Si naïve
Félix et Bastet, les doyens chimériques.
Félix est plutôt calme, exprime ses sentiments avec des phrases brèves et des gestes. Il semble n’avoir aucune préférence pour quelqu’un, sauf Bastet. Il nous respecte et s’intéresse vraiment à nos exercices.
Bastet en revanche, c’est le mépris et toute relation avec elle est compliquée. En particulier, si vous êtes un homme. Sauf Éric et Garcia. Quant à moi, je suis la personne qu’elle aime le plus, il faut dire que je prends tout le temps qu’il faut quand elle a besoin de moi.
Établir un lien de confiance est difficile, car elle doute de nous. Cela cache quelque chose et il faut absolument que je sache quoi. S’il y a bien une personne qui peut le savoir, c’est bien moi.
Même si mes ordres sont de moins en moins appliqués, surtout les exercices physiques, d'ailleurs, elles ont pour but de préparer l’entraînement militaire et cela agace le chef de projet. Et son manque de respect envers les agents de sécurité ne va pas arranger. Surtout son aversion ciblée contre Paul Boyer, qui s’entend plutôt bien avec Gunther Schäfer.
Le seul point positif, ce sont ses progrès en langage oral qui sont tous simplement fulgurants. Surtout en autodidacte. C’est moi qui contrôle d’ailleurs son avancée, avec l’aide d’Éric bien sûr. Aujourd’hui, je décide d’aller la voir durant sa visite médicale. J’entre et je vois Bastet de dos, assise sur un lit de soin, auscultée par Garcia. Ce dernier écoute attentivement avec son stéthoscope.
- Inspire et expire.
Rien que ça, à entendre son souffle profond, semble l’agacer
- Il n’y a aucun problème, tu peux te rhabiller.
La Chimère habillée de son jean bleu met son T-shirt gris, puis se tourne vers moi. Presque humaine.
- Bonjour, Amandine.
La politesse, c’est moi qui lui ai appris l’intérêt d’en user. J’ai dû lui expliquer qu’un interlocuteur sera plus disposé à s’ouvrir en faisant preuve d’une certaine courtoisie.
Je lui ai expliqué qu’est-ce donc l’ouverture, il m’a fallu juste de dire la phrase : ils peuvent vous en dire avec plus d’aisance leur intention.
Depuis, elle nous dit toujours, bonjour.
- Bonjour, Bastet, tu te portes bien ?
- Demandez à Garcia, c’est mon médecin traitant après tous.
- Elle va bien.
- Vous voyez, tout va bien.
Son attitude distante, et cette froideur malgré ce feu solaire dans ses yeux me disent que non.
- Tu sais, tu ne t’es jamais confiée à moi. Les nouvelles chimères l’ont fait pourtant.
- Et Félix ?
- C’est un secret. Tout ce que tu pourrais me dire restera entre nous.
- Il y’aura les agents de sécurité qui écoutent ?
- Dans mon bureau, il n’y aura que toi et moi.
Son sourire si rare se dessine.
- Vraiment ? Oh… Voilà qui est intéressant.
- Il y aura une vitre blindée entre nous, qui sépare la pièce en deux.
Il s’efface en même temps que son espérance.
- Alors comment voulez-vous que j’ouvre mon cœur quand vous, vous vous enfermez derrière un mur de glace ? D’ailleurs, il n’y a rien à dévoiler.
Elle m’oblige à jouer sur la corde sensible, la figue maternelle que je représente pour elle.
- Fais-le au moins pour moi, Bastet.
- Mrrrr…...
Passons à l’autre corde, l’ennui.
- Cela te changera, tu ne seras pas en train de tourner en rond dans ta chambre.
Elle soupire.
- Rhaaaa… Vous avez le don de me faire changer d’avis. C’est exaspérant.
- Merveilleux ma Bastet, je me réjouis que tu acceptes.
- Bien. Quand devrais-je… Me confier ?
