Manasse... n'est pas Colombo !...

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Une jeune brigadier-chef introduisit Arlette dans le bureau de l’inspecteur principal Manasse…

- Je vous en prie, asseyez-vous madame Lequéméneur.  Consécutivement à la déposition que vient de faire votre mari, je souhaiterais vous poser quelques questions afin de disposer d’informations supplémentaires, pouvant ou pas, corroborer ses dires…

Arlette ressentit immédiatement un malaise face à ce policier obséquieux qui la toisait avec insistance.

- Je ne vois pas ce que je pourrai ajouter par rapport à ce que nous venons de vivre et que, connaissant la rigueur de mon mari pour exposer des faits, il a pu vous conter sans omettre le moindre détail.

- Justement Madame, ce sont les détails qui m’intriguent le plus dans ce que votre époux m’a raconté. Vous vous seriez donc arrêtés en bordure de forêt d’Anet pour satisfaire un besoin pressant…

- C’est bien cela, j’avais une urgente envie de pisser, ajouta Arlette sur un ton à la fois provocateur et marqué par l’indignation.

- Vous pouvez me dire quelle est la destination de votre voyage ?

- Nous allons à Bordeaux, invités à passer le week-end chez des amis.

- Pouvez-vous me donner leur nom et adresse s’il vous plaît ?

- Non mais, vous exagérez là ! cet interrogatoire frise l’indiscrétion. Qu’auraient à voir nos amis avec les événements dont on vient de vous faire part.

- C’est la procédure Madame. Simple vérification des informations que m’a déjà données votre mari.

- Quérian Dominique et Charline. Ils demeurent 38 rue Dublan à Bordeaux. Ça vous va !...

- Ça me convient tout à fait Madame Lequémeneur…  Au fait, qui est Cloé ?

Arlette sursauta, l’inspecteur posait la question comme s’il s’agissait d’une personne…

- Cloé c’est notre chienne, de la race basset normand artésien.

- Ah oui ! Je vois, comme le chien de l’inspecteur Colombo…

Adrien n’en pouvait plus de cet interrogatoire aussi désobligeant qu’absurde. C’en était trop… il explosa …

- Le chien de Colombo Inspecteur, c’est un basset Hund une race différente des bassets de type normand artésien ! Maintenant ça suffit ! nous en avons assez de répondre à vos questions en boucle. Vous voyez bien que ma femme vous fait les mêmes réponses que les miennes, tonna-t-il.  Qu’est-ce que vous imaginez ?... Hein ! qu’on se moque de vous !... Nous sommes partis ce matin à 7 heure et demie de Gisors pour aller à Bordeaux où nous pensions arriver en milieu d’après-midi. Or malencontreusement, suite à un arrêt de quelques minutes en bordure de route, les circonstances ont fait que notre chienne s’échappe, m’obligeant à courir à travers bois pour la rattraper jusqu’à découvrir un premier charnier.  

- Ah parce qu’il y en a un autre ? l’interrompit Manasse.    

- Oui, il y en a un autre, et sans doute plusieurs autres, je pensais que vous l'aviez compris puisque, le mentionnant, je vous ai décrit un premier charnier hurla Adrien, fortement énervé. C’est bien pour ça que, tenu par l’obligation civique, nous nous sommes arrêtés, ici, à votre commissariat pour signaler l’existence de ces charniers. On aurait pu reprendre la route comme si nous n’avions rien vu de tout ceci. Cela nous aurait alors évité ce contretemps notoire et votre inquisition particulièrement désagréable.

Ces éclats de voix ameutèrent les bureaux voisins et c’est le commissaire Lavigne en personne qui pénétra dans le bureau de Manasse.

- Que se passe-t-il ici ?

- Rien de grave commissaire, j’interroge seulement ces braves gens et voilà que Monsieur Lequémeneur, assis à côté de son épouse que je viens d’interroger, s’est mis subitement en colère.

- Vous les interrogez ? et de quoi s’agit-il Manasse ?   

- Ces personnes disent avoir découvert un et peut-être plusieurs charniers comportant des ossements humains en forêt d’Anet.

- Eh bien qu’attendez-vous pour aller vérifier tout ceci en vous rendant sur place. Non de dieu Manasse, on traînasse !... Allez ! foutez-moi toute votre équipe sur l’affaire et demandez à Monsieur et Madame Lequéméneur de vous conduire sur les lieux.

Adrien sourit sous cape, comme soulagé par cette intervention musclée du haut de la hiérarchie.

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