Il est vide ce corps. Elle se traîne, impuissante. Pourtant, il est vide ce corps. Elle avance, tout de même. Centimètres par centimètres. Qui se font mètres. Elle lutte. Avec ce corps, vide pourtant. Les piqures se font sentir sur la peau. Il est vide ce corps? Des centaines de petites gouttes glaciales viennent s'écraser sur elle. Elle lève le visage vers le ciel. La pluie lui griffe la figure. Et elle, elle rit. Elle le sent moins vide ce corps. Elle arrive à se mettre à quatre pattes. Les mains et les genoux dans la boue, elle avance, enfin. Instable, mais il avance ce corps. Son dos est martelé par les gouttes qui grossissent et se rendent presque coups. Mais elle, elle rit. Son corps vibre. Ce corps qu'elle pensait vide. Ce corps qui vibre pourtant. Elle atteint le ruisseau. Trèbuche et y glisse maladroitement. Pas bien profonde, la berge fait un matelas de galets au corps qui vibre. Et qui se laisse à la fatigue. Et elle, elle sourit. Et le corps, le voilà qui glisse. Ce corps il flotte, plein. Et ce corps vit, aussi coulant que l'eau. Résonne. Du tambour en son sein.