- Maintenant ou plus tard, c’est comme tu veux.
- Demain matin, là, c’est l’heure de ma sieste. Gardes, ayez l’obligeance de me ramener chez moi.
Paul Boyer lui rétorque avec une certaine lassitude.
- On n’est pas vos gardes du corps Bastet.
Provocatrice qu’elle est, sans cacher sa satisfaction d’avoir une petite emprise sur lui, elle le regarde de haut malgré sa taille inférieure.
- En effet, vous êtes mes serviteurs. Vous m’escortez tous les jours lors de mes sorties et veilliez à ce que je ne me perde pas.
Cette réalité alternative n’est qu’un amusement pour elle au détriment d’autrui, fort heureusement ce ne sont que des mots. C’est ce genre de comportement qui m’intrigue. Boyer lui laisse couler, de toute manière, comme il le dit si bien.
- Elle sera morte ou cassée que je n’aurai toujours pas une ride.
C’est vrai, tellement d’incertitude, certes, mais cette finalité a une haute probabilité de se réaliser. Après tous, son corps n’est pas censé exister dans la nature. La façon dont elle va vieillir pourrait être plus rapide que nous le souhaitions. L’un de nos objectifs étant que nos sujets soient dotés d'une longévité de cinquante ans.
Malheureusement, étant donné leur futur rôle, soldats, leur espérance de vie sera grandement réduite. Peut-être même n’a-t-elle même pas la possibilité de devenir cinquantenaire génétiquement.
Le Lendemain, vers dix heures, j’attends Bastet dans mon bureau. Elle rentre et observe l’agencement de la pièce.
- Une vitre bien propre, je ne la vois presque pas.
Son regard se pose sur le fauteuil.
- Oh… Bonjour. Il a l’air confortable. Je peux m’y allonger Amandine ?
Dès qu’elle demande quelque chose, c’est toujours par mon prénom qu’elle s’adresse à moi.
- Bonjour, bien sûr Bastet, met toi alaise.
Sans plus de cérémonie, elle s’affale de tout son long, heureuse de pouvoir adopter sa posture préférée.
Quant à moi, je suis assise sur un fauteuil avec de quoi noter, un carnet et un stylo.
- Bien, alors que fait-on au juste ?
- À toi de voir, as-tu quelque chose sur le cœur ?
- Mis à part que je m’ennuie comme un rat mort, rien. D’ailleurs, je me suis toujours posé la question, quel goût ça a ?
La voilà qui commence déjà à détourner la conversation, recentrons la.
- Et ton compagnon, Félix ?
- Mon « compagnon » court sur un tapis de course pour n’aller nulle part ou frappe dans une poire même pas comestible.
- Tu dois bien avoir envie de faire des choses avec lui.
- De le gifler, je n’aime pas qu’il m’épie en faisant mine de n'avoir rien fait. C’est insupportable.
- Cela te gêne ?
- Et vous cela ne vous gênerait pas qu’Éric vous reluque dans votre dos ?
- Et bien…
- Ah oui, j’oubliais, vous copulez ensemble.
Comment le sait-elle ?!
- D'où tiens-tu cette information Bastet ?
Elle désigne son nez.
- vous oubliez que j’ai du flair, surtout depuis qu'il ne porte plus de parfums.
Elle commence à prendre le dessus. Ce n’est pas ce que je voulais !
- Et bien, sache que j’aime quand un homme me regarde avec un certain intérêt.
- Oh oui, c’est tellement agréable d’être une chose que l’on dévore des yeux, un peu comme moi et le saumon.
- C’est de l’ironie ?
- Oui, c’est de l’ironie.
- hum. C’est la première fois que tu en uses. Je vois que tu progresses, c’est une bonne chose.
Elle semble complètement indifférente.
- Pour ce que cela m’apporte. Coincée entre quatre murs avec un mâle qui ne me sert même pas de divertissement.
- Tu pourrais te divertir avec lui.
