Tapis dans l'ombre, Géckal suivait sa victime dans l'anonymat le plus total. Se déplaçant de maison en maison en guettant sa proie qui elle, ne se doutait pas de "qui" la suivait. En effet un homme plutôt rond, portant une mallette et un grand impair gris avec un chapeau assortit traversait les rues de La Creuse, le quartier le plus pauvre de la principauté de Makomo. C'était en réalité un fonctionnaire du gouvernement. Un homme corrompu dont Géckal devait se charger d'éliminer. L'homme, toujours sur ses gardes, rentra dans un vieux bâtiment délabré. Géckal, toujours avec discrétion se cacha tout près de l'entrée.

A peine quelques minutes plus tard, l'homme ressortit du bâtiment sans sa mallette. Il eût à peine le temps de tourner au coin de la rue que Géckal lui fonça dessus pour lui enfoncer sa dague dans le ventre. Suffoquant, l'homme put entrevoir le visage de son assassin. Il ne montrait aucun sentiment. Que ce soit de la haine, de la rancœur, de la colère ou encore du simple plaisir. La victime s'écroula tandis que Géckal sortit un mouchoir pour nettoyer le sang qui s'écoulait le long de la lame de son arme.

- Pou... Pourquoi avoir fait ça ? Je ne suis qu'un simple larbin du gouvernement... Agonisa-t-il.

Le visage de Géckal ne dégageait toujours aucune émotion. Comme s'il n'avait plus goût à la vie.

- N'allez pas y voir une quelconque vengeance, lui répondit Géckal qui finissait d'astiquer sa dague. Je ne fais que mon boulot. On me dit de tuer alors j'obéis ! Que cela tombe sur vous est un pur hasard.

A l'agonie, son interlocuteur voulut lui répondre quelque chose mais la mort vint le chercher avant, et celui-ci rendit son dernier souffle. Géckal soupira puis sortit un petit carnet de la poche intérieure de la longue cape qu'il portait sur lui.

- ça, c'est fait ! S'exclama-t-il en barrant un nom dans son carnet.

Géckal s'en alla ensuite avant que quelqu'un ne le remarque, laissant le corps du regretté gisant sur le sol. Encore un. C'était sa douzième victime cette semaine si ce n'est plus. Mais tel était son travail. Pour survivre dans un monde aussi cruel, mieux valait l'être aussi. C'est une réalité qu'il avait apprise à ses dépens. C'est pourquoi devenir un mercenaire était la seule option qu'il avait trouvée pour ne pas sombrer. Lui, un jeune homme de vingt-cinq ans qui à grandis et toujours vécu à La Creuse, sans amis ni famille, et qui en connait très bien les codes. On le surnommait "la lame sanglante" tant ses victimes étaient nombreuses. Les Slayers, qui était les militaires chargés de veiller à la sécurité des habitants de la principauté, n'avaient jamais réussi à le capturer.

Le soir même, Géckal se rendit dans un bar pour décompresser. Il y entra affubler d'une capuche, afin de bien garder son anonymat. L'ambiance était plutôt bruyante comme d'habitude. Géckal alla directement s'installer au bar puis y déposa un petit sachet rempli de pièces :

- Une bière !

Le barman ramassa le sachet puis se mit à fouiller dans son tiroir. Plusieurs clients du bar lâchaient de légers regards vers Géckal qui les remarquait assez aisément. Visiblement son anonymat ne passait pas aussi inaperçu que prévu. Le barman déposa sur la table un verre de bière bien mousseuse. Géckal n'eût pas le temps de la prendre qu'il entendit une voix crier son nom :

- Géckal Esôn !

Aussitôt, le silence s'installa dans le restaurant. Dérangé par cette interpellation soudaine, Géckal savait déjà à quoi s'attendre. Il esquissa un léger regard en coin derrière lui. Un homme se tenait au milieu de tous les clients, le fixant de ses yeux humides reflétant parfaitement la rancœur qui l'habitait.