Au vol
Ses cils jouent les ramasse-miettes et sa bouche sulfureuse laisse échapper des petits cris de souris, en plus de quelques râles de matous. Le félin chasse la souris dans les plaisirs indécents que je lui donne depuis une petite heure. Mon dos a subi les griffes du félidé et les dents du mulot ont fâcheusement égratigné mes épaules, mais qu’importe ; la voir offerte les jambes tremblantes, le visage extasié, est la seule récompense que l’homme de bien que je suis attend d’une dame comme elle est. Pour une fois, je m’octroie des vacances bien méritées dans un charmant chalet autrichien, et je savoure donc doublement cette intimité. Les flammes du feu crépitant lèchent ses hanches d’oranger, ce qui lui va à ravir. Cependant nul doute que le feu qui brûle en elle est bien plus ardent que celui de l’âtre. J’ai rencontré cette superbe créature sur les pistes de ski que je les dévalais avec aisance, elle m’est soudain arrivée dessus à toute vitesse, ne maîtrisant plus ses skis, j'ai juste eu le temps de l’esquiver et de l’attraper par un bras pour stopper sa course folle :
- Vous m’avez sauvé la vie, je vous suis redevable » m’a déclaré cette beauté aux joues rosies par le froid.
- Nous trouverons bien un moyen, lui ai-je rétorqué avant de l’emmener manger dans un restaurant du meilleur effet.
Après un repas succulent et une excellente bouteille de vin, elle était assez détendue pour me suivre jusqu’à mon chalet à condition, m’avait-t-elle demandé, de pouvoir prendre une douche. Bien entendu ce petit service lui fut offert avant et après les miens. Nous offrons à nos corps les plus suaves caresses qui mènent aux désirs grandissant comme une boule de neige roulant le long d’une pente. Nos corps font fusion et je ne manque pas de rechercher le moindre point d’ancrage où quelques orgasmes puissent être attachés. La gracieuse me supplie :
- Non, oui, pas encore, c’est inouï, encore
Je fais le tri, et ne garde que le meilleur. Lorsque je vais préparer un vin chaud avec quelques pains d’épices la belle peut à peine remuer de sa position sur le ventre, faisant jaillir sa croupe saillante ; ses yeux noisette ressemblent à ceux d’un chien qu’on vient de sauver de la noyade et qu’on adopte. Je lui fais don d’une caresse dorsale, mais pour ce qui est de l’adoption, Alexandre Barridon aime trop les femmes pour en enfermer une dans le couple. La cuisine respire la cannelle et le vin lorsqu’elle surgit, vêtue seulement de son string vert à dentelles et, d’un revolver à la main ! Je n’ai que le temps de me dire que les femmes me perdront, je perds connaissance. Lorsque je m’éveille, je m’aperçois que la belle a fouillé le chalet de fond en comble, et emporté tous les objets de valeur. Ainsi, j’ai simplement été grugé par une habile voleuse, moi le tombeur de ces dames pris au piège le plus simple et le plus commun qui soit ! J’en ressens une certaine honte, et soudain je me rappelle ses yeux. Non, cette femme n’avait pas le regard d’une voleuse, mais un regard bien plus aguerri, un regard de vainqueur, avec en même tant avec un zeste de regret, un regard d’espionne ; j’en mettrai ma main à couper. Mais pourquoi une espionne viendrait-t-elle fouiller mon chalet ? Surtout lorsque que je suis en vacances, alors qu’il y a tant d’autres possibilités : espionner au cœur de ma société, me suivre pendant une mission, etc. Dans le doute j’appelle tout de même la société, la charmante voix de Claire m’annonce que :
- Tout est parfaitement en ordre Monsieur.
Je dois tirer cette affaire au clair, quitte à gâcher mes merveilleuses vacances alpines, je saurai démasquer cette traîtresse et lui ferai regretter le jour où elle a déclaré la guerre à Alexandre Barridon.
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