- je ne ressens nullement le besoin de me divertir.
- Et pourquoi ?
- Parce que c’est Félix.
D’accord…
- Tu peux développer ?
- Développer, c’est ce qui lui manque. Il n’est pas clair, toujours à dire à demi-mot le fond de sa pensée, un peu comme vous tous et cela commence à vraiment, vraiment m’agacer.
Alors elle ressent donc instinctivement les cachotteries. Il faut que je confirme ça.
- Et comment en arrives-tu à cette conclusion ?
- Vous m’avez mis dans la même cellule que lui, mais bon, à l’époque je n'étais qu’une enfant, cependant, vous auriez pu au moins m’y préparer.
- C’était pour ça que ta cellule était en face de la sienne.
- Et c’était brutal, comme ce jour où vous m’avez mis, entourez par quatre brutes, dans l’École avec lui, sans barreaux pour me protéger.
- là encore, c’était pour ça que nous vous avions mis dans une cellule séparée.
- Et sans me prévenir.
Dit-elle avec un ton plus rude, elle nous en veut, de son point de vue, c’est légitime.
- Tu n’aurais pas compris.
- Vous n’avez même pas essayé de me faire comprendre vos intentions, alors que c’était le sujet principal de vos cours.
Elle se redresse pour me regarder droit dans les yeux.
- Et aujourd’hui, comme depuis le début, vous me cachez vos véritables intentions.
- on vous cache ri…
- Il suffit !!
La Voix est tremblante, en plus de sa colère, je vois de la peur dans ses yeux fendus à cause de la lumière.
- Vous…
Toute en me pointant du doigt, elle décide de se lever et de venir jusqu’à la vitre, posant sont autre main sur cette dernière.
- C’est pourquoi toutes ces manœuvres ?! Quelle est la direction que vous voulez me faire prendre ?!
- Alors c’est donc ce que tu ressens ? Colère et peur ?
- Je ne suis pas là pour votre maudite psychanalyse ! Je suis là pour avoir des réponses !
- quelle déception, moi qui pensais que tu allais enfin te livrer.
- Et qu’est-ce que je fais là ?! Je vous montre à quel point je suis lassée d’être perpétuellement dans le brouillard que d’ailleurs, je n’ai jamais pu toucher ! Vous me séquestrez, contre ma volonté ! Vous me devez au moins des explications !
Elle a raison, ce n’est pas comme si c’était une machine, c’est un être sensible.
- Très bien, mais je te préviens, cela ne va pas te plaire. Alors je te conseille de t’asseoir.
- Nan merci, je suis très bien debout.
- Baste, c’est pour ton bien.
À ses mots qui me font étrangement mal, elle obéit.
- Que crois-tu savoir Bastet ?
- Ce que je sais, c’est que je suis une femme qui se nomme Bastet, portant le même nom qu’une déesse d’Égypte et que par conséquent, vous me devez le respect.
- et c’est tout ?
Elle hoche de la tête, certaine que c’est ainsi que sont les choses. Mais pourquoi ?
- Donc, tu penses que nous te devons respect à cause de ton prénom.
- Oui, on a érigé des temples et des effigies pour l’honorer, je suis donc importante.
On ? C’est peut-être une erreur.
- Ce n’est qu’un nom d’un personnage qui n’existe pas.
- La déesse Bastet…
Je viens de comprendre, avec la voix la plus innocente et perturber que j’ai pu entendre, elle va me poser la question que chaque parent redoute quand il s’agit du père Noël.
- N’existe pas ?
- Je suis navrée de te répondre cela. Non, c’est une légende.
- Mais les légendes, ça existe ?
J’ai failli rire.
- Il n’y a rien de drôle !
Elle va fondre en larmes, c’est sûr, il faut que je la ménage du mieux que je peux. - excuse-moi Bastet. Excuse-moi. Comprend moi bien, de te voir agir ainsi, comme une enfant, je trouve cela adorable.
