- Ah, mince !

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Je voulais faire référence à un événement historique pour notre histoire, mais j'ai oublié la date exacte . . .

- Ne t'en fais pas. Je crois qu'il y a un livre dans la bibliothèque de l'école qui recense tous les événements historiques majeurs du pays. Le tien doit sûrement en faire partie. Je vais le chercher.

- Merci, Naoki !

- Il n'y a pas de quoi.

Le jeune brun aux yeux bleus se lève et quitte la salle du club de littérature.

C'est alors qu'une fille prend place à côté de moi. Elle plonge ses grands yeux verts dans les miens pour me dire :

- Salut ! Je m'appelle Imaé Ichiheiwa. C'est bien toi, Yoko ?

- Oui, c'est moi.

- Ah ! J'en étais sûre ! Naoki m'a parlé de toi. Il semblerait que tu veuilles aussi le sauver . . .

- Au fait, c'est plutôt toi qui veut "aussi" le sauver.

- Ah, je vois ce que tu veux dire. C'est vrai que tu as pris cette résolution avant moi. Justement, je me disais que puisque nous avons toutes les deux le même objectif, nous devrions nous entraider. L'union fait la force, comme on dit !

- Certes . . . Je te remercie de ta généreuse proposition, mais je suis parfaitement capable de sauver Naoki seule !

- Tu en es sûre ?

- Absolument !

- Bon, si tu le dis . . . Dans ce cas, je te laisse. On se revoit tout à l'heure pour aller au parc !

- Ah, Naoki t'as déjà prévenue ?

- Oui, hier soir, par message.

- Je vois . . .

- Bon, à tout à l'heure !

Elle se lève aussi rapidement qu'elle s'est installée et s'éloigne.

*

- Nous y voilà ! C'est le terrain idéal pour notre jeu !

Nous sommes sur un espace plat du grand parc de notre ville. Le sol est recouvert d'une épaisse couche de neige blanche. Quelques arbres aux branches complètement nues font office de décor.

Naoki et Imaé jettent un coup d'oeil circulaire à l'endroit puis hochent la tête de haut en bas :

- C'est parfait ! déclare Imaé.

- Voici les règles du jeu : chacun construit une petite forteresse de neige. Le but est de détruire les bases ennemies à l'aide de boules de neige et le possesseur de la base qui tiendra le plus longtemps gagnera. Bien évidemment, c'est chacun pour soi ! Des questions ?

- Non, cela me convient très bien comme ça, dit Naoki.

- Pareil pour moi, déclare la jeune blonde.

- Bien. Dans ce cas, commençons dès maintenant !

Il ne faut que quelques minutes à chacun d'entre nous pour élever un fort miniature. Je me charge ensuite de préparer une bonne quantité de boules de neige afin de gagner du temps et être plus efficace. Une fois que je me sens prête, je demande :

- C'est bon pour vous ?

- Oui ! répondent-ils en choeur.

- Alors trois, deux, un, c'est parti !

Nous nous lançons une pluie de boules de neige ! Et il n'y a pas que nos bases qui sont touchées. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, nous sommes tous trois recouverts de neige !

Au bout de quelques minutes, trouvant que la bataille dure trop longtemps, j'abandonne ma forteresse et cours en direction de celle d'Imaé ! Je me jette dessus et la neige s'écroule sous mon poids ! J'éclate alors de rire et déclare :

- Perdu !

- Hey ! Ce n'est pas du jeu ! Je croyais qu'on ne se servait que des boules de neige !

- J'ai juste dit que les boules de neige seraient nos missiles, je n'ai jamais dit qu'on n'avait pas le droit d'employer d'autres moyens.

- Ah, oui ? Dans ce cas . . .

Elle s'empare d'une boule de neige et se met à me pourchasser. Je fuis en rétorquant :

- Ah ! Arrête, Imaé ! Laisse-moi tranquille !

- Tu n'as jamais dit que les forteresses étaient les seules cibles !

Je ne parviens pas à lui échapper longtemps : elle est bien plus rapide que moi et finit par me rattraper. Elle se met alors à me chatouiller en disant :

- Les chatouilles non plus ne sont pas interdites ! Et c'est le châtiment de ceux qui ne révèlent que la moitié des règles du jeu, espèce de petite coquine !

- Ha ha ha ! Arrête, Imaé ! Je suis trop chatouilleuse !

- Alors ? Qui a perdu ?

- Vous, déclare la voix de Naoki.

Il se tient debout derrière nous. Nous constatons alors que sa fortresse est la seule qui tient encore debout. Le garçon déclare :

- Il n'est pas non plus interdit de profiter de la distraction de ses adversaires pour détruire leurs bases derrière leur dos.

- Il nous a bien eues, dit la jeune blonde en riant.

Je ne peux m'empêcher de rire aussi.