Deuxième acte. Un jour, le Soleil se sentit seul

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L’aurore berçait tendrement les peaux mises à nues

de ces innombrables Heureux qui se prélassaient dans l’onde,

quand une barque légère passa avec tranquillité,

surmontée seulement d’un vieillard bonhomme

                     à l’embonpoint engageant

                            et à la mine rouge et joviale

                     comme une matinée de juin.

Le voyant arrivé, tout tranquille et penaud

sur son petit morceau de bois gris,

une nymphe rougie,

                      rosie,

                    ravie par tous les plaisirs consommés,

s’approche de lui,

émergeant du liquide sucré pour lui présenter un sourire

et lui dire :

« Petit-père ! Petit-père !

« Il y a tant de saisons que j’attends ton retour.

« Jadis, tu venais tous les jours,

« et maintenant tu ne viens plus du tout…

« Pourtant, je me languis de toi et de toutes tes caresses

« et bien souvent je pleure de te savoir si loin…

« Dis-moi… dis-nous !

« Que nous vaut ton retour ? »

Et tout autour de la barque, cent nymphes émergent de l’eau

comme mille boutons de fleurs

toutes colorées et moites

désireuses seulement

                 qu’on leur prenne quelque chose…

« Oh, mes chers enfants,

« je vous apporte la meilleure des nouvelles !

« De par le monde on raconte comme vous vivez bien,

« mieux que les autres mêmes ;

« et partout on vous envie votre bonheur !

« Mais personne ne parvient à trouver la formule

« aux parfaites joies dont vous êtes les maitresses !

« Mes filles…

« avant ce soir, cent hommes auront franchi l’océan pour venir vous trouver

« et profiter avec vous des fruits les meilleurs. »

Alors…

La verte étendue de mousse

et tout le peuple de faunes

s’animent subitement d’une secousse similaire

à celle qui nous fait appréhender les plaisirs plus intenses …

et toutes les nymphes,

                                               les ondines,

                les sylphides,

                                            les petites fées des eaux

qui entourent le vieillard

s’ébrouent frénétiquement,

agitées, semble-t-il, par un commun désir.

« Des garçons, chez nous ?

« De vrais et authentiques garçons !

« Petit-père ! Tu nous apportes plus qu’une bonne nouvelle !

« Oh ! C’est toute une fête

« tout un évènement !

« Il faut se hâter

« d’arranger entre nous les meilleures circonstances

« pour permettre à nos hôtes d’apprécier un peu mieux

« ce que le bon Dieu a pris soin de placer en nos mains. »

•   •   •


Le Soleil, alors, se sentit bien seul,

car tout le jour durant il passa dans le ciel sans un regard

et tout le peuple de faunes fourmilla dans le bois

pour faire advenir un paradis plus visible.

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