- Je suis adorable, mais pas une enfant.
- C’est ce que j’ai dit. Alors je vais éclaircir ta lanterne. Les légendes n’existent pas, pas plus que le père Noël ou les dieux.
- Mais cela n’a aucun sens ! Pourquoi avoir créé des histoires sur des choses qui n’existent pas !?
- Pour expliquer des choses dans des époques où la science n’avait pas les moyens pour comprendre.
Elle encaisse tant bien que mal en reprenant son souffle, tout en caressant son menton, puis son crâne, le silence est quelque peu… Pesant. Elle décide de le rompre.
- D’accord… Je me suis fourvoyée. Mais, je n’en reste pas moins un être humain. Je ne mérite pas un tel isolement.
Oh mon Dieu… Alors c’était pour ça se « on ». Elle croit être comme nous. J’aurais dû le prévoir.
- Pourquoi me regardez-vous comme ça, mère ?
Mère ?!
- Vous me faites peur. Qu’est-ce que je ne sais pas ?
Non pas ça, je ne sais pas si je vais le supporter. Elle vient vers moi, si je ne dis rien, elle va s’imaginer les pires trucs. Mais la réalité est déjà en soi horrible. Comment lui dire… Je n’aurais jamais dû accepter ce travail. Je pensais être plus solide que ça !
Souris ; il faut dédramatiser la situation au maximum.
- Ma brave Bastet…
- Oui ?
Ses yeux, ronds, non… Elle est si mignonne, si naïve.
- Tu es partiellement humaine.
- Je ne comprends pas, on est de la même famille pourtant ?
- Famille ?
- Oui, vous, Éric, moi et Félix, la famille Chimère.
Oh pourquoi… Bastet… Pourquoi il a fallu que tu ne comprennes pas ?
- Laisse-moi t’expliquer, mais d’abord. Quel est le souvenir le plus lointain dont tu te souviens ?
- Et bien… Il y avait de l’eau, j’ai failli me noyer et vous m’avez sortie de là, puis vous m’avez hébergée et adoptée.
C’est un énorme et triste quiproquo. Mes options vont de la pire à la moins pire.
- Bastet, tu étais dans une cuve, c’est l’endroit où nous t’avons créée.
- Hein ?
Elle tremble comme une feuille, prête à tomber au moindre coup de vent. Pourtant, il faut lui dire. C’est ce qu’elle m’a demandé, la vérité. Cette cruelle et ignoble vérité.
- Tu es issu d’une expérience scientifique, un peu comme certains rats de laboratoire. On vous étudie, éduque, pour certains objectifs. Sauf que toi, tu es unique, mi-humaine mi-chat. Il n’y en a pas deux qui ont des gênes comme les tiens, d’où la raison que l’on vous nomme Chimère. D’ailleurs mon nom de famille, c’est Deschamps.
- Vous…
Elle se met à sourire tout en se redressant.
- C’est une nouvelle leçon, c’est ça ? Vous m’apprenez le sentiment de désespoir.
D’un geste nerveux, elle insiste en montrant son cœur pour me dire qu’elle a mal.
- J’aimerais tellement que ce soit le cas.
Mince ! Mes sentiments se sont échappés.
- Non… Vous êtes ma mère, s’il vous plaît, Amandine. Je sais que j’ai été une très vilaine fille. Pardonnez-moi, je vous en supplie.
-Bastet…
Mince, je pleure ? Non, ce n’est qu’une seule larme qui coule. Je peux tenir.
- Félix lui a compris, il est comme toi. Une créature qui n’existe que dans les légendes.
- Mère. J’ai compris le message. J’arrêterai de le mépriser, je ferai un effort, c’est promis. D’accord ?
Sa main commence à convulser.
- Non.
- Non ?
- Non, c’est vrai, tout ce que je t’ai dit.
