle rouge et noire, ses manches retroussées jusqu’aux coudes, et un jean troué au genou, usé par des heures passées à s’asseoir sur le sol ou à répéter. Ses Converses noires étaient couvertes de taches de boue séchée, et ses cheveux bruns en bataille tombaient devant ses yeux, qu’il plissait pour vérifier les réglages de l’ampli.

— Jonah, tu finis de tripoter ta guitare, ou on joue ? grogna Ryan, le batteur, en frappant légèrement ses baguettes contre le bord d’une caisse claire cabossée.

Ryan était assis derrière une batterie de récupération, composée de morceaux dépareillés qu’il avait réparés lui-même avec du scotch et de la colle. Son débardeur noir collait à sa peau moite, et une odeur de déodorant bon marché flottait autour de lui.

Jonah leva les yeux, un sourire en coin étirant ses lèvres.

— Je tripote pas. J’accorde. Si tu frappes moins fort sur la grosse caisse, peut-être que tu l’entendras aussi.

Ryan éclata de rire, faisant un clin d’œil à Lucas, le bassiste, qui réglait sa basse en silence.

— Vous êtes comme un vieux couple, sérieux, lança Lucas en passant ses doigts sur les cordes épaisses de son instrument.

Jonah secoua la tête et s’approcha de l’ampli, laissant échapper un grondement sourd en grattant les cordes d’un coup sec.

— OK, les gars. On reprend "Smells Like Teen Spirit", mais cette fois, essayez de rester dans le tempo.

Les premières notes, distordues mais puissantes, s’élevèrent dans l’air. L’ampli vibrait sous les accords de Jonah, remplissant la pièce d’un son brut, presque chaotique. La basse de Lucas s’ajouta en un grondement sourd, tandis que Ryan attaquait ses cymbales avec une énergie presque sauvage.

Jonah ferma les yeux, laissant la musique le transporter. Il sentait chaque vibration des cordes contre ses doigts, chaque battement de la batterie résonner dans son sternum. L’odeur de la fumée de cigarette flottant encore dans l’air semblait s’estomper, noyée dans le grondement de la musique. Pendant ces moments, il se sentait libre, déconnecté du monde extérieur.

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