La demande de Seth atteignit Willow de plein fouet. En plein dans la poitrine. Plus précisément en plein coeur. Comme si un couteau à lame effilée s’était planté en elle, progressant petit à petit en elle, pour la briser. C’était une information que tout musicien digne de ce nom connaissait. Ne jamais prêter son instrument.

Un instrument de musique, pour un musicien classique, en tout les cas, était comme le prolongement de lui-même. Son troisième bras. Même, pour certains, comme un frère, un même de la famille… Le meilleur ami qu’ils n’avaient jamais eu. C’était à lui, qu’en jouant, on confiait toutes nos craintes, nos joies, nos sensations, et souvenirs les plus enfouit.

Comment osait-il… La salle de classe était toute proche. S’il tenait à réellement jouer avec elle, il n’avait qu’à chercher son violoncelle, à lui…

Seth…

Il avait tellement changer… Pourquoi…

Pourquoi était-il devenu pareil personne ?

N’avait-il pas de la reconnaissance pour les musiciens ? Pourquoi devenir professeur de musique s’il n’avait aucun respect pour eux ? D’ailleurs, comment avait-il pu se faire engager dans cette école si réputée et n’avoir pas la moindre considération pour son propre instrument ?

Il était tellement différent que dans ses souvenirs qu’elle se sentait encore plus abandonnée. Comme si le fossé entre eux s’était encore agrandit. Surtout qu’il ne semblait toujours pas la reconnaître…

Avait-elle eu si peu d’importance à ses yeux autrefois pour qu’il l’oublie aussi facilement ?

Si ça se trouve, il ne pensait pas qu’elle puisse être ici. D’ailleurs, elle l’avait reconnu avec son porte-clé… Lui, n’avait vraisemblablement pas de réels indices pour l’aider à découvrir son identité…

Là, tout de suite, une sueur si glaciale traversa son dos, qu’elle se ploya légèrement. C’était comme un sceau d’eau remplit de glaçons qui s’était déverser sur elle.

Qu’elle idiote.

Willow était tellement obnubilé par le choc de se retrouver avec lui comme professeur, qu’elle en avait oublié le plus important.

Pour qu’il l’a reconnaisse… Soit elle devait lui laisser des indices, et pas de simplement jouer du Tchaïkovski…

Soit, elle devait prendre son courage à deux même, faire l’impasse sur toutes ses années de détresse et de haine pour lui adresser la parole et lui divulguer son identité.

Elle décida alors de lui faire une fleur. Quelque chose qu’elle n’aurait jamais envisagé. Même pour Reiko. Ce qui était pourtant rare. Elle acceptait qu’il joue de son violon, ou du piano se trouvant dans sa chambre, mais pas de son violoncelle.

Pourquoi ? Car il avait une trop grande valeur sentimentale. S’étant mise à cet instrument après le départ de son ami pour l’étranger. Seulement car celui-ci était parti et qu’il jouait du violoncelle. Une façon pour elle de lui rappeler sa présence, et ses souvenirs si chatoyants en sa compagnie.

Elle regarda alors l’homme, de son regard d’argent liquide, pour tendre la main en direction de son instrument, comme si c’était une invitation à jouer. Ce que c’était d’ailleurs.

Il fallait qu’elle pense à autre chose, et jouer allait l’aider, même si elle jouait en sa compagnie. De plus, elle pourrait voir le niveau acquit par son ami. Comment jouait-il ? Quel type d’aura transmettait-il à travers ses mélodies ?