Avec ce chapitre, nous proposons un morceau qui reprend des samples du dessin animé de notre enfance Les Ratz : Lokomotek - Ça Fait Danser Les Rats. Bonne lecture à tous !

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Durant le reste de la semaine, nous nous attelons donc à créer deux morceaux originaux. En parallèle, nous nous entraînons sur des musiques bien connues telles que du AC/DC ou du Queen. Avec les bons conseils et surtout l’oreille absolue d’Alan, nous parvenons à faire tout cela en un temps record. Il nous aide, Roger et moi, à trouver les bons accords et rythmiques, ce qui nous permet de ne pas arriver les mains dans les poches pour le jour J.

Alors que nous sommes encore dans la pièce aménagée en loge, effectuant une dernière répétition, je sens le stress m’envahir. Mes gestes sont de plus en plus désordonnés et manquent de coordination ; Alan le remarque de suite et m’adresse un regard bienveillant, mais rien n’ y change, je n’y arrive plus. Nous décidons donc d’un commun accord d’arrêter celle-ci pour le moment : nous ne passons que dans quatre heures après tout. Alan m’invite à le suivre sur le campus pour aller voir les différents évènements organisés en parallèle du Mc Cartney Got Talents ; Roger quant à lui est allé rejoindre ce qu’il appelle “une nouvelle trouvaille baisablement idéale". Alan et moi nous baladons entre les différents stands, passant devant l’un d’eux, qui vend de la nourriture en tout genre. Il nous achète un cornet de churros malgré mes contestations quant au fait qu’il me paye quelque chose. Enfin il m’a plutôt poussé et retenu, en me prenant par la taille pour ne pas que je puisse sortir mon porte-monnaie. Il est quand même très tactile… Nous dégustons tranquillement nos churros, lorsque Alan se lève et lance :

— Eh Rapido ! T’entends ce rythme endiablé ?

— De quel rythme tu parles Razmo ? réponds-je, pris au jeu.

— De cette musique aux enchaînements parfaits. Ce sont des vrais génies ceux qui font ça.

Il tend l’oreille en regardant un peu partout à la recherche de la provenance de cette douce mélodie. Nous finissons par en trouver la source : deux mecs légèrement plus vieux que nous, en dessous d’une banderole avec écrit “Nightfader”. Nous rejoignons rapidement la piste de danse improvisée, et sautons dans tous les sens aux rythmes des basses, je dois bien avouer qu'Alan a réussi son coup et tout mon stress d’il y a quelques minutes s’est estompé. Nous continuons de danser pendant un moment, jusqu’à ce que les deux DJ clôturent leur prestation. Alan, qui n’arrêtera jamais de me surprendre, m'attrape par la main et m'entraîne en direction des platines. Sur le coup, je n’ai pas le temps de réagir plus que ça et ressens une sorte de frisson et de bien être au contact de sa main . Nous arrivons devant ces deux inconnus lorsqu’il me demande :

— Allez Léo, on va faire un test, c'est toi qui va aborder, les deux DJ !

— Hein ? Mais tu n’es pas bien, je ne les connais pas ces mecs moi.

— Justement, c’est le but ! Si tu arrives à parler à des inconnus, tu n’auras pas de stress sur la scène tout à l’heure.

— Euh… oui, enfin… je n’ai jamais fait ça moi.

— Y’a un début à tout, mon petit Léo !

Nous sommes à deux pas des inconnus que je dois aborder… Alan a réellement le don de me mettre dans des situations étranges. Ils sont en train de ranger leur matériel pourtant ! Je ne veux pas les déranger, moi ! Alan me tapote le dos afin que j'ai le courage de me lancer, mais je n'ose toujours pas. Lorsque l'un d’eux me dévisage d'un oeil interrogateur, je suis dans l'obligation de bafouiller :

— Euh… Sa-salut !

— Salut les gars, répondent-ils.

— Yo ! Bon le petit Léo ici présent est un poil stressé de parler à deux inconnus ! Ahah ! Mais franchement les gars, vous avez géré ; on s'est bien laissés entraîner par votre son !

— Ouais, on a vu ça ! Vous étiez bien mignons tous les deux à vous déhancher comme ça ! Ça te rappelle pas nos années étudiantes, Renan ?

— C'est sûr, t'as raison Émilien ! C’est mon petit frère Maël, qui étudie ici, qui nous a proposé de venir mettre un peu d’ambiance, conclut-il en se tournant vers nous.

— Alors, comme ça vous n'êtes plus étudiants ? C'est quoi du coup le Nightfader, une association ? Et j'aime bien l'arc-en-ciel sur la banderole !

— C'était en effet une association étudiante, mais nous avons lancé une boîte gay éponyme que nous tenons avec mon mec, dans une petite ville du Limousin ! reprends Émilien.

— Ah ! J'ai un cousin gay qui habite là-bas, si ça se trouve il connaît votre établissement !

— C'est possible ouais ! Il n'y a pas pléthore d'établissements du genre dans la région. Si vous y faites un tour pour voir ton cousin, vous pourrez y passer ! dit Renan en me faisant un clin d'œil.

Je comprends alors, le sous entendu et le gros quiproquo dans lequel nous nous trouvons, réalisant seulement que depuis le début de la conversation, Alan n'a pas enlevé sa main de mon dos. Je me retire rapidement de cette étreinte et rétorque, un poil agressif :

— Mais je ne suis pas gay, moi ! L'autre est juste collant parfois, continué-je en jetant un regard noir en direction d'Alan.

— Ah ! Mince, j’étais persuadé que vous étiez en couple, désolé !

— Ahah ! T’en fais pas, c’est vrai qu’on serait mignon en couple, reprend Alan d’un air amusé.

Je me sens rougir instantanément, la colère que je pouvais ressentir contre Alan et son comportement plus que douteux est remplacé par un sentiment de gêne extrêmement intense. Mais je dois bien admettre que la main d’Alan, ne me dérangeait pas plus que ça, voire m'apaisait.