Fémur...
Cloé qui, frénétiquement, avait gratté la terre en dégagea un fémur humain qu’elle prit aussitôt dans sa gueule… Adrien eut le bon réflexe de la chopper au collier avant qu’elle ne s’enfuie plus loin sous les bois avec son os. Il n’avait pas sa laisse restée dans la 605… cela ne simplifiait pas les choses pour la ramener à la voiture garée en lisière à plusieurs centaines de mètres. Déjà, se réorienter posait un problème, il ne s’agissait pas de partir dans la mauvaise direction et de se perdre dans cette forêt. Cette forêt devenue brusquement un sinistre endroit avec la découverte de ce charnier. C’était bel et bien un squelette humain que Cloé avait en partie déterré… Quelle poisse ! Maintenant il allait devoir alerter le service de police le plus proche de cette macabre découverte. Heureusement les bruits de roulements, au loin, lui permettait de se diriger vers la route où Arlette devait l’attendre dans la voiture.
Effectuer ce retour à travers la futaie, les bancs de ronces en traînant la chienne et son sinistre trophée, tenait du parcours du combattant. C’est à bout de souffle qu’il parvint au bord de la départementale. Et bien sûr, la voiture était stationnée, en aval, bien plus loin qu’il ne pensait, l’obligeant à effectuer encore une marche d’au moins trois-cents mètres supplémentaires, sur le talus, tout en maintenant fermement la chienne par le collier.
Quant Arlette, inquiète, les aperçut dans le rétroviseur, elle sortit brusquement de la voiture, la laisse à la main…
- Adrien tu aurais pris la laisse cela aurait été plus simple pour ramener Cloé !... Mais où a-t-elle trouvé cet os monstrueux ?...
- Cet os est un fémur humain dont elle a, en partie, déterré le squelette à quelques centaines de pas d’ici, dans le bois …
- Quelle horreur ! Mais qu’est-ce qu’on va faire …. En voilà une histoire épouvantable. Il ne manquait plus que ça !...
- Pour l’instant, clipse donc la laisse au collier de Cloé et tiens-là pendant que je lui retire son os de la gueule… Allez Cloé ! On donne le gros nonos à son maître ... Comme c’était prévisible, la chienne ne voulait pas se séparer de son précieux butin et Adrien dut lui entrouvrir la mâchoire à plusieurs reprises en faisant attention à ne pas se faire mordre, pour récupérer le fémur. Ceci fait, il replaça aussitôt la chienne à l’arrière de la 605 en ayant bien fermé toutes les portières.
- Et maintenant que fait-on avec cet os ? s’inquiéta Arlette. On ne va tout de même pas le garder ?
- C’est bien là le problème car, en toute logique et légalité, je devrais le rapporter à l’endroit où la chienne l’a trouvé et ensuite avertir la police ou les gendarmes de cette macabre découverte… seulement il y a un hic, je suis bien incapable de retrouver exactement cet endroit à plusieurs centaines de mètres d’ici, ne sachant quelle direction prendre. On risque de tourner en rond un bon moment avant de tomber sur le cadavre.
- Prends Cloé en laisse, elle va immanquablement t’y reconduire…
- Hein ! retourner là-bas avec la chienne… tu crois que nous n’avons pas déjà assez perdu de temps !... Excitée comme elle l’est, il ne faudrait pas qu’elle m’échappe une nouvelle fois et puis le parcours à travers les ronciers n’est pas des plus aisé, elle va tirer fortement sur sa longe, risquant de me faire tomber.
- Écoute Adrien, je viens avec toi, donne-moi l’os. Toi tu prends Cloé…
- Attends ! c’est risqué tout ça, en nous éloignant de la voiture, nous la laissons seule en bord de route, on a intérêt à bien la fermer et surtout prendre nos papiers sur nous.
- Bon, Je prends mon sac avec nos papiers.
C’est un curieux équipage qui s’enfonce dans le bois … un homme tiré par un basset normand-artésien pisteur émérite, suivi d’une femme en tailleur et escarpins, sac en bandoulière et long fémur à la main …
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