Chapitre XVII.7

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Les animaux qui étaient arrivés étaient comme des singes en miniature, sans queue mais avec des ailes de papillon colorées dans le dos. Le corps noir, la face et les oreilles brun clair, et les yeux rouge vif ; leurs ailes étaient parsemées de motifs délicats, avec toutefois une couleur dominante qui était propre à chacun. Et ils mesuraient une vingtaine de centimètres.

Les humains comprirent vite pourquoi ils étaient chargés de la communication entre les espèces : simplement par gestes, ou en dessinant sur des feuilles avec leurs doigts desquels ils pouvaient faire sortir une substance noire parfaitement appropriée à cet usage, ils leurs souhaitèrent la bienvenue, expliquèrent qu’ils avaient reconnu Imalbo, leur demandèrent s’ils avaient faim ou soif… Et ils élaborèrent un plan de la ville très précis, en leur indiquant quelles étaient les zones que la forêt contrôlait, et quelles étaient celles où les robots se faisaient les plus menaçants.

Puis Kryël revint… Il avait l’air tout à fait repu et se posa doucement sur une branche près de la tête de Féhna. Aussitôt, les singes se rapprochèrent de lui, et ils conversèrent rapidement dans un langage bizarre, fait autant de signes et de mimiques que de grognements et autres sons à peine articulés. Puis, enfin, Kryël se retourna vers les humains et leur parla pour la première fois :

« Bon, je leur demande quoi ? » Il avait une voix étrange, rauque et plutôt monocorde. Ce fut Imalbo qui lui répondit :

« Dis-leur qu’il faut qu’on sache combien de temps ils pensent pouvoir tenir contre le Réseau sans le soutien des humains. Explique-leur d’où nous venons, et si tu peux résume-leur ce qu’on a appris sur le Réseau et la Société. S’il te plaît. »

Kryël s’exécuta. Les singes alors se concertèrent un moment, puis parlèrent avec la boule de poils rouges.

« La situation est bloquée, reprit ensuite cette dernière. Ils m’ont expliqué. Au début, tout allait bien ; la forêt a très rapidement gagné un territoire considérable. Les forces du Réseau qui étaient sur place furent éliminées assez facilement. Il y a un mois, la situation était suffisamment bonne pour pouvoir s’intéresser à ce qui se passe à l’extérieur de la ville. Comme le Réseau prépare des armées un peu partout, un important système d’espions et de saboteurs a été organisé. Réussite de ce côté. Les espions ont déniché quantité d’informations, que le Réseau a beaucoup de mal à cacher.

— Lui qui faisait entière confiance aux humains ses esclaves, il ne doit pas être habitué à trop cacher les renseignements, remarqua Imalbo. En outre, il y a une race d’animaux qui comprend notre langue, même si elle ne peut la parler. Recueillir des données du Réseau leur est donc tout à fait possible.

— En fait, reprit Kryël, le Réseau a été totalement débordé par la situation. Les choses se sont passées trop vite, et il n’était absolument pas prêt à faire face. Maintenant, il commence à s’organiser. Il arrive à cacher ses données, il les crypte plus souvent. Mais comme les guerriers se sont acharnés avec succès sur les principaux nœuds de communication des environs, il patauge encore. Même, maintenant, il semble qu’il ait abandonné le combat ici : il ne nous bombarde plus ! Le plus probable, c’est qu’il soit en train de mettre sur pied une armée de l’autre côté de la planète. Nos espions peuvent couvrir des distances énormes, mais pas à ce point, et le globe est quand même vaste. Donc, pour le moment, il n’y a rien à craindre ; mais dans quelque temps (les tacticiens nous donnent deux ou trois mois), la guerre sera terrible, et nous serons sans doute en fort désavantage.

— Mais tu disais que la situation était bloquée, intervint Io.

— Oui. Pour continuer à étendre notre territoire, nous avons besoin de maîtriser totalement la ville et ses environs. Mais le Réseau résiste, et de façon perverse : il a placé les humains entre les machines et nous. Les immeubles de communication encore debout sont tous gardés par de trop nombreux civils. Et cette population civile a été répartie en divers endroits stratégiques, si bien que nous ne pouvons plus faire grand-chose. En gros, le Réseau est incapable de détruire la forêt, et les animaux ne peuvent plus rien faire pour l’étendre.

— Il devient donc de plus en plus urgent de mobiliser la population, dit Imalbo. Kryël, puisque vous autres animaux ne pouvez plus faire grand-chose pour l’instant, c’est à nous qu’il appartient d’arranger les choses. Mais dis à nos mignons petits amis que nous aurons besoin de leur aide : il nous faudra des lions noirs, d'abord, pour nous transporter. »

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