La Station

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13 Mars 2121, Sofrenne, secteur Sud, Papco’ récup’, 07h00, Victor

Nous nous dirigeâmes tous vers le garage. Avant de monter dans le bolide, nous prîmes chacun nos masques, chose extrêmement importante à l'extérieur, non pas que l'air n'était pas sain, mais que si une créature pondeuse choppait l'un d'entre nous, elle ne pourrait pas pondre ses larves dans notre bouche. Le mien était un simple masque en cuir, recouvrant seulement mon visage, sur lequel deux énormes verres me permettaient de voir. Léon, lui, portait un masque semblable à celui que nos médecins portaient lors de grosses épidémies, semblable à un bec d'oiseau et recouvrant entièrement son visage lui aussi. Starl et Armand portaient de vieux masques ne protégeant que leurs bouches et leurs nez, leurs yeux étant protégés par leurs lunettes de protection qu'ils portaient tout le temps. Nos masques en mains, nous montâmes dans la voiture, Starl se mit au volant, Armand prit la place à ses côtés tandis que Léon et moi les places à l'arrière de la voiture pour alimenter le moteur à vapeur. La voiture de la société était un gros pick-up, ayant deux places à l'avant et trois à l'arrière, le moteur était placé à l'arrière de la voiture et fonctionnait au charbon. Il y avait deux grands coffres, un était à l'avant et l'autre à l'arrière, juste derrière le moteur, nous y stockions tout ce qui avait un tant soi peut de valeur.

  Starl démarra et grâce à la vapeur, la voiture se mit en marche et nous commençâmes à nous diriger vers la grande porte sud de la ville qui était la plus proche de nous, une fois sortis de la ville, les choses étaient bien plus aisées car il n'y avait pas de routes, juste de grandes étendues désertiques. Nous passâmes bien vingt minutes à traverser la ville avant d'arriver à la fameuse grande porte, entourées des murs protecteurs. Ils étaient infranchissables, ils faisaient au moins vingt mètres de haut, étaient surmonté par une barrière électrique, tuant la moindre petite bestiole tentant de grimper les murs. Ils étaient également équipés de canons à tesla, occupés vingt-quatre heures sur vingt-quatre par l'armée. Les gens de la ville se plaignaient souvent de ce mur, mais sans lui, nous étions tous foutus... Contrairement à d'autres villes, Sofrenne avait eu le temps de construire suffisamment de protections pour empêcher l'approche de ces créatures que les scientifiques appellaient le Nassem, nous ne savions quasi rien de ce parasite, mis à part qu'il était apparu il y a longtemps, après qu'une lumière soit tombée du ciel, il avait ensuite détruit tout sur son passage et maintenant, nous étions là, à attendre à l'intérieur de ces murs. Les portes de la ville s'ouvrirent et en même pas dix secondes, nous étions à l'extérieur. Starl commença à tracer, comme à son habitude, Armand était en train de bricoler un truc sur le tableau de bord, tandis que Léon et moi causions à l'arrière pour tuer le temps :

  « Alors... ça va avec Barbara ?

  •   Ouais... elle n'arrête pas de bosser dans les labos de la ville ces derniers temps, apparemment ils ne sont pas près de trouver un remède...
  • ça ne doit pas être évident, ils n'ont aucun sujet à étudier, en espérant que ça ne soit pas le sujet de l'une de nos prochaines missions...
  • Quoi... tu penses que...
  • Réfléchis un peu, ça fait combien de temps qu'on fait ça, plus le temps avance et plus on récupère de la marchandise, il n'y aura bientôt plus rien à récupérer hors de la ville, et à l'Est, la forêt se rapproche dangereusement, je crains bien qu'un jour l'une de nos missions soit d'aller récupérer des sujets pour les expériences des scientifiques.
  • Espérons que ce jour n'arrive pas tout de suite alors, c'est un bon coup pour se faire tuer...
  • Tu sais bien que ça va arriver...
  • ...
  • ...
  • Et toi, toujours personne en vue ?
  • Comment ça ?
  • Ben... il faudrait penser à te trouver quelqu'un.
  • Je suis bien trop jeune pour ça.
  • Il n'y a pas d'âge pour ça, Léon, en plus, tu es plus vieux que moi.
  • Pour moi, si.
  • Et tu attends quoi ? »

