Retrouvailles
Nous restons ainsi de longues secondes, à nous sourire mutuellement, le regard plongé dans celui de l'autre, avant que Naoki ne déclare :
- Bon, je crois que je ferai mieux de prévenir les médecins de ton réveil. Ils doivent s'occuper de toi, maintenant.
- Oui.
Il tourne aussitôt les talons et quitte la pièce. J'éclate alors de rire. Je me sens si bien !
Les médecins arrivent quelques minutes plus tard et me prennent immédiatement en charge. Après quelques examens, ils diagnostiquent je suis en pleine santé, si ce n'est ma fracture à la jambe qui n'est pas encore complètement guérie.
Ils me débarrassent donc enfin de mon appareil respiratoire nasal et de toutes ces perfusions qui m'encombrent. Après quoi ils quittent ma chambre pour me laisser tranquillement prendre mon repas. Je n'ai tout de même rien avalé depuis un mois entier, mon corps ne se nourrissant que par perfusion sanguine durant tout ce temps.
Peu de temps après, la porte de ma chambre s'ouvre pour laisser entrer Imaé. En me voyant assise dans le lit d'hôpital, la jeune fille s'exclame :
- Yoko !
Un grand sourire illumine son visage et elle se précipite vers moi pour me serrer dans ses bras :
- Oh, Yoko ! Tu es enfin réveillée, j'en suis si heureuse ! Tu ne peux pas savoir à quel point tu m'as manqué !
- Ha ha ha ! Moi aussi je suis heureuse de te revoir, Imaé-Onesan !
- Dis, comment tu te sens ?
- Merveilleusement bien !
- Ha ha ! Toujours de bonne humeur, je te reconnais bien là !
- Il s'est passé quelque chose d'intéressant pendant que j'étais inconsciente ?
- Oh, rien qui ne mérite d'être mentionné. Hormis le fait que tu nous manquais terriblement, c'était la routine habituelle.
- Je vois. En revanche, j'imagine déjà le nombre de cours que j'ai à rattraper, quelle galère !
- Ha ha ha ! Ne t'en fais pas, je t'aiderai à rattraper ton petit retard. Et vois le bon côté des choses : c'est Naoki qui sera content de pouvoir t'aider en maths.
- Oui, c'est vrai.
Nous rions en choeur.
*
Imaé a dû me quitter quelques minutes plus tard pour se rendre en cours. Hormis la visite régulière d'une infirmière qui vient s'assurer que tout va bien, je suis seule depuis plusieurs heures.
En début d'après-midi, la porte de ma chambre s'ouvre à nouveau. Je reconnais aussitôt mes visiteurs :
- Papa ! Maman !
- Yoko !
Ma mère est la première à venir m'embrasser. Je me blottis dans ses bras où il fait toujours si bon ! Mon père ne tarde pas à nous rejoindre et nous restons ainsi de longues secondes, serrés dans les bras les uns des autres.
Quand nous finissons par désserrer notre étreinte, maman me demande, en carressant délicatement ma joue du bout de ses doigts :
- Comment te sens-tu, ma chérie ?
- Très bien, maman ! Vous n'avez aucune inquiétude à vous faire à mon sujet.
Je peux alors voir ses beaux yeux noirs s'embuer de larmes. Elle se redresse et va à la fenêtre, nous tournant le dos, afin de me cacher ses pleurs.
Papa pose alors sa main sur la mienne et me dit :
- Tu ne peux pas savoir la joie que nous avons de te retrouver.
Pour toute réponse, je lui adresse mon plus beau sourire.
*
Je suis encore restée deux semaines à l'hôpital, afin de rééduquer mon corps au mouvement et d'apprendre à utiliser des béquilles. Au bout de cette période de 14 jours, j'ai enfin été autorisée à rentrer chez moi.
Ce n'est qu'alors que j'ai pleinement réalisé le sens de l'expression : "On n'est jamais mieux que chez soi-même." Quel bonheur ce fût de retrouver notre cher petit appartement !
Même retourner à l'école m'a fait grand plaisir, mais le meilleur arrive : dans quelques minutes, la fin du dernier cours de la journée sonnera et je pourrai enfin rejoindre le club de littérature !
Mes yeux ne quittent pas l'horloge de la salle de classe, toujours plus intéressante que la leçon de Physique-Chimie.
Plus que 3 . . . 2 . . . 1 . . . Dring !
La cloche vient enfin de sonner ! Je range mes affaires aussi vite que possible, pose mon cartable sur mon dos et attrape mes béquilles. Je me déplace ainsi dans les couloirs, jusqu'à atteindre la salle du club de littérature.
Ayant les deux mains occupées, je ne peux ouvrir la porte coulissante seule et y toque donc. C'est le président du club en personne qui vient m'ouvrir. En me voyant, il m'adresse un chaleureux sourire :
- Bonjour, Yoko, nous sommes ravis de te revoir parmi nous ! Entre, je t'en prie !
- Merci beaucoup, Aruno.
Je pénétre dans la pièce et me dirige aussitôt vers mes amis. En chemin, j'ai droit aux sourires des uns et aux chaleureux saluts des autres. Quel club merveilleux !
Je m'assieds près de Naoki et d'Imaé. Ces derniers me saluent à leur tour :
- Bonjour, Yoko ! s'exclament-t-il en choeur.
- Bonjour, vous deux ! Comment allez-vous ?
- Très bien, et toi ?
- Ça va.
- Maintenant que tu es enfin de retour, déclare Imaé, nous allons pouvoir continuer notre fameurse histoire. Il faut absolument la terminer avant la fin de l'année car je ne serai plus là l'an prochain.
- Oui, c'est vrai que tu intégreras l'université. On ne pourra plus se voir aussi souvent, remarque Naoki.
- C'est pour cela qu'il faut profiter au maximum de l'instant présent !
- Bien dit, mettons-nous au travail.
Les jours et les semaines qui suiveront seront sans aucun doute les plus belles de nos vies . . .
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