28 : L’aigle a quitté son nid
Au pied de l’immeuble
Où réside Izmaar Eagle
Quartier de Lochères
Sarcelles (95)
Fin janvier 2011
Le deuxième jour
06:45
— Le Floch, vous m’envoyez une équipe à Neuilly, au domicile de Gilberte Ozon, la maîtresse de cet enfoiré, ordonna la commissaire.
— Marina, ce n’est pas dans notre circonscription…
— Je m’en fous, Le Floch ! Eagle nous a glissé entre les doigts et j’ai un mandat d’amené du proc’. Alors vous vous débrouillez comme vous voulez, vous contactez le SRPJ en charge du secteur si ça vous chante, mais je le veux dans mon bureau avant la fin de la matinée. C’est compris ?
— Reçu cinq sur cinq…
— Au fait, vous avez des nouvelles d’Oettinger ?
— Non, je ne l’ai pas revu depuis hier soir.
— Il fait chier celui-là aussi, putain !
Le téléphone cellulaire de la jeune femme sonna et interrompit la conversation. Le brigadier s’éloigna pour exécuter les ordres de sa supérieure.
— Marco ? Qu’est-ce que tu fabriques, je t’attends moi ! En plus, Eagle s’est volatilisé…
— Mari... Ka... Katia... Elle… elle est morte…
La voix du rouquin s’étrangla dans un sanglot. Très affectée, la commissaire essaya néanmoins de garder son calme, d’être le plus impassible possible pour être en mesure de soutenir au mieux son ami.
— Marco, écoute-moi…
— J’ai trop mal, Mari…
— Tu es où là ?
— A côté d'elle...
— Mais où, bordel !
— Gare de Cergy...
— OK, OK... Bon, Marco, tu ne bouges pas, tu m'attends, d'accord ? Je suis là dans vingt-cinq minutes montre en main…
— Ça sert à rien, Mari... J’en peux plus de cette existence de merde…
— Ne flanche pas, vieux frère ! Je t’en prie, attends-moi !
Le rouquin avait déjà raccroché. La fliquette était inquiète. Elle sentait son meilleur ami sur le fil du rasoir, prêt à sauter dans le vide, sans rien ici pour le retenir. Elle héla son collègue.
— Le Floch, venez avec moi ! Oettinger a besoin de nous.
Les deux policiers grimpèrent dans le coupé de Marina. Celle-ci brancha le gyrophare et le deux-tons, puis démarra sur les chapeaux de roues.
***
La Francilienne,
quelques minutes plus tard...
La commissaire cravachait les cent-soixante-quinze chevaux du cinq cylindres de sa Lancia Kappa et slalomait entre les véhicules, sirène hurlante, à près de 180 km/h. Son passager palissait à en devenir diaphane.
— Ralentissez, Marina, on ne passera pas !
— Je sais ce que je fais, Le Floch, ils n’ont qu’à ôter leurs fesses de mon chemin...
La Peugeot 407 qui obstruait la voie finit par changer de file. Le brigadier poussa un « ouf » de soulagement. La jeune femme utilisa son oreillette pour joindre la Police Scientifique et leur demander de se rendre sur le lieu du crime. Pendant sa courte conversation téléphonique, un signal sonore lui annonça la réception d’un SMS. Elle le consulta à la sauvette.
— Merde !
Marina accéléra encore la cadence, laissant le soin au brigadier de s’accrocher à la poignée de maintien en retenant ce petit-déjeuner qu’il avait ingurgité plus tôt dans la matinée et ne demandait qu’à se faire la malle.
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