  Il ne répondit pas et décidai donc de me taire, il détestait que je lui parle de ça, je ne savais pas pourquoi, il ne voulait tous simplement pas en parler. Je décidai d'observer le paysage, en dehors de la ville, il n'y avait rien, sauf un désert froid, vide de végétation, de vie, il n'y avait que du sable, ou de la terre aride. Il y avait également une autre ville nommée Gamdir, mais elle se situait à au moins une centaine de kilomètres de la notre, c'était la seule que l'on savait encore habitée. Le désert n'était pas forcément dangereux, à moins d'être seul et de ne pas savoir se battre, il fallait quand même avoir un petit peu de courage, je me souvenais de la première fois que j'avais vu une de ces créatures infectées par le Nassem, voir ces corps meurtris, pales et aux veines apparentes m'avait rendu malade pendant une bonne semaine. Avec le temps, je m'y étais habitué. Au Nord-Ouest se trouvait la grande mer, mais il était impossible pour nous d'y naviguer. Certains livres datant de l'ère d'avant mentionnaient le fait que les humains savaient naviguer sur l'eau à bord de véhicules, certains avaient essayés à notre époque, on ne les avait jamais revus, étaient-ils morts ou avaient-ils trouvé une nouvelle terre ? Personne ne le savait... à l'Est de la ville se trouvait la grande forêt, elle ne cessait pas d'avancer de jour en jour, se rapprochant inexorablement de la ville.

  Il s'agissait en réalité de végétaux infectés par le Nassem et nous redoutions le moment où elle atteindrait la ville... il y avait eu de nombreuses explorations, mais celles-ci ce s'étaient révélées assez décevantes, la forêt était bien trop dense pour s'y déplacer rapidement, de plus, elle était truffée de mygales, d'anacondas, ou pire, des gorilles. Y pénétrer et en ressortir vivant était un véritable exploit, aucune patrouille n'avait jamais réussi à la traverser, on ne savait même pas ce qu'il y avait derrière, ni même si celle-ci avait une fin. Une fois par mois, l'armée envoyait une patrouille vers Gamdir, pour faire l'état des lieux ou bien transmettre des nouvelles entre nos deux villes, mais il fallait pour cela traverser une portion de la forêt et donc forcément, il y avait des pertes. À l'ouest, on pouvait observer les montagnes, il était presque impossible d'y circuler en véhicule, les expéditions y étaient donc longues, difficiles et dangereuses, de plus, contrairement à notre désert, il y faisait un froid de canard, de quoi rendre la tâche encore plus ardue qu'elle ne l'était déjà ! Après une bonne heure de voyage, la radio de la voiture émit un petit bruit, nous signalant qu'une liaison s'était installé. Starl s'arrêta. Léon qui était en train de dormir se réveilla, sortit Elizabeth, la braqua dans ma direction avant de tirer à côté de moi, j'entendis un corps tomber par terre, il y avait effectivement une créature qui gisait au sol à une trentaine de mètres environ, Léon demanda :

  « On est arrivé ? »

Starl ne répondit pas et Léon se rendormit, tandis que la voix d'Hugh retentit dans la radio :

  « Vous me recevez ? »

Armand saisit le microphone de la voiture.

  « Cinq sur cinq Hugh, quelles sont les instructions ?

  •   Vous êtes bientôt arrivés ? Ça fait une bonne heure que vous êtes partis... »

Le silence se fit dans la voiture, nous commencèrent à regarder autour de nous et nous vîmes au loin un bâtiment orné d'une antenne.

  « On la voit Hugh.

