Chapitre 7 - Le cri sous la peau

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Imagine Dragons - Battle Cry


Daemon


Elle est là, quelque part dans ce bâtiment. Je le sais. Je le sens.
Même avec la dizaine d’étages qui nous sépare, sa présence pulse dans mon sang, s’accroche à ma peau comme un écho persistant. Un courant invisible qui m’attire malgré la distance.
Sa présence est une onde vibrante qui traverse mes veines, s’insinue dans chaque recoin de mon esprit, et pourtant… elle reste voilée. Cachée derrière un mur que je ne peux pas percer.
Cela me rend fou.
“Elle est enfin là,” murmure Artémis, sa voix rauque résonnant dans mon esprit de sa certitude animale. “Je la ressens, faiblement mais c’est elle, je n’ai aucun doute.”
Je serre les poings. “Je le sais également.”
Je me lève brutalement, et marche sans but dans les couloirs vides du vingtième étage. La mâchoire crispée, les poings serrés. Impossible de me concentrer. Pas avec elle dans les parages.
C’est insupportable. Ce mélange de proximité et de distance. Cette incapacité à comprendre ce qui lui est arrivé. Ce qu’elle est devenue. Je suis l’Alpha de l’Égide Noire, habitué à tout maîtriser, à tout anticiper. Mais face à elle… je me sens vulnérable. Pour la première fois, je ne sais pas.
Et ce vide, cette ignorance, me consume.
Je m’arrête brusquement, ma main venant s’appuyer contre le mur froid, cherchant à ancrer ma rage brûlante quelque part.
Artémis gronde, son impatience débordant dans chaque fibre de mon être. “Pourquoi attends-tu ? Elle est à nous ! Si elle ne se souvient pas, fais-la se souvenir !”
Je ferme les yeux. Inspire lentement. Mes doigts se crispent contre la surface dure. “Non.” Mon grognement est rauque, tranchant. “Pas tant que nous ne savons pas ce qui la retient.”
Je sens Artémis gronder en moi, une vibration brute qui fait écho dans mes muscles tendus. Il ne connaît pas la patience, seulement la certitude. Un silence tendu s’installe entre mon loup et moi. Il ne doute pas. Il ne comprend pas mon hésitation. Mais je ne peux pas me permettre d’agir sur un instinct brut. Pas avec elle.
Je relâche un soupir rauque, puis c’est mon front qui rejoint le mur.
Un instant. Juste un instant pour dompter la tempête.
Je me connecte à Selene à travers le lien de la meute. Son calme me traverse comme une vague apaisante, atténuant, sans effacer, la tempête en moi.
“Daemon,” commence-t-elle doucement. “Tu es sur les nerfs.”
“Donne-moi des réponses,” rétorqué-je, ma voix mentale plus sèche que je ne le voudrais.
Selene hésite. Je le sens dans le léger frémissement de notre lien. Cela me met encore plus sur les nerfs. “Je comprends ta frustration,” dit-elle enfin. “Mais il n’y a rien de simple dans ce que je vois. Lyra… Elle n’est pas humaine et pourtant, je ne peux pas affirmer qu’elle soit totalement comme nous. J’ai l’impression que quelque chose bloque l’expression de sa nature.”
Je me raidis. “Et sa louve ?”
“Quelque chose la retient. Je ressens quelque chose d'enfoui, ” murmure-t-elle. “Je n’ai pas d’autre mot. Mais ce n’est pas naturel. Pas normal.”
Je retiens un grondement, mes poings se serrant à en blanchir les jointures. Cette situation m’échappe, et je déteste ça.
“Elle semble ignorer ce qu’elle est,” poursuit Selene, sa voix teintée de prudence. “Mais, Daemon… elle cherche. Elle est perdue mais déterminée. Ça se voit dans ses yeux mais aussi dans sa posture. Il y a une force instinctive en elle, même si elle ne s’en rend pas compte. C’est fascinant.”
Ces mots devraient me rassurer. Ils ne font que nourrir ma rage.
“Continue de l’observer. Trouve ce qui la retient. Je veux tout savoir.”
Selene acquiesce mentalement, mais je sens son propre trouble. Elle aussi, pour la première fois, est confrontée à l’inconnu.
Je coupe le lien, inspirant profondément pour retrouver un semblant de contrôle. Mais Artémis n’a pas fini.
“Elle est à nous et je le sais ! Ma conviction devrait t’être suffisante ! Pourquoi chercher des réponses quand nous pouvons la faire nôtre ici et maintenant ?”
Mes muscles se contractent malgré moi, une tension presque douloureuse dans mes bras.
“Parce que ce serait la détruire,” murmuré-je, ma voix basse, presque inaudible. “Si elle ne sait rien de qui elle est, elle n’est pas prête pour une revendication.”
Et moi non plus.
Je me détourne, mes pas résonnant dans le couloir vide. Ma rage est contenue, mais elle brûle sous la surface. Un seul faux mouvement, et tout pourrait exploser. Pourtant, une seule pensée persiste au milieu du chaos.
Je ne la laisserai pas partir.
Elle est à moi.

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