Cinquième acte. La vengeance du Soleil
Un jour, le soleil donna naissance à la mer
et la mer enfanta une terre en son sein
comme jadis nous enfantions tout un monde de rêveries.
Et puis…
une petite motte de terre devint
le paradis…
et tout un peuple de faunes
ainsi que quelques âmes esseulées…
y bâtirent une chose plus grande encore.
Des nymphes tombèrent amoureuses d’hommes
et avec eux enfantèrent
tout un peuple nouveau…
plus heureux encore…
ayant le goût plus juste
et le cœur plus propice
aux éternelles joies.
Ils vécurent ainsi pour dix siècles au moins
…ou alors dix heures…
…
ce n’est plus très sûr.
C’était quelque chose entre dix heures
et dix siècles.
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Et puis…
un jour le ciel s’assombrit
et tout le peuple de faunes tressaillit d’un même frisson.
L’un d’eux eut la présence d’esprit
de poser une nouvelle fois les yeux sur l’horizon.
Le soleil s’était vengé.
Autrefois, il faisait pleuvoir sur le monde ses rayons ocrés
pour pouvoir soulever le cœur de ceux qui l’aiment.
Mais…
voyant que ceux qui ont un cœur s’étaient mis à se l’échanger entre eux
pour ne plus même le voir,
il chassa du monde toute couleur
et fit pleuvoir ses rêveries grisâtres.
Et enfin,
là-bas…
près de l’horizon
ne régna plus que l’industrie
d’un peuple besogneux
qui machinait laborieusement.
Autrefois, les voies ouvertes vers mille étoiles !
désormais… le rempart infranchissable de mille épieux.
…
C’est la Saison des amours
et tous les Heureux sont venus d’un bout à l’autre de l’archipel
pour se retrouver encore dans les chaudes embrassades…
et ne plus les trouver.
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