- Ça. Ne peut pas… Non. Non. Non. Sinon pourquoi prendriez-vous soin de moi ? Vous êtes ma mère. Il n’y a pas d’autre raison possible.
- C’est mon travail. Je suis payée pour ça.
Qu’est-ce que je viens de lui dire ?! J’aurai dû réfléchir ! C’est foutu, je fonce dans le pire du pire.
- Vous me mentez ! Il n’y a aucun objectif pour que l’on crée des choses qui n’existent pas !
Elle ne peut vivre dans ce refuge, de toute façon, c’est trop tard. Je dois assumer.
- Si, faire des soldats plus puissants, toi, c’est pour ta souplesse et ta résilience aux fortes chaleurs, Félix sa force et sa résistance au froid.
- QUOOOIIII ?! Non ! C’est une blague ?! Moi soldat ?!
Du positive, vite.
- Tu seras aussi mère.
- Mère ?! Mais avec…
Soudain absente et immobile, elle reprend ses esprits en secouant sa tête.
- Félix ?! Vous voulez que je m’accouple avec lui pour faire des enfants ?!
- Oui.
Atteinte d’une folie, elle ricane en sanglotant.
- Cela ne peut pas être vrai ! Cela ne peut être vrai ! C’est impossible ! C’est un cauchemar ! Amandine !
- C’est réel.
Elle revient jusqu’à moi, colle son front contre la vitre.
- Mère, pourquoi me faites-vous cela ?
- Je…
Aie…
- Ne suis pas...
Bastet, pardonne moi.
- Ta mère.
Elle s’effondre à genou, griffe la vitre, rugie d’agonie à pleins poumons. Larmoyante, elle la frappe avec une force tel que j’ai peur de la voir s’en briser les mains.
- Non ! Non ! Non ! Non !
Si ça continue, ça va vraiment finir en fracture ! Il faut que je la console !
- Pardonne ma franchise, ce n'…
Elle rebondit de toute sa stature et me juge.
- Je n’ai pas besoin de votre fausse compassion ! Traitresse ! Je vous pensais différente des autres, bienveillantes ! Je croyais, de toute mon âme, que je comptais pour vous ! Que tout ça était vrai quand vous me teniez la main ! Cela me rassurait… Je me sentais en sécurité avec vous.
Chancelante, elle s’éloigne de moi, confuse, jusqu’à ce terrible trait de lucidité.
- Mais alors… Je suis… Toute… Seule…
Son regard est vide de vie, il n’y a plus qu'une douleur indescriptible. Son visage grimace exagérément et d'un seul coup, elle est foudroyée par une crise d’angoisse telle qu'elle suffoque recroquevillée au sol, la main contre son ventre. Moi je ne suis que spectatrice impuissante devant cette jeune femme qui s’effondre dans un désespoir si intense que son corps semble mourir, pire encore, son cœur semble lâcher, le bras gauche tremble. Sa gueule grande ouverte laisse sortir de la salive et un cri suraigüe presque imperceptible.
J’appelle la sécurité pour lui administrer un tranquillisant, c’est là ma seul solution pour la calmer. Boyer entre en premier et Bastet se ressaisit d’un coup pour finalement céder à une nouvelle panique.
- Ne vous approchez pas de moi !
Rampante jusqu’à moi, elle feule sur les agents. Boyer fait des gestes d’apaisement.
- Calme Bastet, on veut juste t’aider.
Elle tend sa main vers moi, mais quand je pose la mienne sur la glace, elle décide finalement de s’appuyer au sol. Elle courbe son dos, cette gestuelle…
- Ne fais pas ça, je t’en prie ! Cela va très mal se finir !
Elle montre les crocs, griffes sorties et grogne. Boyer sort son taser.
-Bastet, tu ne sais pas ce que tu fais.
- Oh que si, Paul.
Elle l’attaque ! Quelle vitesse. Boyer a pu tout juste esquiver. L’autre agent en retrait essaye de lui tirer dessus au pistolet taser. Elle a esquivé pour sortir par la porte.
