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Écoute le monde qui vit et s’agite autour de toi. Toi, au fond de toi, te reste-t-il encore une vie? A part les larmes, la colère, te reste-t-il encore quelque chose? Le vide est là, il s’empare de toi.

C’est un matin comme les autres. Juste un matin de plus. Une journée qui ressemblera à toutes les autres. Les larmes feront partie de la journée ainsi que la peur. Ton réveil vient de sonner. Dans le noir tu fixes le plafond. Tu n’as aucune envie d’aller en cours. Chaque jour tu subis la violence dont tes camarades font preuve. Une violence autant physique que psychologique. Cela fait tellement longtemps que tu subis cela que parfois tu ne réagis plus. Parfois tu te demandes si ça existe une journée sans subir leurs brimades.

Tu regardes l’heure. Il est temps d’y aller. Tu te lèves mais chacun de tes gestes sont las. Sans motivation tu vas prendre le car.

Le car se gare sur le parking du collège. Tu inspires et expires profondément. Tu sors du car sans conviction.

Tu traverses la cour, tête baissée. Tu sens le poids lourd du regard des autres élèves. Beaucoup se retournent sur ton passage et des rires moqueurs retentissent, brisant le calme de la cour. Tu feint de ne rien attendre. Mais cela te fait quand même mal. En attendant la sonnerie, tu vas te réfugier près de la vie scolaire. Là, ils te laisseront tranquille.

La sonnerie retentit. Tu vas te ranger avec ta classe. En montant les escaliers, certains tentent de te faire des croches-pieds. Mais tu ne te fais pas avoir.Tu connais par cœur leurs ruses. D’autres te poussent et te bousculent. Ce qui, visiblement, les fait rire. Tu pousses un soupir lourd de tristesse et discret.

Dans la classe tu t'installes. Une fois de plus, encore un cours à tout tenter pour te concentrer exclusivement sur ce qu’il y a à faire. Et à redouter chaque minute qui passe.

La récré arrive. L’un des moments que tu redoutes le plus… Tu t’installes dans un coin de la cour. Tu fermes les yeux comme pour te protéger du monde et de sa violence. Mais ils sont là. Tu entends leurs voix. Leurs regards se posent sur toi, tu le sens. Ils sont tous là. Autour de toi. Toi, tu es recroquevillée dans ton coin. En espérant disparaître de leurs regards malveillants. Mais cela est impossible. Maintenant qu’ils sont là, ils ne partiront pas. Les insultes fusent, les moqueries vont bon train. Tu veux déployer une protection qui t’empêchera d’être touchée. Mais tu n’y arrives pas. Leurs mots te font l’effet de couteaux en plein cœur. Beaucoup t’ont dit qu'il ne fallait pas que tu pleures devant eux. Tu tentes alors de retenir tes larmes. Mais elles coulent malgré toi. Les 20 minutes de la récré te paraissent tellement longues… La sonnerie retentit enfin. Tu ne bouges pas. Ils partent tous. Tu n’as plus aucune force. Tu restes plantée là, à regarder la cour se vider. Lentement, tu sèches tes larmes. Tes mains tremblent. Ta respiration est saccadée. Tu inspires, bloque ta respiration puis tu expires tout doucement. Tu recommences plusieurs fois. Tu te lèves. Tu es en retard. Tu dois passer par la vie scolaire. Comment expliquer le fait que tu n’es pas en cours sans expliquer ce que tu subis? Tu affiches un grand sourire et va à la vie scolaire. Tu prétextes t’être trompée de salle en rigolant. Et ça fonctionne. Personne ne voit tes yeux encore rouge. Tu repars en cours, soulagée qu’on t’aie cru mais aussi avec la peur au ventre de devoir entrer et sentir, encore une fois, tous leurs regards posés sur toi. Dans les couloirs il n’y a personne. Plus tu approches de ta salle de classe, plus l’angoisse monte. Tu sens ta respiration devenir saccadée. Tu tentes encore une fois de ralentir le rythme effréné de ta respiration. Il faut que tu te dépêches. Tu ne réfléchis pas, tu toques à la porte et tu entres. Comme tu le redoutais, tous les regards se tournent vers toi. Des regards moqueurs et celui désapprobateur du prof. Tu t’excuses vite fait puis tu regagnes ta place. Tu sors tes affaires. Tu entends les moqueries proférées à ton encontre. Tu les ignores. Mais comme d'habitude elles te touchent. Alors tu essaies de détourner tes pensées de ce qui se dit dans ton dos et de te concentrer sur le cours. Mais ça devient de plus en plus compliqué. Avant, travailler t’aidait à ne pas être trop touchée. De te plonger dans tes devoirs était pour toi ton seul échappatoire mais aujourd’hui ce n’est plus une solution. Tu n’arrives plus à te concentrer. Tu soupires. Derrière, quelqu’un prononce ton prénom. Puis quelqu’un d’autre répond par un rire. Ce n’est que la énième fois que ça arrive après tout… Et ce sera ainsi toute la fin du cours.

L’heure d’après, de nouveau, impossible de te concentrer. Les questions se bousculent dans ta tête. Pourquoi s’acharnent-ils à te faire tant de mal? Que leur as-tu fais? Est-ce de ta faute s' ils te font vivre un tel enfer? Est-ce qu’un jour ça s’arrêtera? Est-ce que tu vas tenir encore longtemps comme ça? Tant de questions qui te tourmentent… Mais il n’y a aucune réponse…

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