Chapitre 19 : La nouvelle trouvaille de Roger

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Pour ce chapitre nous vous proposons un petit hardstyle aux influences électro swing du nom de So Saxy par Anamorphic.

Bonnes lectures à vous, et surtout n'oubliez pas vos 350 000 prières quotidiennes à l'Immense Poule Cosmique.

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====Point de vue Léo====

Je me retrouve extrêmement gêné face à cette inconnue. Décidément, je ne suis pas trop fait pour les nouvelles rencontres. Je m’étonne d’ailleurs tous les jours que le courant soit aussi bien passé entre Alan et moi. Enfin, il s’est plutôt établi dans un seul sens ; je ne vois toujours pas réellement de point commun entre nous hormis notre passion pour la musique. Mais ce dernier semble bien décidé à recruter cette jeune demoiselle, par ailleurs relativement attirante… Euh, il ne faut pas que j’aie ce genre de pensées… Si elle l’apprenait, ma petite Louane risquerait de mal le prendre. Lorsqu’Alan, tout content, dévoile sa “pièce secrète” comme il aime tant la qualifier, remplie d’instruments en tout genre, Chloé semble tout aussi étonnée et émerveillée que moi la première fois que je l'ai découverte. Je me demande d’ailleurs ce qu’a prévu Roger pour aujourd’hui, va-t-il rester classiquement sur la basse ou a-t-il prévu une nouveauté digne de son concert légumineux ou de sa mandoline ?

Comme s’il lisait dans mes pensées, il commence à fouiller dans son sac à dos en nous lançant un regard jovial. Il en sort un modeste objet métallique creux en forme de barque allongée surmontée d’une petite ouverture circulaire. Sa trouvaille du jour paraît plutôt inoffensive, jusqu’à ce qu’il la porte à sa bouche.

Sérieusement, comment un instrument produisant un son aussi désagréable peut-il exister ? Roger n’en a cure, et entame une Marseillaise à l’aide de son outil de torture. Il nous martyrise jusqu’à la dernière note de l’hymne, prenant un malin plaisir à détruire nos pauvres oreilles.

— C’était Roger au kazoo, conclut-il en se courbant en avant.

Seule Chloé applaudit cette infâme démonstration ; peut-être possède-t-elle un sens musical qui nous est inconnu ? Alan reprend alors les commandes.

— Roger, encore une seule note de ce maudit kazoo et je te le fais bouffer ! s'esclaffe-t-il. Je propose qu’on montre rapidement à Chloé comment on joue : elle nous dira ce qu’elle en pense et si, je l’espère, nous pourrons agrandir notre groupe et gagner le concours ensemble.

Nous effectuons quelques rythmiques simples, sur lesquelles Chloé tente de poser sa voix après quelques instants d’écoute et d’observation. Elle semble avoir une certaine expérience ; je lis déjà une excitation sans pareille sur le visage d’Alan. Il l’observe avec des hochements de tête convaincus, presque avec une certaine admiration. Elle ne s’est pas classée deuxième des qualifications pour rien ! Sa voix au timbre seulement modérément aigu est puissante et enveloppante. Avec Roger, nous laissons ensuite Alan et Chloé poursuivre quelques instants seuls. J’ai l’impression de voir deux génies qui se comprennent sans se parler ; ce doit être particulièrement agréable de maîtriser la musique à un niveau qui permet cela. De simples regards aux expressions diverses remplacent aisément les mots, et produisent un rendu tout à fait original et plaisant. Ils poursuivent leur coup de foudre musical pendant de longues minutes, savourant la symbiose qui s’opère. Roger, malgré son niveau, semble impressionné par tant de talent, quant à moi j'en deviendrais presque superflu avec mon niveau de débutant.

Chloé, dont l’émotion est visible, interroge Alan :

— Tu es vraiment doué ! Où as-tu appris à jouer comme ça ?

— J’ai appris seul ! Enfin, j’ai fait un an de conservatoire, mais la rigueur ne me plaisait pas. Et toi ?

Comme je m’y attendais, Alan lui a répondu avec délectation ; je sais qu’il est particulièrement fier de son apprentissage autodidacte, comme il me l’a déjà maintes fois répété.

— Ah, je vois le genre, moi j’ai été plus sérieuse, et je chante depuis mes 5 ans. Au début, c’est ma mère qui m’a appris, puis j’ai commencé à prendre des cours.

— Ah ouais d’accord, je ne sais vraiment pas comment t’as fait pour supporter les cours, avec Roger on a essayé mais comme dit précédemment on a rapidement abandonné pour s'entraîner et s’éclater à notre façon !

