Bureau de Police

DDPU 95

26, rue Général Leclerc

Saint-Ouen l'Aumône (95)

Début février 2011

8:45

D’opaques stores vénitiens en position fermée pour obstruer la cloison vitrée de son bureau. Seule la porte en était ouverte, un moyen comme un autre de lutter contre une claustrophobie naissante. Marquance ne supportait plus d'être enfermée dans ce bâtiment administratif. L'air y était irrespirable. Il fallait qu'elle parte. Elle venait de remettre sa démission, sa carte d'OPJ et son arme de service à son supérieur. Elle sonnait le glas de sa carrière de flic. Elle était en train de rassembler ses affaires dans un grand carton lorsqu'elle se noya dans la contemplation d'une photo. Un vestige des jours heureux : le cinquième anniversaire de sa filleule ; Marc faisant le pitre, rendant Jenny et elle-même hilares.

— Ça ne vous lâche jamais, la nostalgie, n'est-ce pas ? Vous ne trouvez pas votre décision quelque peu hâtive, Marina ?

La jeune femme ramena une mèche derrière son oreille et essuya une larme quasi imperceptible avant d'observer son collègue qui se tenait dans l'embrasure.

— Non, Le Floch, c'est continuer ce métier sans Marco qui me serait insupportable... Je n'ai plus rien à faire ici. On l’a sali, on m'a écartée de l'affaire Eagle, et Furhmann en a retiré tous les lauriers.

— Je sais tout ça et c'est dégueulasse, je suis d'accord avec vous. Mais ce n'est pas une raison pour tout plaquer !

— Je suis fatiguée, Grégory. Fatiguée de me battre contre des moulins à vent pour de chimériques convictions. Nous avons tout donné à ce boulot de chiotte, il nous a vidé de notre substance, nous a arraché ceux qu'on avait de plus chers. Ne faites pas les mêmes erreurs qu'Oettinger et moi, ne vous faites jamais bouffer par ce job, il ne mérite pas tous les sacrifices qu'il exige.

— Qu'est-ce que vous allez faire à présent ?

— M'occuper de mon fils. Et surtout fuir d’ici pour que jamais mes démons ne me rattrapent...

— Vous allez me manquer, tous les deux. Sans vous, ce ne sera pas pareil.

— Je sais Grégory, mais il est temps pour moi de tourner la page...