Ils arrivèrent à l’heure du déjeuner devant une maisonnette grise de deux étages. Les huisseries étaient garnies de pierres apparentes blanches. La porte arborait un heurtoir en cercle de fer-forgé.

Guillaume passa l'entrée caméra en main. L’épisode de Chasse aux Fantômes ! commençait.

Faire le tour de la cahutte fut rapide. Le rez-de-chaussée offrait deux pièces de tailles égales, à la décoration datée. Des tableaux recouvraient les murs du salon, du couloir et de l’escalier. À l’étage, trois petites chambres se disputaient une unique salle de bain défraichie. Là aussi, des peintures, y compris dans les chambres.

Guillaume arrêta l’enregistrement, et les deux chasseurs passèrent l’après-midi à déployer les équipements et filmer des plans de coupe. Il y eut des moments de silence et d’écoute, pour s’imprégner des bruits de la maison.

« Il faut s’habituer au lieu. », disait Guillaume. « Chaque construction a son langage. Le bois craque, les murs bougent. Il faudra faire la différence entre un bruit étrange et la respiration normale de la maison. »

Mais Palu, à l’aise toute la journée, devenait nerveux à mesure que la pénombre colonisait les murs. Il n’arrivait pas à se faire à cet endroit. Les meubles encore en place le dérangeaient. Il s’attendait à voir débarquer la proprio à tout instant.

Guillaume vit son malaise et tenta de le rassurer en commandant à manger :

« Tu m’as bien aidé à déployer les capteurs, donc on a le temps de faire une pause avant que la nuit ne tombe vraiment. »

Les derniers mots ne rassurèrent pas du tout Palu, qui se sentait oppressé par les ombres et les meubles qui ne cessaient de s’allonger. L’ambiance devint franchement sinistre, et surtout, une odeur nauséabonde envahissait l’endroit.

Il n’osait pas s’assoir, ne savait pas où se mettre. Il se retrouva figé au milieu de l’entrée.

Guillaume consultait l’heure et préparait la suite et ne vit pas que le malaise de Palu se transformait doucement en panique. Lorsqu’il lui dit qu’après manger l’enquête nocturne commencerait à l’étage, Palu pâlit.

Il fit un pas en arrière en tremblant et se retrouva contre la porte d’entrée. C’est à ce moment que résonna l’impact du heurtoir lui arrachant un cri strident. Dans un effort surhumain, il parvint à saisir la poignée puis à l’ouvrir. Dehors, l’extérieur, la survie, l’issue de cet endroit maudit. Et un livreur Uber, l’air étonné.

« Savoyarde et Alto supplément œuf, c’est bien ici ? Euh… Ça va ? »