Quand vient la déprime

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  Au début de cet isolement forcé, je me levais à six heures, prenais ma douche, et m’efforçais de reproduire au mieux mon quotidien habituel. Je travaillais en chemise, pantalon et ceinture, mangeais à heure fixe et me couchais relativement tôt en vue d'attaquer la journée suivante. Mais au fil des jours, ma volonté de préserver une certaine stabilité dans mon mode de vie s'est altérée.

  Après vingt-sept jours de confinement, je me couchais à des heures impossibles et ne parvenais à me lever qu'à des heures qui m'auraient fait rougir de honte il y a à peine quelques semaines. Je travaillais en caleçon, habillé d’un vieux t-shirt porté pour dormir depuis quatre jours, et passais le plus clair de mon temps à ne rien faire. La vie était morne et pérennisait chez moi une oisiveté et une indolence presque aussi dangereuses que le virus qui planait de l'autre côté de mes fenêtres. J'en arrivais même à envier et à détester les oiseaux qui accueillaient chaque jour de leur chant guilleret le lever du soleil. Eux ne se rendaient compte de rien et vivaient une vie simple. Heureuse. Mon moral, lui, fondait comme neige au soleil.

  Je plongeais à pieds joints dans le noir goudron de la déprime et y étouffait inexorablement. Inutile de fuir les quatre murs de mon appartement pour respirer le grand air et m’aérer l’esprit ; le vide des rues et l'angoisse des rares passants me ramenaient bien vite à mon abattement. Il ne me restait plus qu'à laisser le cours du temps défiler lourdement, qu'à répéter les mêmes gestes rasoirs tel un automate jusqu’à l’épuisement de toute la fringance de mon âme. J'avais besoin d'aide, de compagnie, de quelqu'un pour me sortir d'une prison de solitude que mon sale caractère m'empêchait d'ouvrir en saisissant mon smartphone. Je voulais sentir à mes côtés la présence d'un homme, d'une femme, d'un autre.

  Ma journée s'acheva alors que commençait celle du soleil. Je fermai les rideaux occultant de ma chambre et me couchai pesamment dans mon lit, le poids d'une profonde tristesse écrasant ma poitrine. Les yeux fermés, l'esprit vide de toute pensée, je me laissais bercer par le bruit régulier de mon climatiseur, que j'avais allumé pour échapper à la chaleur qui devait grimper jusqu'à trente-deux degrés.

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