Alan et Chloé continuent pendant quelques minutes de discuter autour de ce sujet qui à l’air vraiment de les rapprocher, à savoir : notre passion commune pour la musique. Cependant, Alan est soudain pris d’un appétit vorace et lance totalement hors contexte :

— Ah tiens, si vous voulez, on peut commander des sushis pour tout à l’heure. En attendant, je crois que l'on doit discuter de choses sérieuses , n’est-ce pas ?

— Ça me va ! lui répond Chloé.

— Moi je dois vous laisser, malheureusement, annonce Roger. Mais vous me raconterez ! Chloé, ce fut un plaisir de te rencontrer ; si on pouvait te compter parmi nous, ça serait génial. On écraserait la concurrence.

Alan, qui devine immédiatement mon indécision, s’empresse de me rassurer :

— Allez Léo, reste avec nous ! Bon allez, déjà que je t’embête dans ton planning de révisions, je t’invite pour ce soir.

— Euh, d’accord, merci Alan !


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Le livreur, plus prompt qu’attendu, arrive alors qu’Alan est toujours occupé à montrer sa salle de musique, multipliant les démonstrations et explications face à Chloé, qui ne semble pas encore dérangée par son enthousiasme lorsqu’il s’agit de se mettre en avant. J’en ai profité de mon côté pour ressortir mes notes des deux jours précédents. Alan peut trouver ça ridicule, mais je préfère mettre à profit ce genre de moments, d’autant plus que je commence à bien connaître la plupart de ses anecdotes. Lorsque nous nous mettons à table et sortons nos diverses commandes, un élément attire l’attention d’Alan :

—  Chloé, tu es végétarienne ?

— Oui ! J’ai arrêté de manger tout ce qui provient d'animaux depuis que j'ai rencontré certaines personnes. Quand on y pense, c’est quand même bien plus durable comme mode de consommation, et puis j’aimerais bien qu’il y ait une vraie prise de conscience sur le bien-être animal.

— Hmm oui, je comprends bien. Je trouve ça intéressant, même si je n’ai pas forcément la motivation pour me passer de ça. Et donc, tu ne nous as toujours pas dit si tu souhaitais te rallier à nous ?

— Eh bien, je trouve votre petit groupe très sympathique. Déjà au moment des sélections, je vous avais appréciés, à vrai dire. Maintenant, je commence à vous connaître un peu mieux : toi, le leader un peu orgueilleux mais plein de talent ; Roger, un bon bassiste qui se révèle en fait également kazooiste ; et Léo, dit-elle en me désignant, un peu timide mais mignon et aussi bourré de talent. Je me laisse un ou deux jours pour réfléchir, bien sûr, mais réfléchissez déjà à un nouveau nom de groupe au cas où.

Elle insista avec malice sur les deux derniers mots de sa phrase, forçant la liaison, pour nous rappeler l’horrible expérimentation de Roger.

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Alors que la nuit est déjà bien tombée, je décide de les laisser tous les deux, Chloé ayant manifesté son intention de rester encore un peu pour essayer certains instruments et équipements de la salle de musique. Je remercie Alan pour son accueil, malgré l’immense moment de gêne que j’ai vécu tout à l’heure. Alors que je franchis la porte de l'appartement, il joue à nouveau de son sourire éclatant, comme s’il comprenait toutes mes pensées… Néanmoins, je suis confiant pour la suite : notre possible nouvelle chanteuse au caractère affirmé devrait maîtriser Alan mieux que moi.

La journée aura été riche en compliments, entre mon corps qualifié d’harmonieux par Alan et le fait que Chloé me trouve mignon ! En rentrant chez moi à travers des rues quasi-désertes, je commence à comprendre pourquoi je reste si attaché à Alan. Malgré ses quelques défauts, il me fait rencontrer du monde, m’embarque dans des projets qui rompent avec la monotonie du quotidien, me permet d’exprimer ma passion pour la musique, et je dois bien admettre que même si c’est un garçon il a quand même un charme fou, notamment avec ses yeux vairons que j’ai remarqués la nuit où il a débarqué chez moi. Avant de le rencontrer, j'ai toujours eu l’habitude de faire passer le travail avant les loisirs. Même ma relation avec Louane est loin d’être particulièrement fantaisiste : nous voir une fois par semaine environ est largement suffisant pour nous deux, mais ça ne correspond pas vraiment à l’idée que je me faisais d’un couple.

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