Le premier pilier de la guérison : Se faire aider (suite IV)

5 minutes de lecture

C’est dans le train me ramenant de chez Nicolle, un jour de grève qui avait doublé mon temps de voyage, que j’ai fait la connaissance de Véronique de Sainte Marie, elle aussi thérapeute. Naturopathe de formation, elle croyait aux vertus des plantes et aux bienfaits de l’alimentation végétale. Son discours m’a intrigué. Je ne savais pas encore que mon dernier trajet à Voiron ne m’apporterait pas satisfaction mais, séduite par l’énergie communicative de la femme et par ses explications rationnelles, j’ai pris soin de noter ses coordonnées sur un bout de papier.

Quelques semaines plus tard, voyant que les crises de boulimie ne voulaient toujours pas disparaître, j’ai contacté Véronique pour fixer un premier rendez-vous. N’habitant pas la même région, nos entretiens se déroulaient par téléphone, toutes les trois semaines environ. Elle me conseillait des préparations florales, de l’élixir d’huile essentielle à la potion multi-usage, et toutes me paraissaient dignes de la plus belle des herboristeries. Malheureusement, je ne croyais absolument pas aux pouvoirs des plantes, à tort, peut-être, alors cela n’avait aucun effet sur moi.

En revanche, c’est par son biais que j’ai connu Thierry Casasnovas, le monsieur « jus de fruits et légumes » qui officie depuis des années sur Youtube, armé de son juicer[1] et de sa bonne humeur. J’ai découvert que lui aussi avait souffert de boulimie et j’ai beaucoup apprécié m’informer sur le corps humain grâce à ses vidéos pédagogiques. D’ailleurs, je l’ai suivi par la suite pendant de nombreuses années. Son discours positif me faisait du bien et, sur ces conseils, je me suis mise à faire des jus, à manger de plus en plus de fruits et légumes et à expérimenter les jeûnes.

À défaut de sevrage réussi, je me sentais dans une bonne dynamique, entraînée par l’enthousiasme et les enseignements de Véronique au téléphone, et de Thierry sur les réseaux sociaux. Je trouvais la majorité de leurs conseils pertinents, basés sur des études scientifiques, et j’ai apprécié apprendre à prendre soin de ma santé par le biais de l’alimentation vivante. Je ne doute pas que la guérison de certaines T.C.A. puisse passer par celle du microbiote intestinal mais, dans mon cas, cette nouvelle façon de me nourrir se limitait à espacer mes compulsions, pas davantage.

Je ne cacherais pas qu’à cette époque, j’éprouvais beaucoup de frustration devant cet état de fait. Je me désolais souvent de ne pas réussir à reproduire ces exemples manifestes de récupération de la santé. Pour autant, tant que cela me faisait un peu de bien, je continuais, à raison. Des années plus tard, je reste convaincue des bienfaits d’une alimentation saine. Même si à présent je mange de tout, y compris des produits animaux — poulet chez des amis, œufs, thon — , j’aime que ma table comporte une grande variété de produits colorés, des salades pimpantes aux soupes réconfortantes. Aujourd’hui, inviter les fruits et légumes dans mon assiette, c’est autant pour la santé que pour le plaisir des yeux et du palais.

Véronique a été pleine d’autres bons conseils, notamment littéraires. Elle savait que j’aimais la lecture et m’a donc suggéré de me procurer le premier exemplaire de la saga « Anastasia »[2], que j’ai dévoré, ainsi que les neufs autres tomes qui suivaient. Chaque livre m’a fait énormément de bien. Si vous ne le savez pas encore, prenez en considération qu’à partir de six minutes de lecture, le rythme cardiaque s’abaisse et la tension musculaire diminue et, qu’au-delà de dix minutes par jour, le stress se réduit de 68%. Je rappelle ici que le mode « survie », qui se caractérise par un niveau de stress beaucoup trop élevé, détériore l’organisme, notamment lorsqu’il est prolongé. Donc, pour s’échapper du mode « survie », il faut d’ores et déjà envisager tous les moyens qui, cumulés les uns aux autres, nous permettront d’ouvrir la porte de sortie de notre addiction. Lire ne vous sauvera pas de la boulimie mais, pour ma part, c’est un des éléments importants qui a contribué à m’apaiser au quotidien et à me faire quitter le mode « survie ».

La lecture et une alimentation riche en nutriments ont donc été très aidants pour mieux gérer mes crises, mais pas pour les faire disparaître. Il manquait encore l’ingrédient principal, sur lequel je reviendrai plus tard. Voyant qu’elle ne pouvait pas m’apporter davantage, Véronique a eu l’honnêteté de me rediriger vers une de ses consœurs, Marianne Joie de vivre, qui résidait plus près de chez moi, en Bretagne.

Malgré mes échecs successifs, ou plutôt ce qui me paraissait être des échecs successifs, je tiens à préciser que je n’ai jamais regretté chacune de ses rencontres, qu’il s’agisse de Nicolle ou de Véronique, ni d’avoir suivi leurs conseils. Même si elles n’ont pas été en mesure de me guérir définitivement de mon addiction, chacune à leur façon m’a aidée à avancer. Tour à tour, elles ont semé des graines qui ont poussé au fil des mois, des années et je leur dois une fière chandelle de m’avoir offert leur expertise. Ce n’est pas parce qu’une thérapie ne porte pas ses fruits dans l’instant qu’elle est inutile. Il faut laisser du temps au temps et, surtout, conserver un bon état d’esprit. Se dénigrer, critiquer des personnes qui ont tentées de nous aider, n’est à mes yeux pas la bonne attitude à adopter. Bien souvent, chaque thérapeute apporte sa pierre à l’édifice et aide le patient à se reconstruire petit à petit. Se sentir reconnaissant de ces rencontres élève votre énergie. Et une énergie élevée vous sera toujours profitable face à la maladie, car elle abaisse votre niveau de stress et renforce votre système immunitaire.

Je prends quelques minutes pour vous suggérer ici, vous qui recherchez des solutions concrètes pour votre guérison, de prendre une petite pause. Si vous aimez écrire, je vous invite à noter sur papier toutes les personnes qui vous ont aidé depuis le début de votre parcours de santé. Vous pouvez y ajouter les raisons de votre reconnaissance, ce que vous avez retiré de leurs enseignements ou ce qui vous semble avoir été utile dans votre cheminement. S’il y a des techniques qui ont fonctionné pour vous, n’hésitez pas à les lister pour en prendre bien conscience. Même si vous n’êtes pas encore arrivé au bout de votre chemin, même si vous n’avez pas encore atteint la ligne d’arrivée, peut-être avez-vous déjà franchi quelques étapes grâce à tous ces gens.

Et maintenant, laissez-vous submerger par la gratitude que vous éprouvez en repensant à eux. Inspirez cette force qu’ils vous ont insufflée et expirez les maux dont ils vous ont peut-être libérés.

[1] Juicer : ici, je parle d’un extracteur de jus, pas d’une centrifugeuse. Le premier presse les fibres pour en extraire le jus, sans dénaturer les vitamines. Le second les broie, entraînant une chauffe, ce qui détruit les nutriments intéressants.

[2] « Anastasia » de Vladimir Mégré, saga en 10 tomes qui raconte l’histoire d’une chamane dans la taïga sibérienne.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire Caroline Rousseau (Argent Massif) ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0