Confiné
Les journées se succèdent et s'étiolent à un rythme lent, douloureux. Confiné comme le reste du monde depuis qu'un mal invisible s'est abattu sur la race humaine et la décime de ses miasmes mortels, je suis seul. Seul dans mon appartement parisien où je m'enlise dans la monotonie d'un quotidien moribond. Les bruits de la ville se sont tus. Paris s'est endormie, et tous ses habitants avec elle. Pas un son ne traverse les murs ; mes voisins sont devenus aussi muets que les résidents du cimetière rue Saint-Just. Leur irritant brouhaha me manque. J'ai la désagréable sensation de vivre l'épisode 4 de la saison 5 de La Quatrième Dimension ! Vous savez, celui où McNulty casse le chronomètre et... oui, je sais, regarder une série de 1965 alors que les plateformes de streaming à la mode sont pleines de films et de séries géniaux peut sembler bizarre. Sauf que le bizarre et l'étrange, j'aime ça, vous n'avez pas idée ! Du moins quand les rouages du monde suivent leur éternel cycle. Lorsqu'ils s'arrêtent, le mystère, les films noirs et les scénarios aux fins troublantes paraissent étonnamment réels et potentiellement crédibles. Autre point noir au tableau, je ne suis pas d’une nature très sociable. Enfin, je suis carrément un sauvage perdu au milieu d'hommes et de femmes civilisés. J'ai toujours fui les gens et aimé me réfugier dans ma caverne où m'attendent toujours mes fidèles bouquins, mon ordinateur, ma tablette graphique et ma musique metal. Je n'ai jamais apprécié ces étranges énergumènes qui vous saluent gaiement dans le hall de votre résidence ou au coin de la rue, un sourire de benêt barbouillé sur la face. Encore moins les ronchons, qui me ressemblent beaucoup trop ! On pourrait croire que quelqu’un comme moi s’accommoderait facilement de cette situation. Et bien c’est faux. Les gens me manquent. Si seulement ma route avait pu croiser celle d’une gentille sauvageonne, la vie de confiné m’aurait été plus douce.
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