  •   Bon, Starl, tu vas t'avancer à une cinquantaine de mètres, tu garderas le moteur chaud. Léon, fais une inspection de l'extérieur avec Elizabeth depuis la voiture. Victor, tu vas foncer dans le bâtiment une fois l'inspection extérieure faite, tu t'occuperas de l'inspection intérieure, Léon te couvrira. Armand, tu prépares le treuil de la voiture, on ne sait jamais. Je reste à votre disposition par radio, si jamais il y a un hic vous détalez de là en vitesse et vous rentrez en ville. Action ! »

  Mes yeux se posèrent sur une petite chaîne en or, ornée d'un pendentif qui était posée sur une petite table en métal, je vis que l'on pouvait ouvrir en appuyant sur un petit bouton, ce que je fis. Il y avait l'intérieur de celle-ci une image, c'était une jeune fille, cela me faisait penser à une peinture, mais ce n'en n'était pas une. Je refermai le pendentif et rangeai la chaîne dans ma poche. Je fis deux pas puis sentis mon pied s'enfoncer dans une matière spongieuse, il s'agissait des restes d'un cocon, je n'étais pas seul. Je sortis de la pièce et une fois dans le couloir, je m'enfonçai un peu plus profondément dans le bâtiment, avançant à petit pas dans le couloir. Au fond de celui-ci, se trouvait une nouvelle porte, ayant l'air un peu plus solide et barricadée que la précédente. Je détachai avec facilité les planches de bois qui en empêchait l'ouverture, quand tout à coup la porte s'ouvrit violamment me faisant tomber au sol ! Presque instinctivement, j'effectuai une roulade arrière pour me retrouver sur les pieds et cherchai ma canne des yeux, elle était à côté de la porte. Une créature humanoïde se leva, elle était faiblement éclairée par la présence d'une fenêtre non loin de la porte, il s'agissait d'un humain infecté par le Nassem.

  C'était d'ailleurs un chasseur, je le compris assez rapidement en voyant son agilité, ainsi que ses grandes griffes. Il courut dans ma direction et d'un mouvement habile et rapide, tenta de me griffer le cou, fort heureusement, je l'esquivai et vis ses griffes se planter dans le mur de pierre. J'en profitai pour passer derrière, tentative désespérée de reprendre ma canne, mais il déchira très rapidement le mur comme s'il s'agissait une simple feuille de papier et me mit un coup de griffe au niveau du mollet, je tombai au sol. Il monta sur moi et tenta de planter ses griffes dans mon visage, mais je les esquivai d'un mouvement de la tête avant de lui mettre une violente droite au visage qui lui éclata la mâchoire et le fit tomber au sol. Je me relevai avec difficulté, il m'avait bien amoché... Je réussis finalement à attraper ma canne, me permettant de lui démolir le crâne grâce à son extrémité contondante. Les nerfs encore à vif, j'entendis derrière moi un second bruit, c'est en me retournant que je fus surpris pas un pondeur, je fis un pas en arrière par réflexe, mais le cadavre du chasseur de tout à l'heure me fit trébucher au sol. J'entendis alors un bruit sourd, vis le crâne de la créature explosé en mille morceaux. Léon m'avait sauvé la vie. Je me suis levé, repris mon souffle et je suis rentré dans la pièce. Il y avait pas mal de documents, des vieux documents qui valaient une certaine fortune et que l'on pouvait revendre aux instances supérieures et encore plus de matériel intéressant.

  Mon inspection terminée, je donnai le signal aux autres pour qu'ils puissent me rejoindre, nous passions alors la journée à vider la station de tout le matériel qu'elle contenait, en particulier le matériel de radio transmission. Il était déjà quinze heures lorsque nous finassâmes de tout prendre, le coffre était plein à ras bord et on avait encore des tas de trucs sur les genoux, la journée avait été fructueuse. Une fois tout le monde dans la voiture, je demandai à Starl :

  « On va vérifier l'entrepôt ?

  •   On y passera demain... J'aimerais bien rentrer assez vite, ce soir, c'est buffet illimité à la soupe des Monmort, je ne peux pas manquer ça ! Ça va ta jambe ?
  •   Elle va mieux, Léon sait faire de bons bandages.
  •   Repose-toi bien, demain, on aura besoin de toi.
  •   Ne t'inquiète pas pour moi, je serai remis sur pieds d'ici demain. »

Je tournai la tête vers Léon, il dormait déjà. Le voyage fut bien silencieux, je m'endormis rapidement moi aussi. Je me suis réveillé quand les portes de la ville s'ouvrirent, nous arrivâmes rapidement à l'entrepôt où il nous fallut bien une heure décharger notre butin. Une fois cela fait, nous partîmes chacun de notre côté.

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