Chapitre XII.2

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Les deux hommes s’engouffrèrent dans un ascenseur ; Imalbo articula : « rez-de-chaussée » et la cabine se mit en mouvement. Ils descendirent sans un mot, la tension dans l’air s’élevant à mesure qu’ils se rapprochaient du bas : leurs nerfs finirent vite par être à vif. En passant devant le premier étage, Imalbo abaissa le canon de sa sulfateuse, vers la porte, et se tint prêt. Io fit de même.

La cabine s’immobilisa en douceur, il n’y avait pas un bruit, pas un murmure, mais comment savoir si les portes de l’ascenseur n’étaient pas capables d’étouffer le plus étourdissant des vacarmes ? Aussi quand elles s’ouvrirent, Imalbo se jeta sur sa droite, tandis que Io occupait le côté opposé… Personne.

« Là, dehors ! cria Imalbo en regardant l’entrée du bâtiment. » Des véhicules étaient en train d’être chargés, et des voitures de police se garaient le long de la rue, tout du long, ils arrivaient. L’entrée de l’immeuble était faite avec trois épaisses colonnes couvrant un porche devant les portes. L’immeuble était un peu en retrait par rapport à la rue qui longeait l’entrée, et une autre rue, beaucoup plus large, arrivait juste en face : c’est par elle que circulaient les véhicules des forces armées.

Io put alors admirer la totale efficacité de son ami nouvellement matérialisé : un rapide balayage de son arme mis à terre les ouvriers s’affairant autour des véhicules de transport, puis un tir plus précis fit sauter les portes arrière qui s’étaient automatiquement fermées par mesure de sécurité. Voyant cela, les policiers formèrent leurs rangs, et avancèrent, implacables ; mais Imalbo contint leur progression le temps que Io se réfugie dans le véhicule ouvert, tout en y précipitant avec lui les paquets qui contenaient ce dont ils allaient apparemment avoir un besoin immédiat.

Imalbo s’était réfugié derrière les portes du hall d’entrée, et c’était vers lui que convergeaient tous les tirs. Il tentait tant bien que mal de riposter, mais les policiers étaient si nombreux qu’il parvenait rarement à sortir un bras de sa cachette. Comprenant l’impasse dans laquelle il se trouvait, il interpella Io, resté dans le véhicule :

« Io, tu en as encore pour longtemps ? Il faut se replier !

— Observe, et prends exemple. »

Alors que les vitres avant de l’engin volaient en éclat, trois des voitures de police garées sur la droite de la rue furent projetées dans les airs, et toutes les têtes se tournèrent vers l’explosion. Réagissant cependant à la seconde près, les hommes regagnèrent leur cohésion, et tous mitraillèrent de projectiles divers l’endroit d’où était parti le coup. Mais Io avait déjà sauté du véhicule, et profitant du bref instant suivant la destruction de ce dernier, pendant lequel les policiers attendaient leurs ordres, il tira trois projectiles à gaz aux pieds des assaillants et parmi leurs rangs, créant un épais brouillard que seuls les éclairs bleus des décharges étourdissantes qu’il lança à la suite parvenaient à percer. Puis, tout en appliquant ses tirs là où ses ennemis parvenaient à sortir de la purée de pois, il se replia à reculons à côté d’Imalbo, qui s’était joint à lui pour attiser le désordre parmi les forces de sécurité.

« On se taille ! »

Ils coururent du mieux qu’ils purent, c’est à dire l’un avec la force spectaculaire d’un homme-robot et l’autre avec la puissance que lui conférait son armure de combat, tout à fait réparée, avec laquelle il effectuait des enjambées prodigieusement longues et rapides. En quelques instants, ils eurent dévalé un escalier, et se retrouvèrent dans un sous-sol. Ils pouvaient entendre les martèlements lourds des bottes de tous ceux qui s’étaient jetés à leur poursuite ; ils se remirent à courir.

S’ils avaient sur leurs poursuivants l’avantage certain de la vitesse, en revanche eux ne connaissaient pas les lieux ; les policiers étaient certainement dirigés par des chefs qui avaient les plans du bâtiment sous les yeux, et ils ne perdaient pas un instant à se demander où aller. Io et Imalbo, en revanche, savaient qu’ils voulaient fuir, mais c’était tout.

« On n’a pas le choix, de toute façon, remarqua Io : on a commencé à descendre, on ne peut que continuer.

— Tout à fait d’accord, répondit l’homme en noir. Mais, tu connais beaucoup d’immeubles dans lesquels on peut entrer par les sous-sols ? En général, ça se fait par le rez-de-chaussée, et pour sortir à mon avis c’est pareil.

— Sauf s’il y a un parking.

— En effet, mais même dans ce cas, les policiers sont venus en voitures, je te le rappelle, et ils ont dû se garer le plus près possible.

— Eh bien dans ce cas, on continue à courir. »

Ils descendirent encore plusieurs niveaux, abordant les escaliers directement perron par perron : tant qu’ils ne perdaient pas de temps à se demander où courir, ils ne seraient pas rattrapés.

« A terre, vite ! » hurla Imalbo. Ils n’eurent que le temps de se jeter à plat ventre, et tout un pan du mur derrière eux fut explosé par la roquette qui leur avait rasé la tête.

« Des robots ! » Ils commençaient sérieusement à se faire encercler : les policiers à leurs trousses, et maintenant des robots de sécurité pour les accueillir… C’était trop, aussi éliminèrent-ils quelques-unes des créatures de métal, dans un souci d’équité.

« Les flics arrivent ! prévint Imalbo.

— Suis-moi ! »

Et Io partit en avant, en larguant quelques tirs de laser devant lui au cas où le passage serait obstrué ; à toutes les intersections des robots armés les attendaient, mais Io ne ralentissait même pas pour les abattre, il prenait appui sur un mur, sautait en l’air et réduisait à néant les robots qui étaient du côté où il avait décidé de se rendre, et ce sans perdre une seconde. Derrière lui, Imalbo faisait rapidement le ménage parmi les robots survivants, avant de s’élancer à sa suite. Io, de plus en plus frénétique, se dirigea vers un nouvel escalier : cette fois, en plus de sauter les marches directement perron par perron, il grilla chacun desdits perrons avant d’enjamber la totalité du grand escalier en U en posant à peine un pied à terre. Imalbo n’osait lui demander s’il savait où il allait, mais il y allait sacrément vite.

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