De même, je sors de mon bureau, l’alarme est déclenchée, alerte rouge. Bastet est déjà dans l’ascenseur. Il faut absolument que je l’arrête, je monte par la cage d’escalier, les agents m’ont déjà devancée, je les suis. Toute la sécurité l’empêche d’accéder directement à la sortie principale, elle se dirige vers celle qui donne sur la périphérie du parc des chimères. Ça va mettre furax le chef si elle pointe le bout de son museau à cet endroit !
Je tourne en direction de cette sortie.
- Lâche-le !
C’est de pire en pire ! Éric est détenu en otage ! Les griffes sur son cou, elle fait face à nos agents qui n’ont aucune occasion de la neutraliser sans risquer la vie de mon partenaire.
- Si vous approchez, je l’égorge !
- Bast…
- Fermez votre bouche Éric ! Ne rendez pas la chose plus compliquée ! Je vais sortir par cette porte et vous allez bien gentiment me suivre !
Elle y est presque, mais cela n’aura pas la finalité qu’elle espère.
- Bastet ! Écoute-moi une dernière fois ! Ne franchis pas cette porte ! Si tu le fais, tu seras sévèrement puni par le chef de projet !
- Et bien qu’il vienne ! Je n’ai pas peur de lui ! Je n’ai peur de personne ! Je vous hais, tous, monstre de fourberie !
Elle touche la porte, soudain, l’impressionnante montagne de muscle nommée Gunther Schäfer ouvre la porte, imposant son ombre dans tous le couloir.
- Mia ?!
La pauvre petite chatte retourne à peine sa tête qu'elle se retrouve strangulée par le bras droit du chef, qui également, l’empêche de se défendre avec l’autre. Elle pousse de toutes ses forces avec ses pattes et réussies malgré tous à sortie du bâtiment. Et devant toutes les chimères, qui étaient en train de bronzer au soleil derrière une serre, elle clame.
- Je veux juste être libre !
Il resserre l'étau et la met à terre. Elle n’en démord pas et le griffe. Bastet est courageuse, mais sa lutte est vaine, il est entièrement protégé contre ses atouts de prédateurs, elle lui mord le bras, puis après un éprouvant et long combat, elle s’évanouit. La scène, Félix la vue et bien d’autres, derrière la serre qui entoure le parc.
- Quelle endurance, malheureusement, je vais te punir pour ça. Boyer, muselle-la.
Il obéit, ensuite, il la menotte. Schäfer lâche prise et se redresse. Parce qu’il est fier, il enlève son casque. Ses magnifiques cheveux d’orée et ses yeux d’aciers me font toujours un certain effet, bien qu’il en ressort un aspect sévère et froid, le tout très accentué par sa tenue militaire.
- On la met en isolement. Hum…
Elle reprend connaissance ? Si vite ? Non… Ne te relève pas.
Les traits de son visage se durcissent, la tension dans sa mâchoire carrée s'accentue. Il est très, très en colère. Et en ignorants cela, elle le défi.
- Mais vous êtes qui ?
Il la gifle. La question en elle-même n'a pas lieu d'être sans avoir dit bonjour. C'est ainsi qu'il fonctionne.
- Aah !!
- Ne te relève pas.
- Chhhh ! Allez-vous faire embroch…
Je ne peux pas supporter de la voir comme ça... Écraser sous une botte.
- Monsieur Schäfer.
- Restez à votre place, Amandine Deschamps.
- Oui, Monsieur…
- Quant à toi, tu vas déguster, je suis le chef de projet, Gunther Schäfer. Tu me dois ton existence et aussi du respect.
- Je ne vous dois rien, espèce de sale rat !
Il recommence la strangulation, cette fois, il la met face à toutes les autres chimères. Il est l’Alpha ici ; c’est lui qui commande, le message est clair.
La rébellion de Bastet a pris fin.
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